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Interview

Sahara : «Il est temps de renouveler l’appel la patrie est clémente et miséricordieuse»

La vague du «Printemps arabe» a déferlé également dans les camps de Tindouf, donnant naissance en 2011 au «Mouvement du 5 mars» résolument opposée à la direction du Polisario. Une instance animée par un petit groupe de jeunes sahraouis.  Son fondateur Mahmoud Mrabih Rabbou, après plusieurs arrestations en 2013 et un séjour à la prison Errachid en 2014, a été contraint de quitter les camps pour la Mauritanie et au final jeter l’ancre au Maroc. Son cas est désormais inscrit à l’ONU. INTERVIEW.

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Mrabih Rabbiu, devant le poste douanier à El Guerguerate / DR
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Qu’est ce qui vous a convaincu de quitter les camps de Tindouf en 2015 ?

La direction du Polisario a combattu le Mouvement du 5 mars, usant à la fois de la matraque et la carotte. Certains ont fini par baisser les bras, d’autres ont opté pour l’exil en Europe ou en Mauritanie et un petit groupe résiste comme il peut dans les camps de Tindouf, parmi eux Moulay Abba Bouzeid.

Et pour votre cas…           

Après mon sit-in de sept mois devant le siège du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) dans les camps, j’ai été enlevé par les services de renseignements algériens. J’ai été détenu pendant deux mois sans procès. J'étais dans la tristement célèbre prison Errachid que le Polisario prétend avoir fermée en 1989. Je dois ma libération a une vidéo que j’ai réussi à enregistrer et diffuser sur le net, avec l’aide d’une autre personne, et qui révélait mon enlèvement et les mauvaises conditions d’incarcération dans ce bagne. S’ensuivit une pression de la part d’organisations internationales qui connaissaient déjà mon cas, tel Human Rigths Watch. J'ai pu rencontrer une délégation de HRW en 2013.

Immédiatement après ma sortie, j’ai contacté des ONG internationales et déposé des plaintes contre le Polisario et l’Algérie pour violations des droits de l’Homme. Parallèlement à ces actions, avec le concours d’autres militants, j’ai crée l’ «Association Somoud contre les violations du Polisario». Après avoir pris connaissance de la part de proches de plans des renseignements algériens et du Front visant mon intégrité physique, j’ai décidé de quitter les camps à destination de la Mauritanie où j’ai passé deux mois avant de rentrer au Maroc en 2015.

Après les derniers développements à El Guerguerate, quelle est la situation des habitants dans les camps ?

Elle est très difficile. La majorité silencieuse ne partage pas les appels à la guerre diffusés quotidiennement par la direction du Front. Elle veut une vie digne. En revanche, une minorité est fortement partisane d’une reprise des armes contre le Maroc.

Et qu’en est-il de l’option du retour au Maroc ?

Actuellement, il y a quelques milliers de Sahraouis ayant déposé des demandes de retour au Maroc au consulat marocain à Nouadhibou en Mauritanie. Il y a parmi eux des personnes inscrites sur les listes du recensement effectué par l’Espagne au début des années 70. Malheureusement, des obstacles administratifs les empêchent de réaliser ce rêve, notamment depuis 2015. Je crois qu’il est temps de renouveler l’appel «la patrie est clémente et miséricordieuse», lancé par feu Hassan II durant les années 90. Il serait opportun de mettre en place de nouvelles mesures encourageant les habitants des camps à regagner massivement le royaume.

Des votre point de vue, la reconnaissance de l’administration Trump de la marocanité du Sahara constitue-t-elle une évolution sur ce dossier ?

C’est une décision importante qui va dans le sens du plan de l’autonomie proposé en 2007 par le Maroc. Je reste convaincu que la solution à ce différend régional ne peut se réaliser qu’avec la participation des enfants de la province.

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