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Grand Angle  

Covid-19 : Quarantaine obligatoire pour les MRE venus au Maroc pour des obsèques

Venus au Maroc pour quelques jours de deuil, une naissance, ou s’étant déplacés à l’étranger pour des raisons professionnelles, nombre de voyageurs arrivés à Casablanca il y a près d’une semaine se sont retrouvés bloqués dans un hôtel. Censé être un confinement sanitaire, ce séjour s’est transformé en cauchemar.

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Photo d'illustration / DR.
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Avec la crise sanitaire, les déplacements internationaux sont devenus un véritable casse-tête. Si beaucoup renonce ou préfère reporter les voyages, certaines situations impérieuses ne laissent guère le choix. Inhumer un parent, assister à la naissance de son enfant ou pour rejoindre son enfant, après un voyage professionnel, sont les motifs concernant de nombreux voyageurs marocains d’ici et d’ailleurs, arrivés à Casablanca il y a près d’une semaine.

A leur atterrissage à l’aéroport Mohammed V, les voyageurs venus de différents pays nous ont raconté avoir été mis de côté pour subir un nouveau test PCR. Tous négatifs, selon eux, ils ont été surpris de se voir contraints de séjourner dans un hôtel proche de l’aéroport, en guise de confinement sanitaire avant de continuer leur séjour ou rejoindre leurs domiciles. En revanche, ce qui devait être un isolement préventif contre la propagation du nouveau coronavirus s’est rapidement avéré défaillant, vécu ainsi «comme une punition» par certains arrivants.

C’est le cas de Khadija*, mère d’une enfant en bas âge qu’elle élève seule et dont elle a été contrainte de se séparer pendant les six jours passés à l’hôtel. «Ma fille est chez des connaissances et je devais la retrouver deux ou trois jours plus tard, le temps de mon retour d’un déplacement professionnel rapide. Sauf que je ne l’ai pas vue pendant six jours, au cours desquels elle n’a pas pu aller à l’école», déplore la jeune maman auprès de Yabiladi.

Une séparation des enfants et des proches

En plus de cette séparation qui laisse Khadija préoccupée par sa fille, la jeune femme raconte son calvaire pour se rendre au pays de destination, puis les escales dans trois pays avant de pouvoir regagner le Maroc. «Bien entendu, je faisais à chaque escale un test PCR qui s’avérait négatif. Mais arrivée à l’aéroport de Casablanca, les autres passagers et moi pensions que nous allions rentrer chez nous après un nouveau test négatif, mais nous avons été surpris de voir que nous devions nous diriger vers l’hôtel», raconte-t-elle.

«Nous avons été tenus de signer une acceptation de séjour de 10 jours pour un confinement à l’hôtel, à payer cash à nos frais et sans mesures sanitaires conséquentes.»

En effet, Khadija décrit avoir reçu des visites extérieures, à l’image des autres «confinés». «Nous rencontrions aussi les autres clients de l’établissement et nous n’étions pas isolés», souligne-t-elle, indiquant que les mesures de confinement ne s’appliquaient pas non plus au cours des repas. Diagnostiquée cardiaque, Khadija a dû aussi faire sans ses médicaments pendant son séjour à l’hôtel. «J’avais emmené avec moi juste le nombre de prises de médicaments qu’il me fallait et je me suis retrouvée sans pour le restant du séjour à l’hôtel où je dormais très peu», nous déclare-t-elle.

Le seul contact avec le monde extérieur consistait en effet à des visites d’amis, qui ramenaient aussi des repas partagés avec les autres voyageurs restés à l’hôtel. «Ceci est sans compter les frais des escales : J’ai été prise en charge par mon employeur mais tout le monde n’avait pas les moyens de payer une telle somme, surtout que la plupart des gens arrivés ici sont venus pour quelques jours seulement, principalement pour des funérailles», nous explique Khadija.

Des Marocains du monde confinés en plein deuil

C’est le cas de Salaheddine, un Marocain résident en France et venu au Maroc pour quelques jours pour les funérailles de son père. La dépouille de ce dernier a pu être rapatriée, mais le MRE raconte avoir dû séjourner à l’hôtel jusqu'à ce mercredi, avec ses deux autres frères, après son arrivée à l’aéroport Mohammed V, ratant de ce fait l’inhumation. «Les choses nous ont été facilitées pour le rapatriement funéraire, mais c’est au tout dernier moment que nous avons été bloqués», regrette-t-il, ajoutant avoir essayé de proposer plusieurs solutions aux autorités locales et sanitaires, sans parvenir à obtenir un accord pour sortir à temps, malgré ses nombreux tests PCR négatifs.

Salaheddine décrit également la situation d’autres familles MRE confinées à l’hôtel et qui n’ont pas pu faire un dernier au revoir à leurs proches défunts. C'est le cas d'une maman venue inhumer son fils de 13 ans au Maroc, pays où le jeune garçon rêvait de revenir vivre définitivement. «Tout s’est joué en quelques heures entre son test PCR, qui s’est avéré négatif, et l’enterrement qui a finalement eu lieu avant qu’elle ne puisse s’y rendre», nous raconte le Franco-marocain.

A défaut d'avoir pu assister à l'enterrement de son fils, la maman a dû se consoler avec les quelques minutes passées avec son fils dans son cercueil à l'aéroport, seul geste accordé par la autorités. «Nous avons prié des responsables venus sur place pour que la maman sorte au lieu de moi et mes frères, en avançant son dernier test PCR, mais il était déjà trop tard lorsque les résultats sont tombés», se souvient Salaheddine. Comme lui, Khadija a assisté à la scène poignante et émouvante où la MRE s’est recueillie sur la dépouille de son enfant, pour une dernière fois. Elle décrit un «côté irréel de la situation» que tous les voyageurs ont traversée lors de leur séjour à l’hôtel.

Article modifié le 06/05/2021 à 16h54

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