Menu

Interview

Extradition de Richard Robert : L'émir aux yeux bleus, un agent double ? [Interview]

Driss Ganbouri est spécialiste des mouvements islamistes. C’est l’auteur du livre «Un Salafiste français au Maroc : le voyage errant d’un émir de Pechawar à Tanger», fruit d’une série d’entretiens avec Richard Robert. Sur cette interview, Ganbouri revient sur l’extradition de l’émir aux yeux bleus, sa relation avec les autres détenus salafistes, sa tactique pour rentrer en France et les sur les relations présumés de Rabert avec les services secrets français.

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

Yabiladi : Neuf ans après sa condamnation à perpétuité, Richard Robert est extradé vers la France, pourquoi maintenant ?

DG : L’extradition de Richard Robert entre dans le cadre de la convention franco-marocaine du 10 août 1981 sur le transfèrement des personnes condamnées des deux pays. L’avocat et la famille de Robert, résidente à Saint Etienne, avaient présenté, en 2006, une requête en ce sens. Maintenant qu’il est en France, la question qui se pose est de savoir s’il va passer la totalité de sa peine c’est à dire la perpétuité ou est-ce qu’il y aura un allègement voire même une libération.

L’arrivée des socialistes au pouvoir est un élément qui aurait favorisé le transfèrement de Robert, un geste de bonne volonté de la part des autorités française au nouveau locataire du palais de l’Elysée

Richard Robert était-il, réellement, un agent des services secrets français ?

Je ne pourrais ni affirmer ni infirmer ces informations. Il n’y a que trois intervenants qui détiennent réellement la réponse à cette question : les services secrets français, marocains et Richard Robert lui même.

Dans mon livre «Un Salafiste français au Maroc : le voyage errant d’un émir de Pechawar à Tanger», une série de dialogue avec Robert, j’ai évoqué ses déclarations au tribunal faisant état de ses liens présumés avec les renseignements français, chose qu’avait fortement démenti ces-derniers, ultérieurement.

Robert avait, également, parlé d’un ressortissant français appelé «Luc» qu’il aurait rencontré en 1998, avant la coupe du monde de cette année, et qu’il lui aurait demandé d’infiltrer les milieux islamistes algériens en France et en Belgique en échange de rémunérations.

Tous ses dires sont à prendre avec une extrême précaution. Et pour cause, lorsque les juges lui ont demandé si les services secrets français étaient au courant de son voyage au Maroc, il avait refusé de répondre à la question sous prétexte qu’il ne pourrait violer un secret défense.

Au lendemain des attentats du 16 mai 2003, c’était difficile de reconnaître que Richard Robert était réellement un agent double, ça aurait nui aux relations entre Paris et Rabat.  Et il se pourrait, aussi, qu’il avait juste brandi  cette carte uniquement pour contraindre les autorités françaises à lui en venir en aide et le protéger.  

Dans votre livre sur Richard Robert vous avez évoqué qu’en prison, il avait opéré une révision de ses idées ? Quelle était sa relation avec les autres détenus islamistes ?

C’est vrai. Des changements, qu’il a, d’ailleurs, lui même reconnus lors de nos réunions. Au début, il a commencé par s’éloigner des autres détenus salafistes, un message qu’il voulait adresser à la direction de la prison de Salé qu’il n’était plus un intégriste, puis il a augmenté la cadence avec la cigarette pour consacrer la rupture avec ses anciens camarades. Il savait que de nombreux salafistes estimaient que fumer est illicite. En 2009, il a renoncé à la religion musulmane et a clamé son retour au christianisme catholique. Est-ce une simple tactique ou une réelle volonté de sa part de renouer avec ses origines ? Difficile de donner une réponse exacte. Il n’en demeure pas moins qu’il avait réussi à convaincre un prêtre à Rabat de plaider son cas auprès des autorités françaises.   

Avec cette extradition et la libération des chioukhs de la salafia jihadia, que reste-t-il de ce mouvement, qualifié par les autorités marocaines d’être l’auteur des attentats du 16 mai 2003 ?

En neuf ans, le courant de la «salafiya jihadia» a subi des changements. L’armée des Etats-Unis s’est retirée de l’Afghanisatn et de l’Irak. La crise dans ce pays arabe n’est plus liée à la colonisation mais au conflit entre les Chiîtes et les Sunnites. Dans les pays du Golfe, la guerre contre le terrorisme islamiste a cédé la place à la lutte contre la puissance iranienne.

Le contexte mondial a changé, les salafistes marocains, également. Ces têtes d’affiches ont entrepris une révision de leurs anciennes idées, les conditions de détentions y sont beaucoup dans cette opération. Accepter la grâce royale est une reconnaissance de l’autorité religieuse du roi.

Nous vivons actuellement une forme de normalisation entre les salafistes et l’Etat.  Une donne qui va ouvrir à ce courant la porte grande ouverte pour jouer des rôles politiques non pas en tant qu' «ennemi» mais  en sa qualité de «composante» du paysage politique marocain.

Ce Driss Ganbouri m'a l'air d'un agent de la route de Zaers à Rabat.
Auteur : Chibani2
Date : le 21 mai 2012 à 08h52

Il a un regard qui veut en dire long.......A vous de voir,rien d'un romancier mais bien d'un agent double,Il ne m'a pas l'air d'un Mohamed Sifaoui qui avait infiltré les Islamistes en France,à Barbès exactement.??????

Warning!!!!!Warning!!!!!!Warning!!!!!!
Dernière modification le 21/05/2012 08:54
Livre cherché
Auteur : Quiqueg
Date : le 19 mai 2012 à 12h12
Je cherche ce livre mais je ne le trouve pas ...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com