«Energies renouvelables et développement durable en Méditerranée : Le Maroc et le Plan Solaire Méditerranéen » : c’est le titre du tout récent rapport du FEMISE qui analyse les effets économiques de la mise en place de Centrales Solaires Concentrées (CSP), photovoltaïques et des parcs éoliens au Maroc au cours des trente prochaines années. Co-rédigés par MM. Alejandro Lorca et Rafael de Arce, professeurs à l’Université autonome de Madrid, sa publication s’inscrit dans le cadre du plan solaire méditerranéen qui prévoit, d’ici à 2020, le déploiement de 20 gigawatts de capacité d’énergies renouvelable dans le bassin méditerranéen.
Le rapport du FEMISE révèle le «potentiel énergétique» du Maroc
Dans son analyse, le rapport révèle que les CSP développées dans les années 2000 dans le royaume présentent le potentiel de développement le plus important. Il est vrai qu’avec 10 heures d’ensoleillement par jour (en moyenne) contre seulement 4 pour la France (en moyenne), le pays possède un taux d’ensoleillement très élevé, une manne d’énergie solaire encore sous-exploitée à ce jour. Le potentiel d’énergie éolienne du Maroc est lui aussi important, et l’extension des parcs éoliens du Nord pourrait, s'il elle se poursuit, permettre au pays d’exporter à terme de l’électricité vers l’Europe.
C'est ainsi que le Maroc pourrait fournir jusqu'à 20% des énergies renouvelables du bassin méditerranéen au Vieux Continent, et en particulier, à la France. Reste encore à savoir comment les produire.
Pour ce faire, l'enquête du FEMISE déclinent deux hypothèses : au pire, le Maroc importe tous les constituants des centrales, des panneaux photovoltaïques et des éoliennes de l'étranger et se contentent de les installer, ce qui contribuerait à terme à la création de 319 000 nouveaux emplois et à une augmentation du PIB de 1,17% ; au mieux, il les crée lui-même en intégrant la chaine de production, auquel cas, ce sont 482 000 nouveaux emplois et 1,91% du PIB qui viendrait donner un coup d'accélérateur à la croissance nationale. En somme, la situation serait, d'un cas comme de l'autre, nécessairement gagnante pour le pays.
Quid du coût de ce projet et de son financement ?
Ce faisant, qui dit production, dit coûts de production, et surtout coût de mise en place de la production. Il va sans dire qu'un projet d’une telle envergure coûterait très cher à l'Etat marocain. D’après le site web EcoStrum, un partenaire du FEMISE, la production de centrales solaires et la mise en place d’un réseau câblé visant à transporter l’électricité produite vers l’Europe nécessiterait un investissement colossal que les experts estiment à «quelques 8 milliards d’Euros».
Alors, qui, mais surtout, comment le financer ? Interrogé à ce sujet par la rédaction, le directeur de l’ADEREE (Agence Marocaine pour le Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique), Mr. Saïd Mouline répond que les acteurs du financement du secteur sont à la fois et le privé et l'Etat, que ce dernier, par des mécanismes incitatifs, encouragent d'ores et déjà à investir. Quant au comment, Mr. Mouline distinguent essentiellement deux types de solutions à la disposition de l’Etat.
La première est le classique appel d’offre. En contrepartie de l’investissement d’une entreprise privée dans un projet d’énergies renouvelables, l’Etat marocain s’engage, via l’ONE, a lui racheté l’énergie verte qu'elle produit pendant une période déterminée, et ce, mesures incitatives obligent, à un tarif préférentiel de celui auquel il (l'Etat) achète usuellement les énergies non-renouvelables.
La deuxième est l’utilisation des fonds d’investissements, nationaux et internationaux, dédiés au développement des énergies vertes. En effet, la Banque Européenne d’Investissement (BEI), tout comme la Banque Mondiale, mettent à la disposition des Etats du monde entier des lignes de financement leur permettant de développer leurs propres énergies vertes.
C'est à ce titre qu'en 2009, le «Fond des Technologies Propres», un fond de financement affilié à la Banque Mondiale, a alloué 150 millions de dollars au Maroc pour le développement de ses CSP et de son parc éolien. En parallèle, le Roi créait la même année, un fond de développement énergétique doté des dons de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et de la Fondation Hassan II.
Les sources de financement ne manquent donc pas. Tant mieux, car avec le développement du secteur des énergies vertes, le Maroc a beaucoup à gagner tant sur le plan de la croissance que sur celui de sa propre indépendance énergétique.