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Grand Angle

Modèle de développement : Benmoussa et les tensions entre «Etat fort» et «société forte» de demain

Tout en réaffirmant que le nouveau modèle place l’humain au cœur du développement, le président de la CSMD a affirmé que les «tensions positives» entre «un Etat démocratique fort dans ses rôles» et une «société forte et mobilisée» constituent «l’essence de ce Maroc que nous cherchons».

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Chakib Benmoussa, président de la CSMD lors de la présentation du NMD aux ambassadeurs et représentants d'organisations accrédités au Maroc ce mardi. / DR
Chakib Benmoussa, président de la CSMD lors de la présentation du NMD aux ambassadeurs et représentants d'organisations accrédités au Maroc ce mardi. / DR

Le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) a présenté, ce mardi, les grandes lignes du rapport sur le modèle de développement (NMD) aux ambassadeurs et représentants des organisations internationales accrédités au Maroc. Devant les ambassadeurs, consuls et représentants, Chakib Benmoussa a ainsi exposé la démarche de la CSMD et sa mission principale, à savoir de «partir d’un diagnostic franc sur les acquis et les insuffisances pour fixer le cap d’un Maroc de demain».

«Le défi était d’articuler toutes les composantes pour que les recommandations puissent constituer un modèle et convergent vers sa réalisation», a-t-il expliqué en rappelant que la Commission a mobilisé «l’intelligence collective», à travers des rencontres citoyennes avec près de 1 000 heures d’écoutes. Cette phase a été suivie par une étape de restitution, avant la présentation du rapport sur le nouveau modèle et interagir dessus. Mettant en avant le travail au sein même de la commission, Chakib Benmoussa a fait savoir que les propositions de celle-ci ont été «mises à l’épreuve» pour «s’assumer» en termes de faisabilité pour la transformation et «identifier» les moyens de sa mise en œuvre. «Nous nous sommes arrêtés sur les raisons d’être», a-t-il dit, en insistant sur le fait que les attentes et les aspirations nouvelles des Marocains et des questions comme l’inégalité sociale et territoriale «qui handicapent le développement», ont été au menu.

Un modèle «alliant résilience et agilité»

«Nous étions conscients que le Maroc est en train de changer, d’où la nécessité d’anticiper», a-t-il ajouté, en estimant que la conclusion essentielle tirée était que le royaume se trouve dans une étape «qui impose que le changement devient une réalité». Dans ce sens, le travail a été mené de façon à ce que ce cap «représente le résultat de ce qu’est le Maroc», le tout en veillant à «répondre aux attentes des Marocains». De plus, les écoutes et les interactions avec les Marocains ont permis de «placer le citoyen au cœur des choix», a poursuivi le président de la CSMD en détaillant les approches économique et multidimensionnelle adoptées. «L’ambition a été de conforter l’ouverture du Maroc sur le monde. Une ouverture économique à travers des partenariats devant accélérer la croissance mais aussi en termes de contributions à des questions multilatérales», a déclaré le responsable.

«Il s’agit d’une approche qui met l’accent sur une ambition réalisable mais qui met aussi l’accent sur le comment et insiste sur le chemin avec des chiffres afin que ces objectifs puissent être atteints, le tout dans un modèle alliant résilience et agilité dans son cheminement.»

Chakib Benmoussa

Tout en rappelant les paris d’avenir dans les domaines stratégiques prônés par la CSMD, «un Maroc prospère, inclusif, durable et audacieux», son président a insisté sur les piliers de ce modèle, à savoir «un Etat démocratique fort dans ses rôles» et une «société nouvelle, forte, mobilisée et responsable». Pour lui, ce sont les «tensions positives» entre ces deux piliers qui représentent «l’essence de ce Maroc que nous cherchons». Et dans cette configuration, un cadre de confiance et de responsabilité, qui renvoie à des principes de gouvernance générale dont la bonne combinaison entre démocratie représentative et démocratie participative» s’avère comme conditions de réalisation de ce modèle.

La monarchie et le dialogue entre le court, le moyen et le long terme

Reconnaissant que l’action a été mise sur la «transformation structurelle» de l’économie pour «des emplois stables et décents», en modernisant l’économie, en la diversifiant, en montant en gamme et en renforçant la compétitivité, Chakib Benmoussa a assuré que le capital humain est un élément central de ce modèle, à travers l’éduction, la formation, la santé, la généralisation d’accès aux services de bases et le parcours de soin mais également en recommandant d’accorder l’intérêt aux catégories vulnérables.

Après avoir exposé les paris d’avenir pour ce qui est de l’investissement et des partenariats, le président de la CSMD a évoqué le Pacte pour le développement, en insistant sur le fait qu’il est «conçu non pas pour sensibiliser les acteurs mais pour constituer un socle commun qui permettrait de gagner en cohérence, en convergence des actions et en rythme de changement». Une explication qui sonne comme une réponse aux observateurs accusant la Commission d'avoir marginalisé les partis politiques.

Pour sa part, Saadia Slaoui Bennani, qui a exposé les principales actions pour «faire rayonner le Made in Morocco», a rappelé que des concepts et mécanismes de gouvernance au niveau local, national et aux plus hautes sphères de l’Etat ont été définis pour s’assurer de la mise en œuvre du nouveau modèle de développement. «Ainsi au niveau du chef du gouvernement, une "unit" sera chargée de l’approche globale et transverse de la mise en œuvre de ce modèle et déployer des approches de ministère par ministère», a-t-elle dit, en expliquant que la CSMD propose aussi, dans ce modèle, une «"Transformation Unit" au niveau du Roi pour s’assurer de la cohérence globale de ce modèle sur le long terme».

«Nous avons la grande chance d’avoir une monarchie qui nous permet d’avoir une vision sur le long terme. Ce dialogue entre le court, le moyen et le long terme est donc possible dans notre pays.»

Saadia Slaoui Bennani

La membre de la CSMD a reconnu que «la transformation des hommes est un chemin difficile» tandis que «tout ce qui est technique est faisable». Elle a assuré que le modèle insiste sur «la conduite du changement et comment le conduire au niveau de l’administration et au niveau des citoyens de manière à pouvoir changer la perception, la représentation que nous avons de l’Etat, des entreprises, du citoyen pour pouvoir construire ensemble ce nouveau chemin».

Article modifié le 15/06/2021 à 22h58

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