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Grand Angle

Visite du chef du Hamas au Maroc : Silence de Tel Aviv, prudence des médias israéliens    

Face à l’absence de réaction du nouveau gouvernement israélien, les médias se sont chargés de commenter la visite et l’accueil accordé par les responsables marocains à Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du mouvement Hamas.

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Le secrétaire général du PJD et chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani, avec Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas. / DR
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En Israël, la visite au Maroc d’Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du mouvement Hamas, n'est évidemment pas passée inaperçue. Face au silence officiel de l’Etat hébreu, les médias israéliens se sont emparés du sujet. Le chef du bureau politique du Hamas est arrivé mercredi au Maroc pour une visite de quatre jours. Après avoir rencontré des responsables politiques de plusieurs partis, dont le PJD, l’Istiqlal et le PAM, Ismaël Haniyeh s’est réuni avec les présidents des deux chambres du Parlement et doit rencontrer d’autres responsables marocains. Hier, le Roi Mohammed VI a même offert un dîner en l’honneur d’Ismaël Haniyeh et de la délégation palestinienne qui l’accompagne.

Un agenda que des médias israéliens ont préféré minimiser. Ainsi, la chaîne israélienne i24news a insisté sur le fait que le déplacement du leader du Hamas au Maroc fait suite à «une invitation partisane, qui n'a rien à voir avec le ministère des Affaires étrangères» du Royaume. Tout en assurant qu’Ismaël Haniyeh n’a pas été reçu par le chef de la diplomatie marocaine, le média a expliqué que «la présence d'un employé du ministère (des Affaires étrangères) n'est pas interprétée comme une représentation officielle du ministère mais plutôt comme un acte normal pour se tenir au courant de ce qui se passe».

Plu factuel, le journal Haaretz a expliqué que le Maroc «considère cette visite comme un moyen d'équilibrer ses relations avec Israël et les Palestiniens, et de démontrer que malgré les relations amicales avec Israël, Rabat soutient toujours les aspirations des Palestiniens à l'indépendance». Le même journal a ajouté qu'«avec les élections législatives de septembre qui approchent, les partis politiques marocains cherchent également à montrer leur soutien aux droits des Palestiniens après les manifestations du mois dernier contre les relations avec Israël».

Un silence officiel à Tel Aviv

«Après que le Hamas ait vivement critiqué le Maroc pour son accord avec les États-Unis et Israël, la visite de Haniyeh vient faire pression pour un soutien plus large après le conflit à Gaza le mois dernier», poursuit le média, en notant que le chef du gouvernement marocain et secrétaire général du PJD «a assuré devant Haniyeh que la consécration de la marocanité du Sahara ne se fera pas au détriment de la cause palestinienne».

De son côté, Times of Israel a mis en lien la visite du chef du mouvement Hamas au Maroc aux félicitations du Roi Mohammed VI au nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett, une preuve selon le journal, de la volonté de Rabat de maintenir ses relations avec les deux parties. Journaliste chargé des affaires arabes à la Société de radiodiffusion publique israélienne (KAN), Roi Kais a, pour sa part, mis l’accent sur l’accueil «chaleureux» accordé par El Othmani à Ismaël Haniyeh, en insistant sur le fait que cette rencontre s’est déroulé «six mois après la reprise des relations» entre Rabat et Tel Aviv.

Toutefois, sur le plan officiel, le nouveau gouvernement reste silencieux sur cette visite. Même son de cloche au bureau de liaison israélien à Rabat, le prolixe diplomate en chef et chargé d’affaire n’a pas encore réagi à ce déplacement et à l’accueil accordé à Haniyeh. David Govrin n'avait pourtant pas hésité à commenter les félicitations adressées par Saadeddine El Othmani au leader du Hamas suite à la victoire à Gaza. Une réaction, communiquée sur son compte Twitter mais vite supprimée, qui lui a valu une salve de critiques par des internautes marocains.

A rappeler que contrairement au Maroc, les Émirats arabes unis et Bahreïn, qui ont également normalisé leurs relations avec l’Etat hébreu l’année dernière, adoptent des positions «hostiles» envers le Hamas. Abou Dhabi a même exigé, via son ministre des Affaires étrangères, que le mouvement soit classé comme une «organisation terroriste».

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