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Grand Angle  

Maroc-Espagne : L’exode de milliers de Marocains à Ceuta, conséquence de l’accueil de Brahim Ghali ?

Situation migratoire inédite, Ceuta est en état d'alerte. Des milliers de Marocains entrent à la nage dans l'enclave espagnole. Le Parti populaire et Vox se sont saisis de cette affaire alors que la ministre des Affaires étrangères  et son collègue à l’Intérieur observent le silence.

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Le Maroc a-t-il levé le pied sur le contrôle de l’émigration irrégulière vers Ceuta ? C’est la thèse de certains politiques espagnols mais aussi des associatifs au Maroc commentant les arrivées massives de milliers de personnes à la nage, enregistrées ce lundi 17 mai. «Un bilan fait état de 3 000 Marocains dont plus de 700 mineurs, mais ces chiffres sont appelés à être réévalués à la hausse dans les heures à venir», nous confie Mohamed Said Soussi de l’Observatoire des Droits de l’Homme du Nord. «Les jeunes qui ont effectué la traversée sont tous des Marocains, originaires de Fnideq et d’autres villes du royaume. C’est une arme de pression entre les mains du Maroc dans ses relations avec l'Union européenne et l'Espagne», précise-t-il dans des déclarations à Yabiladi.

Face à ce développement d’ «une extrême gravité», le président de la ville, Juan Vivas, a écourté sa visite à Séville, où il a pris part ce matin à un forum. De son côté, la déléguée du gouvernement à Ceuta a convoqué une réunion d'urgence, pour ce soir, en vue de prendre les mesures qui s’imposent, rapporte El Faro de Ceuta. Les militaires ont été mobilisés pour prêter main forte aux forces de l'ordre.

Car «les forces de sécurité (espagnoles) sont débordées. C'est du jamais vu», constate la même publication. Depuis, les yeux sont rivés vers le Maroc, accusé de «ne rien entreprendre» pour freiner ces entrées irrégulières, enregistrées vers deux heures du matin ce lundi 17 mai avec l’arrivée d’une centaine de Marocains. Le phénomène a pris de l’ampleur tout au long de la journée pour atteindre le chiffre de 5 000 personnes (dont environ 1 500 mineurs) dénombrées par les autorités de la ville.

La droite demande la démission du ministre de l'Intérieur

Europa Press a révélé que la Délégation du gouvernement à Ceuta a informé les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de cette surprenante vague de migration. Et d’ajouter que les deux membres du gouvernement «ont établi des contacts avec les autorités marocaines pour la coordination d’une réponse». Une version que la cheffe de la diplomatie, Arancha Gonzalez, a balayé d’un revers de main, affirmant dans une réponse laconique à une question sur le sujet que ses services ne sont pas au courant des arrivées de Marocains à Ceuta.

Face à cet embarras manifeste du gouvernement de coalition de gauche, l’opposition de droite s’est saisie de ce dossier. Le Parti populaire a réitéré son appel au ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de «présenter sa démission». «Il est devenu le meilleur allié des mafias qui trafiquent avec les gens. Il n’a rien fait lors de la crise migratoire aux Iles Canaries et n'a pas l'intention de faire quoi que ce soit pour Ceuta», a dénoncé la secrétaire adjointe du PP chargée de l'organisation du parti, Ana Beltrán, rapporte Europa Press. La formation de Pablo Casado a demandé «des explications» à l’exécutif conduit par Pedro Sanchez.

Fidèle à son habitude, Vox s'est emparé de l'affaire pour condamner une opération de «chantage» de la part du «voisin et ennemi marocain». Le parti d’extrême droite, par la voix de sa section à Ceuta, y voit une mesure de «représailles» contre l’hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne. La presse ibérique n’a pas manqué de rappeler que le ministère marocain des Affaires étrangères a averti, dans son communiqué du 8 mai, que le royaume «tirera les conséquences» de la décision de Madrid d’accueillir le chef du Polisario dans un hôpital à Logroño.

Le chef du parti d'extrême droite, Santiago Abascal, a annoncé sur Twitter qu'il se déplacera ce mardi à Ceuta et a exigé «le déploiement de l'armée et l'expulsion des envahisseurs» pour faire face à «une situation hors de contrôle».

Même inquiétude à Melilla. Les autorités de la ville voisine de Nador redoutent de vivre le même scénario avec les Subsahariens.

Article modifié le 18/05/2021 à 01h09

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