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Grand Angle

« Les Chevaux de Dieu » : le film sur les kamikazes de Casablanca fait un tabac à Cannes

«Les Chevaux de Dieu», film réalisé par le franco-marocain Nabil Ayouch, a reçu une véritable standing ovation lors de sa première au Festival de Cannes ce samedi. Racontant l’embrigadement par des salafistes de deux jeunes adolescents du bidonville de Sidi Moumen à Casablanca, le film se sert de la trame historique de ses personnages pour reconstituer le fil des évènements qui ont conduit aux attentats du 16 mai 2003. Entre fiction intimiste et enquête psychosociale, retour sur un film qui va certainement exploser l’écran. 

Publié
La première du film "Les Chevaux de Dieu" de Nabil Ayouch a été acclamée au Festival de Cannes
Temps de lecture: 3'

Présentée en première à la section «Un Autre Regard » du Festival de Cannes ce samedi, le film «Les Chevaux de Dieu» du réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch a reçu une véritable ovation de la part du public et de la presse présents dans la salle. Narrant l’embrigadement idéologique de deux jeunes frères du bidonville de Sidi Moumen à Casablanca, un embrigadement qui les conduira à commettre l’un de ces cinq actes terroristes qui ont ensanglantés la ville le 16 mai 2003, le film confond adroitement fiction narrative et enquête psychosociale.  

Une fiction intimiste qui narre l’histoire de «petits destins qui basculent»

A l’instar de «Slumdog Millionaire» de Danny Boyle, le film de Nabil Ayouch décrit avec un réalisme cru, la vie des adolescents des bidonvilles. L’histoire narrée ici est celle de deux jeunes adolescents, deux frères, Yassine (10 ans) et Hamid (13 ans), que les circonstances et les vicissitudes de la vie vont conduire à se muer en véritables bombes humaines. Mais à la différence du réalisateur britannique, le franco-marocain ne signe pas là une œuvre purement fictionnelle puisque «les Chevaux de Dieu» se sert de l’histoire de ces deux protagonistes pour reconstituer le fil des évènements qui ont conduit aux attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Une narration rétrospective sur fond d’enquête psychosociale en somme.

«Mon envie, c'était de raconter dans ce film, la complexité des raisons qui font qu'à un moment, un gamin de 10 ans, au fur et à mesure que son histoire se déroule, peut en arriver à devenir kamikaze et à se faire sauter au milieu de victimes innocentes. Il n'y a pas qu'une raison» explique le cinéaste marocain à la chaine rtbf.  

Et d'ajouter : "Je voulais, avant tout, parler de ces parcours de vie, ces relations de famille, d'amours déçus, qui forgent un individu et qui à un moment de sa vie, par un accident de parcours, se retrouve embrigadé".

L’histoire de deux frères que la vie n’a pas épargnés

Du tohu-bohu de parties de football improvisées à l’injustice, au vol et au viol auxquels ils doivent faire face, le film de Nabil Ayouch décrit le quotidien de jeunes gens que la vie ne va pas épargner.

D’un côté, le timide Yassine est épris d’une jeune fille que son statut social, couplé à son indigence pécuniaire, rendent absolument inaccessible; de l’autre, Hamid, son grand-frère, condamné à de la prison pour avoir défié une personnalité locale, en sort totalement transformé après avoir rencontré des islamistes. Convaincu d’avoir trouvé la voie, il entraine dans son sillage son jeune frère et ses amis d’enfance.

Le film montre comment l’étau idéologique va progressivement se resserrer sur ces jeunes, au point de les conduire insidieusement à se faire exploser au nom d’Allah, le 16 mai 2003.   

Un film sur fond d’enquête psychosociale

Dans sa fiction, Ayouch s’est efforcé de rester au plus près de la réalité des faits. C’est ainsi que 90% des acteurs de son casting  – incluant les deux protagonistes principaux – sont des non-professionnels issus du bidonville de Sidi Moumen à Casablanca ; lieu où a également été tourné la majorité du film.

Le casting a d’ailleurs été très long. «Je ne voulais pas d'acteurs professionnels pour faire ce film car je voulais cette part de réalisme, de naturalisme, et de vérité chez chacun de ces comédiens de la vie» explique Ayouch .

Longues ont également été les études préliminaires et enquêtes de terrain qui ont précédé le tournage du film. En plus des lectures, le cinéaste marocain s’est livré à un véritable travail d’investigation avec «des chercheurs, des sociologues, des anthropologues qui ont travaillé sur l'islamisme radical et son arrivée au Maroc».

L’objectif du film était de «restituer avec réalisme la façon dont l'Islam politique étend son emprise sur ces bidonvilles» souligne Ayouch. Un objectif réussi puisque «Les Chevaux de Dieu» démontre efficacement comment lorsque le non-accès à l'éducation des jeunes se couple à l’éclatement de la structure familiale, tous les ingrédients sont réunis pour un cocktail Islamiste des plus détonants.  

Extrait du film Les chevaux de Dieu

Enfin un film sur le Maroc
Auteur : moba86
Date : le 23 mai 2012 à 15h05
Un film à voir.
bouleversant et magistral
Auteur : francomarocophile
Date : le 22 mai 2012 à 10h58
J'ai assisté à la projection du film, les spectateurs sont sortis bouleversés. Le film est magistral, les dialogues sont crus, parfois choquants mais on découvre une réalité du Maroc qu'on ne connaissait pas . les acteurs sont extraordinaires (surtout qu'il s'agit de non professionnel) et en partuculier Hamid adulte avec son regard captivant.
Dernière modification le 22/05/2012 11:00
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