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Grand Angle  

Exercices militaires algériens près de la frontière marocaine : Menace ou coup de menton ?

L’armée algérienne a procédé hier à un exercice militaire au Sud de Tindouf, près de la frontière marocaine. Une démonstration de force destinée au royaume mais également au peuple algérien qui refuse de cautionner les plans politiques des généraux.

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Le général Chengriha dirige des exercices militaires au sud de Tindouf / DR
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Le chef de l’armée algérienne, le général Said Chengriha a effectué, les 17 et 18 janvier, une visite à la 3e région militaire de Bechar. Un lieu qu’il connait bien puisque la zone était placée sous son commandement avant qu’il ne soit propulsé chef de l’armée terrestre, en août 2018, dans le cadre d’une opération de purge orchestrée par son mentor Gaid Salah. 

Le lundi18 janvier, au Sud de Tindouf, Chengriha a présidé un exercice tactique avec munitions réelles, intitulé «Al-Hazm 2021» («Résolution 2021»), en face des frontières avec le Maroc, indique le ministère de la Défense dans un communiqué. Sur le champ de manœuvre, le chef de l’armée algérienne a suivi des tirs de missiles antichars Kornet de fabrication russe. «L'armée algérienne a également exhibé pour la première fois un avion américain de reconnaissance électronique Beechcraft 1900 MMSA-Hissar», rapporte l’AFP. Des appareils au nombre de six acquis entre 2000 à 2002. 

En guise de préparation à des opérations hors des frontières du pays, le verrou constitutionnel ayant sauté depuis le 1er novembre, les avions qui ont pris part à cet entrainement «ont été ravitaillés en vol lors du déroulement de cet exercice». Et le ministre de la Défense de se féliciter : «Il s'agit d’une opération minutieuse exécutée avec un franc succès, ce genre d'opérations requierant performance et perfection.»

Démonstration de force destinée au Maroc ou aux Algériens ?

Cette démonstration de force largement médiatisée et accompagnée d'un discours belliqueux semble directement destinée au Maroc. «Nous avons veillé à accorder une importance primordiale à la sécurisation de toutes nos frontières nationales, notamment au regard des conditions délétères qui caractérisent notre région», a-t-il indiqué.

Pour mémoire, le 15 novembre, soit deux jours après l’intervention des FAR à El Guerguerate, le chef de l’armée a sonné le tocsin, appelant à la défense des «frontières contre le terrorisme, contre les trafiquants et contre un ennemi classique», en référence au Maroc. Des média algériens avaient, là aussi, diffusé une vidéo d’un exercice militaire avec en vedette le missile balistique russe Iskander d’une portée de 300 km. 

Mais le royaume n'est pas le seul visé par cette démonstration de force des généraux au pouvoir. C'est également une manière de réaffirmer la puissance de l'armée auprès du peuple algérien alors que le projet de «nouvelle Algérie» promise tambour battant après la «démission» du président Abdelaziz Bouteflika n’a toujours pas pénétré les coeurs.

Gaid Salah avant son décès, avait sillonné en treillis les régions militaires du pays pour distribuer ses menaces aux participants du Hirak. Said Chengriha marche sur les traces de son prédécesseur, d’autant que le peuple refuse de s’engager dans les plans politiques du régime. En témoigne le taux de 23% de participation au referendum de la constitution du 1er novembre.

Article modifié le 19/01/2021 à 21h26

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