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Grand Angle

Normalisation, quotient électoral et légalisation du cannabis, les couleuvres avalées par le PJD

Depuis sa création en 1998, le PJD n’a jamais connu pareil épisode. Les divergences autrefois tapies sont désormais criantes entre deux clans qui s’affrontement publiquement sur la normalisation avec Israël ou encore la légalisation du cannabis.

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Au Parti de la justice et du développement (PJD), les revers se suivent mais ne se ressemblent pas. En seulement quatre mois, les islamistes ont avalé bien de couleuvres, plongeant le parti dans la tourmente. Les divergences entre le «courant des ministres», mené par Saad-Eddine El Othmani, et celui des fidèles d’Abdelilah Benkirane, sont désormais criantes et étalées sur la place publique.

Le premier acte de cette série de camouflets s’est joué, le 22 décembre 2020 au Palais royal de Rabat. En présence du roi Mohammed VI, de Jared Kushner et Mei Ben Shabbat, Saad-Eddine El Othmani signe au nom du royaume l’acte de la reprise des relations avec Israël. Un véritable coup de Trafalgar qui écornera durablement l’aura du parti de la Lampe, notamment parmi les organisations arabo-islamiques défendant la cause palestinienne. D'un trait de stylo d'El Othmani, le PJD a été réduit au rang de paria y compris dans le clan des anti-normalisations au Maroc.

En revanche le parti a pu sauver les meubles au niveau interne. Le soutien inattendu sur ce dossier de la part de Benkirane à son successeur et rival El Othmani a permis de contenir les voix contestataires à la normalisation avec «l’entité sioniste». Et si le parti a traversé cette zone de turbulences sans grands dégâts, les revers essuyés en mars risque d’ébranler davantage l’autorité du secrétaire général du parti et chef du gouvernement.

Qui jouera les médiateurs entre les courants El Othmani et Benkirane ?

La pilule du 6 mars a eu encore plus de mal à passer puisqu'elle touche directement les intérêts électoraux du PJD. A la Chambre des représentants, le parti a été lâché par ses «alliés» de la majorité et ses anciens «amis» de l’opposition, PPS et Istiqlal, lors du vote de l’amendement portant sur le calcul du quotient électoral. Isolé, le parti de la Lampe a crié au «coup d’Etat contre la démocratie». Malgré ce fiasco, le parti a su garder un semblant d’unité et parler d’une même voie pour condamner une «dérive».

Comme un malheur n’arrive jamais seul, le conseil du gouvernement du jeudi 11 mars a adopté, après deux reports, le projet de loi portant sur la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. Benkirane qui a brandi, une semaine auparavant, la menace de geler son adhésion au PJD a fini par la mettre en exécution. Pire, elle a été accompagnée d’une «rupture» de ses relations avec certains hauts cadres du parti dont son rival de toujours, Saad-Eddine El Othmani. Une décision qui soulève des interrogations sur son timing et son impact sur l’unité de la formation alors que le PJD se prépare à tenir, les 20 et 21 mars, une session extraordinaire de son conseil national.

Ces contradictions qui ont éclaté en public sont-elles le prélude à une implosion du parti ? «Je ne le pense pas», répond à Yabiladi, Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes. «Des tentatives de réconciliation entre le courant d’El Othmani et celui de Benkirane devraient émerger dans les jours à venir. Une médiation qui pourrait être menée le président du Mouvement Unicité et Réforme, Abderrahim Chikhi, ou Ahmed Raissouni», estime le specialiste.

«Personne ne souhaite la rupture parce que la facture serait trop salée et risque de charrier dans son sillage bon nombre d’ambitions personnelles et de projets financiers en cas de retour dans les rangs de l’opposition», explique-t-il. Le traditionnel pragmatisme du PJD fera-t-il oublier les différents personnels et les rancoeurs suite aux camouflets subis ?

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