Les associations démocratiques issues de l’immigration marocaine appartenant au réseau IDD (Immigration Développement Démocratie) brisent le silence pour dénoncer les «propos insultants, diffamatoires, irrespectueux, humiliants», le «torrent d’injures à l’adresse des Associations-MRE» ainsi que «le manque de recul» du directeur du CCME, Driss Ajbali, ont-elles fait savoir dans un appel de 22 ONG de France, Belgique, Espagne et des Pays-bas. «Les mots choisis, la haine versée dans les lignes, le registre de langue adopté, irrespectueux et diffamatoire, ne laissent planer le moindre doute quant à la volonté de nuire à leur auteur», ajoute le Collectif Associatif International Almohagir (CAI-Almohagir), dans sa lettre adressée au premier ministre Abdelilah Benkirane.
Pour rappel, le directeur du CCME a réagi à un article de Yabiladi révélant la possible existence d’une caisse noire au sein de l’organisation. Un secret très bien gardé jusqu’à ce qu’une fausse manipulation ou un piratage électronique, divulgue l’information via un mail. Après la rédaction de notre article, Driss Ajbali a réagi dans une interview accordée au journal satirique Le Canard libéré, en attaquant personnellement notre journaliste et en proférant des injures à l’endroit des associations MRE.
Les MRE sont des personnes dignes
«Les MRE ne sont pas une serpillère avec laquelle un membre du CCME, de surcroît généreusement rémunéré avec un statut de «directeur», éponge sa bile et nettoie ses frustrations chaque fois que la question des droits civiques et de la citoyenneté est soulevée par ou pour les MRE», souligne CAI-Almohagir dans sa lettre. «Les MRE et leurs ONG ne sont pas, non plus, des faire-valoir condamnés à assister à la 'déchéance morale et éthique' d’une institution, le CCME, qui leur est dédiée. Ils n’acceptent pas la fatalité (main basse sur le CCME) et refusent de voir cette institution discréditée par les agissements de l’un de ses membres», ajoute l’association.
Les réactions de ces ONG ne sont pas les premières concernant cette affaire. Il y a à peine deux semaines, Cap Sud MRE, une association d’entrepreneurs MRE, a réclamé la démission de Driss Ajbali. Le scénariste franco-marocain Mohamed Razane, quant à lui, s’est rendu compte que le directeur du CCME «manque cruellement de diplomatie». De ce fait, «la fonction qu’il occupe n’est alors pas la plus indiquée, elle nécessite diplomatie, sens de l’écoute et de la communication». Même un membre du CCME, Abdou Menebhi, a demandé au président de l’organisation de prendre ses responsabilités pour mettre fin à ces agressions verbales et ces polémiques incessantes, reconnaissant que M. Ajbali a l’habitude de s’en prendre méchamment aux associations MRE.
Benkirane doit réagit… maintenant
Pour tous ces MRE et militants associatifs, «trop c’est trop !». L’heure est, selon eux, à l’action pour mettre fin à ce genre de comportement, qui d’ailleurs, soulignent-elles, s’est déjà répété à plusieurs reprises sans aucune réaction de leur part. Dans sa lettre adressée au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, le Collectif Associatif International Almohagir, énumère quatre principales requêtes.
----Extrait de la lettre------
Monsieur, [….]
- Les MRE vous demandent de leur rendre justice, en réparant l’affront qu’ils viennent de subir. Votre gouvernement qui place la justice en tête de ses priorités ne peut objectivement ignorer cette requête ;
- Pour mettre un terme à toutes ces dérives et rumeurs qui prolifèrent au sujet de la gestion budgétaire et humaine du CCME, les MRE vous demandent de diligenter un audit pour évaluer le travail qui a été fait durant les 4 années écoulées. Votre gouvernement qui élève la transparence au rang des valeurs supérieures, est donc appelé à joindre l’acte à la parole;
- Votre gouvernement s‘est engagé à donner corps et vie aux principes d’égalité, de citoyenneté, de proximité, de démocratie, notre Collectif associatif, et au-delà, tous les MRE, attendent de vous une concrétisation effective des droits que leur accorde la Constitution de 2011, en premier, les articles 16,17 et 18.
- Les ONG-MRE, qui ont tant milité pour la création du CCME, pour plus de considération pour notre communauté et pour plus de démocratie pour notre pays, attendent de votre gouvernement des décisions claires, précisant l’objet et le sens de l’article 163, dans le but de mettre de l’ordre dans cette institution, de définir les modalités de sa constitution et de fonctionnement et de lui conférer des missions réellement proches des attentes et aspirations des MRE en confiance et en concertation avec eux.
------------------
Il ne reste plus qu’à attendre maintenant la réaction du chef du gouvernement interpellé en personne. Affaire à suivre...