Communiqué de la famille de Mehdi Ben Barka après la diffusion de l’émission « Chahid »

Il est regrettable que le traitement d’un sujet de cette portée symbolique et qui touche une période cruciale de notre histoire ait fait appel à un pseudo-historien, un pseudo-chercheur, mais un vrai profiteur qui a fait de l’image de Mehdi Ben Barka son fond de commerce, s’accaparant et utilisant abusivement les documents familiaux. Cette démarche de la RTM relève beaucoup plus de l’à-peu-près journalistique que de la véritable investigation, sans l’approche rigoureuse et l’honnêteté intellectuelle que méritent la vie et l’action d’une personnalité de la dimension nationale et internationale que fut Mehdi Ben Barka.

Il est dommage que des historiens, des chercheurs universitaires, des acteurs et des témoins de cette période de notre histoire, encore vivants, n’aient pas été sollicités. Les biographes de mon père, ceux qui ont travaillé avec lui ou l’ont côtoyé en cette période n’ont pas été invités à s’exprimer. Le niveau de l’émission en aurait été rehaussé et notre mémoire collective enrichie.

Il est inadmissible qu’une intolérable censure ait été exercée à l’encontre de mes propos par les responsables de l’émission. La partie de mon intervention consacrée aux responsabilités politiques marocaines à l’origine de l’enlèvement et de l’assassinat de mon père a été purement et simplement coupée. Ma proposition d’une actualisation de mon interview sur les derniers développements de la recherche de la vérité sur le sort de mon père n’a pas été prise en considération. Ainsi, le téléspectateur marocain va continuer d’ignorer que des mandats d’arrêts internationaux sont lancés contre des responsables sécuritaires marocains ou que les autorités politiques et judiciaires marocaines refusent de lever les obstacles face à l’action de la justice.

Il est intolérable qu’une émission de la télévision marocaine consacrée à l’histoire du Maroc contribue ainsi à la désinformation du public, réécrivant l’histoire dans le sens de la déculpabilisation des véritables responsables, au mépris de la vérité historique, offensant notre mémoire collective.