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Grand Angle  

Crise maroco-espagnole : Prise de bec entre Sanchez et Bourita

Succession de communiqués et réactions entre Rabat et Madrid. La diplomatie marocaine répond au chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, qui réagissait à la Déclaration du ministère des Affaires étrangères, parue ce lundi, sur la crise diplomatique entre les deux Etats voisins.

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Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez lors d'un point de presse . / EFE
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La crise se corse entre le Maroc et l’Espagne, dont les responsables se sont engagés, ce lundi, dans une prise de bec, suite à la déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères. Ainsi, ce dernier a rapidement réagi aux déclarations du chef du gouvernement espagnol, tenues aujourd’hui, et qui commentait les explications du Royaume de la crise l’opposant à l’Espagne. Tout en rappelant que le Royaume «n’a pas l’habitude de s’engager dans des polémiques au sujet des déclarations de hauts responsables de pays étrangers», un communiqué souligne que «le commentaire de ce jour de Monsieur le Président du Gouvernement espagnol suscite une grande surprise et appelle à précisions». 

Le ministère des Affaires étrangères indique qu’«on ne sait pas à quelle déclaration marocaine Monsieur le Président du Gouvernement espagnol se réfère», ajoutant que «toutes les dernières déclarations de responsables diplomatiques marocains, y compris le ministre, l’Ambassadeur de Sa Majesté à Madrid et le Directeur Général, n’évoquent aucunement la question migratoire».

«La déclaration de ce jour du ministère des Affaires étrangères, largement reprise, du reste, par les médias espagnols, n’aborde que brièvement la question migratoire, et justement pour rappeler la bonne coopération. Il est donc légitime de se demander si Monsieur le Président du Gouvernement espagnol a bien lu les différentes déclarations inhérentes à cette crise et en particulier celle d’aujourd’hui», poursuit le communiqué.

Ce dernier ne manque pas de souligner par ailleurs que «ce n’est pas aux responsables étrangers de définir quel ministre marocain doit parler de quels sujets». «Au Maroc, la gestion de la crise concerne plusieurs institutions et départements étatiques, dont le ministère des Affaires étrangères qui ne fait que porter, dans le cadre de ses attributions, la position nationale, aux niveaux diplomatique et médiatique», rappelle-t-on.

«Le Maroc a souligné à plusieurs reprises que la crise bilatérale n’est pas liée à la question migratoire. La genèse et les raisons profondes de la crise sont désormais bien connues, notamment de l’opinion publique espagnole. Évoquer la migration ne doit pas être un prétexte pour détourner l’attention des véritables causes de la crise bilatérale.»

Ministère des Affaires étrangères

Pedro Sánchez «rejette ouvertement» la déclaration de la diplomatie marocaine

Avant cela, le gouvernement espagnol avait réagi à la déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères sur la crise entre Rabat et Madrid. Sur un ton ferme, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a ainsi «ouvertement rejeté» le premier communiqué de la diplomatie marocaine, qui a expliqué que cette crise n'a pas commencé avec l'arrivée du chef du Front Polisario en Espagne et ne se terminera pas avec son départ.

«Si ce qui est dit le ministre marocain des Affaires étrangères est vrai, c'est qu'il a eu recours à l'immigration, c'est-à-dire à l'assaut des frontières espagnoles par plus de 10 000 Marocains en 48 heures, en raison de désaccords en politique étrangère», a lancé le chef de l’exécutif espagnol lors de la conférence de presse après le sommet bilatéral entre la Pologne et l'Espagne à Alcalá de Henares (Madrid), rapporte El Pais. «Pour moi, je trouve cela inacceptable et je rejette cette déclaration», a souligné Pedro Sánchez.  «Cela est inadmissible de dire que les frontières ont été attaquées en raison de désaccords, de différences et de divergences sur la politique étrangère», a-t-il insisté.

«Il est important de véhiculer une attitude constructive avec le Maroc, sans aucun doute, mais de rappeler que le voisinage et la nécessaire relation bilatérale entre les deux pays doivent être fondés sur le respect et sur la confiance. Ce respect et cette confiance ne se construisent pas si l'on dit que les frontières ne sont pas respectées en raison d'un désaccord en politique étrangère.»

Pedro Sánchez

Sánchez a toutefois insisté sur l'importance des relations bilatérales entre l'Espagne et le Maroc. «L'Espagne conçoit ses relations avec le Maroc d'un point de vue stratégique. Le Maroc ne peut oublier qu'il n'a ni plus grand ni meilleur allié au sein de l'UE que l'Espagne. Pour beaucoup de ses revendications, l'Espagne est sans aucun doute un interlocuteur privilégié, nécessaire et essentiel pour le Maroc au sein de l'Union européenne», a-t-il précisé.

Article modifié le 31/05/2021 à 19h53

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