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Grand Angle

Marocains et banques participatives : Une relation toujours influencée par «l'incertitude»

Si l’attitude des clients constitue «le facteur le plus influent» qui prédit l'intention des Marocains d'utiliser les services des banques participatives, l’incertitude demure un élément important qui agit «négativement et significativement» sur leur intention comportementale, selon une nouvelle étude.

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Photo d'illustration. / DR
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En 2017, le Maroc lançait ses premières banques islamiques, appelées banques participatives, après l’échec de cette même expérience lancée dix ans auparavant. Si, trois ans après leur démarrage, ces banques peinent à obtenir des résultats positifs sur le niveau des bénéfices, une étude récente s’est intéressée plutôt aux facteurs influençant le choix ces nouvelles institutions par des Marocains.

Intitulée «Influential Factors of Participative Banks Acceptance in Morocco : An Empirical Study», ses deux auteurs, Amal El Mallouli et Hassan Sassi de l'ENCG Settat (Université Hassan 1er), ont ainsi mené une étude terrain, à travers un questionnaire administré à 255 Marocains sur les facteurs qui les poussent à recourir à ces banques nouvellement introduites dans le royaume. L’étude examine ainsi «l'effet de l'attitude, des normes subjectives, du contrôle comportemental perçu et de l'incertitude sur l'intention comportementale des clients».

Dans son introduction, l’article rappelle que la finance islamique est basée sur les principes de la loi islamique (la Charia) et cherche à «véhiculer une vision de justice, d'équité et de transparence». «Cette finance éthique s'est avérée fructueuse dans plusieurs pays à travers le monde et a été largement acceptée par les musulmans et les non musulmans». Au Maroc pourtant, plusieurs tentatives d'introduction de la finance islamique ont été menées depuis les années 1980.

La première expérience avait ainsi commencé en 2007 lorsque Bank Al-Maghrib avait autorisé le lancement de certains produits islamiques mais s’était soldée par un échec. L’étude cite, dans ce sens, plusieurs raisons, comme «le manque d'implication des banques», «la désignation de ces produits comme ‘alternatifs’ au lieu de ‘islamiques’» et l’absence d’avis du Conseil supérieur des oulémas. C’est finalement en 2017 que l’expérience est alors relancée.

L'incertitude et son «influence négative et significative» sur l'intention des clients

L’analyse des résultats obtenus par les deux chercheurs révèlent ainsi que «l'attitude a une relation positive significative avec l'intention comportementale et est également le facteur le plus influent qui prédit l'intention du client d'utiliser les services bancaires islamiques dans un contexte musulman comme le Maroc». «Ce résultat signifie que si une personne a une attitude positive, elle sera sûrement plus attirée par les services bancaires participatifs», ajoutent-ils.

D'autre part, l'étude a montré que «les normes subjectives sont positivement et significativement liées à l'intention comportementale». Autrement dit, «l'opinion de groupes de référence spécifiques», c’est-à-dire des personnes de l’environnement social des clients marocains, reste également «importante pour développer une intention vers l'utilisation des services bancaires participatifs». De plus, l’étude ajoute que «le contrôle comportemental perçu a un impact positif et significatif sur l'intention comportementale d'utiliser les services bancaires participatifs au Maroc», en expliquant que les clients marocains «sont susceptibles de s'engager dans le système bancaire participatif lorsqu'ils ont besoin de ressources pour exécuter ce comportement et lorsqu'ils ont la capacité de choisir la banque et de gérer leurs opérations avec ces nouvelles institutions».

Enfin, les deux chercheurs indiquent que «l'incertitude a une influence négative et significative sur l'intention comportementale» des clients marocains. Le résultat révèle que plus les clients auront des doutes sur la conformité à la Charia de la banque participative et des doutes sur les risques dans les transactions», moins ils adopteront ces modes de financement. «Cela peut également s'expliquer par le fait que les banques participatives au Maroc viennent de démarrer leur activité et les clients seront donc inquiets et éprouveront un doute à l'égard des transactions de ces institutions participatives», ajoutent-ils.

Pour les deux chercheurs, ces facteurs peuvent constituer une base pour les managers et gestionnaires afin de séduire plus de clients et développer ainsi des stratégies pertinentes pour favoriser une attitude positive envers ces banques participatives.

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