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Grand Angle

La relation mère-fille chez les maghrébines : Pas toujours facile !

Elle nous a donné la vie, a tout sacrifié pour faire de nous une femme, et nous aime plus que n’importe qui au monde. Pourtant, elle nous énerve,  nous critique et met notre patience à bout. Les rapports mère-fille sont plus que compliqués. Pourquoi notre génitrice peut-elle être source de problèmes ? Et pourquoi n’arrivons nous pas à la supporter certains jours ?

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Les relations mère-fille inspirent beaucoup d’humoristes et de scénaristes, et pour cause, c’est un eternel «je t’aime moi-non plus». D’une fusion totale, on peut passer à une profonde aversion.  Même si les mamans sont de plus en plus ouvertes et tolérantes, la relation maman-fille n’est pas sans nuages.

Trop de complicité, trop de danger ?

L’Islam a donné une place de prestige à la femme, mais surtout à la maman. «Le paradis est sous le pied des mamans». Et le prophète Mohamed a même dit «Oumouk, oumouk, oumouk toumma abouk» (Ta mère, ta mère, ta mère puis ton père). Si le mot «Maman» renvoie automatiquement à de l’amour et de la tendresse, une relation trop fusionnelle peut poser problème. Comme raconte Nezha : «Ma mère a toujours été ma meilleure amie, toutes mes copines me jalousaient». Sauf que la jeune femme est restée petite fille aux yeux de sa mère. «Elle me couvre encore, et refuse tous mes prétendants, de peur que je la laisse toute seule». Car selon les spécialistes, une mère trop impliquée dans la vie de sa fille vit sa jeunesse, un peu par procuration. Lorsque la maman-copine raconte absolument tout à sa fille, celle-ci n’arrive plus à distinguer ses propres émotions de ceux de sa génitrice. «Je te connais pour t’avoir faite, la phrase préférée de ma maman» ironise Chadia. Et d’ajouter : «Elle prend la majorité de mes décisions à ma place, si bien que je n’ose plus faire le moindre pas dans ma vie sans lui en avoir parlé, j’ai 28 ans pourtant !»

«Mon mari me reproche souvent de passer au second degré, après ma mère» se plaint Samira. La jeune mariée avoue que sa mère se mêle de tout, et surtout de son couple. «J’ai essayé de lui en parler, mais elle a éclaté en sanglots… comment osais-je faire ça après tout ce qu’elle a fait pour moi ?». C’est là le problème quand on est trop proche de sa mère, ne pas arriver à couper le cordon, et hésiter entre vivre sa vie et faire plaisir à sa mère.

Et garder ses distances, c’est grave ?

Il arrive que les relations mère-fille se dégradent. Certaines mamans ont peur de vieillir en voyant leur petite fille devenir femme à leur tour. D’autres, surtout si la ressemblance physique est frappante, revoient leur jeunesse. Loin d’être de la jalousie, la maman ne veut pas que sa fille commette les mêmes erreurs qu’elle : elle veut que sa fille ait une meilleure vie, tout ce qu’elle n’a pas eu. Ces bonnes intentions révoltent la fille, et elle prend ses distances. S’en suivent querelles, disputes et larmes. «J’avoue dire non à ma mère des fois juste pour lui dire non»avoue Sara. Pourquoi ? «Parce qu’elle critique tout, ne m’a jamais demandé mon avis pour me couper les cheveux par exemple, j’ai le droit de commettre des erreurs et d’apprendre des leçons de la vie». Dans le même contexte, Fatine ajoute : «Ma mère n’est pas méchante, juste trop exigeante avec mes sœurs et moi. Rien ne lui plait, et ça devient lourd à porter. Elle m’a fait perdre confiance en moi»

Si la maman devient forcément une donneuse de leçons à une fille qui n’en veut pas, la raison de ces différends peut être encore plus grave. «Mon père la trompait, et bizarrement, c’est à elle que j’en veux le plus, elle n’a pas su nous protéger, ni se révolter» raconte Lamia. Basma porte en elle une blessure encore plus profonde, que seule une psychothérapie est arrivée à découvrir et à calmer. «Ma mère ne voulait pas d’un 4e enfant, elle a même refusé de me donner le sein et a fait une grosse dépression à ma naissance». Même si les choses se sont arrangées depuis et que cette maman l’a élevée et aimée, Basma lui en veut toujours et se sent toujours «de trop».

Ne pas être proche de sa mère n’est pas si grave selon les spécialistes, mais chercher de la tendresse de substitution est un problème. «J’ai une peur bleue de l’abandon, et ça se répercute sur mes relations intimes» nous dit Salwa.

Et le juste milieu ?

Car la maman est le premier exemple féminin qu’on a sous les yeux. C’est son maquillage qu’on pique, ses vêtements qu’on essaie et ses chaussures qu’on porte quand on joue à la femme. Combien de fois a-t-on entendu «quand je serai grande je serai comme ma maman !». Mais on grandit, et on s’aperçoit que cette maman n’est pas parfaite, qu’elle commet des erreurs et a, elle aussi des défauts. De nature, les filles sont plus proches de leurs papas. Mais comment trouver le juste milieu entre trop fusionnelles et trop distantes ? Ici, les spécialistes conseillent de faire la part des choses. Il y a des choses qu’on devrait plus raconter à une amie, à une collègue ou même à un psy plutôt que sa mère.

On devient une femme en s’éloignant de sa mère, mais ni la religion, ni l’éducation, ni les traditions maghrébines ne permettent de couper complètement les ponts. Les spécialistes conseillent aussi de faire une activité régulière avec sa mère, à tous les âges (shopping, café, cinéma….)

Et comme disent les philosophes, un Homme reste bébé, peu importe l’âge qu’il a, quand sa mère quitte ce monde, il vieillit soudainement.

Et vous les ladies ? Vous voulez être des mamans copies conformes de votre génitrice ?

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