Un service dédié à l’habitat menaçant ruine verra bientôt le jour au Maroc, a annoncé le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville, rapporte l’Economiste dans son édition de ce mardi. L’objectif est de contrôler la régularité des constructions ainsi que des délais de préavis adressés aux habitants pour quitter les constructions menaçant ruine. Sachant que «l’intervention de la force publique ne sera pas exclue en cas de refus des ménages concernés de quitter leur domicile». Selon les données du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville, 144 000 ménages sont concernés.
Cette mesure arrive juste après l’effondrement d’une maison de quatre étages dans l’ancienne médina de Casablanca où cinq personnes ont trouvé la mort. Un incident dont la responsabilité ne pouvait précisément être endossé par aucun agent du ministère, vu que le contrôle est «éparpillé entre divers intervenants (agence urbaine, commune, conseil communal,…)», note Fatna Chihab, responsable de la direction Habitat social au ministère de tutelle. Raison pour laquelle l’enjeu pour le service nouvellement créé est de parer au plus urgent tout en délimitant les responsabilités.
Encore une réaction tardive
Ce n’est pas le premier incident de ce genre au Maroc et force est de constater que le gouvernement réagit toujours quand le mal est déjà fait. En 2010, le minaret d’une mosquée s’était effondré à Meknès faisant 41 morts et 75 blessés. Ce drame avait considérablement secoué le pays. Après une étude commandée par le souverain, le ministre des Habous et des Affaires islamiques de l’époque avait procédé à la fermeture de 1256 mosquées à travers le royaume. Mais, le Maroc compte encore de nombreuses habitations à haut risque occupées par des centaines de milliers de familles. «25 à 30% des ménages urbains habitent des quartiers pauvres et sous-équipés. Près de 13% d’entre elles vivent dans des logements insalubres, soit un total de 556 000 ménages dont 170 000 résident dans les bidonvilles», révèlent les statistiques du ministère de l’Habitat qui soulèvent également le problème des constructions clandestines au nombre de 242 000.
Toutefois, quand le ministère envisage d'utiliser la force pour déloger les familles qui s’opposeraient à quitter les logements à haut risque, la question est de savoir s'il mettra à disposition des logements de substitution, étant donné que la majorité de ceux qui vivent dans ces conditions ultra précaires sont les plus démunis. De plus, comme le révélait récemment le bilan du plan «Villes sans bidonvilles», ceux qui sont expulsés des bidonvilles sont parfois contraints d'en habiter d'autres. Yabiladi a tenté de joindre le ministère en journée pour y apporter un élément de réponse, mais sans succès. Affaire à suivre.