L’économie marocaine montre quelques signes de reprise, mais la récente montée de la courbe des infections Covid-19 dans le monde liée l’a impactée encore une fois, faisant que le rééquilibrage reste très fragile. Dans ce contexte, le PIB réel pour l’année 2020 aurait connu une contraction de 6,3, selon la Banque mondiale. Le dernier rapport de suivi de la situation économique du Maroc - "De la riposte d’urgence à la reprise", indique que l’impact de la crise sanitaire a considérablement impacté le déficit budgétaire : 7,8% du PIB en 2020.
Pour sa part, la dette publique devrait dépasser 76% du PIB. «Le déficit du compte courant devrait également augmenter pour atteindre 6% du PIB» en 2020, a indiqué l’institution. «Un retour au niveau d'avant la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022», a annoncé Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale (BM) au Maroc, lors d’une table ronde consacrée à la présentation de ce rapport.
Malgré les mesures gouvernementales, la reprise se ferait sur au moins un an
Ce dernier prend note de la stratégie de relance «ambitieuse» mise en place par le gouvernement marocain, avec la mobilisation de près de 11% du PIB «sous forme de prêts garantis pour les injecter dans les capitaux des entreprises marocaines et donner une nouvelle impulsion aux partenariats publics-privés liés aux infrastructures».
La Banque mondiale rappelle aussi la mise en place d’«un nouveau fonds d’investissement stratégique en cours de création» ou encore la transformation de la Caisse centrale de garantie en société anonyme, entre autres «réformes structurelles importantes». Elle évoque «la généralisation de l’assurance maladie, une refonte du système de protection sociale autour d’une universalisation des allocations familiales, la rationalisation du vaste réseau des entreprises publiques et un certain nombre de mesures pour soutenir le secteur des PME dans la reprise».
Cependant, le secteur entrepreneurial mettra beaucoup de temps à se relever des conséquences de la crise sanitaire. En effet, la Banque mondiale au Maroc décrit un «impact important et persistant», qui se ressent notamment dans le secteur privé formel. Selon l’institution internationale, 6,1% des entreprises «auraient cessé leurs activités». 86,9% autres «signalent une baisse des ventes de 50,4% en moyenne par rapport à leur niveau pré-pandémique». De ce fait, le retour à la normale au niveau des indicateurs ne pourrait se faire avant 2022.
Une reprise interrompue par l’effet d’une situation inédite de récession
Ces entreprises ont aussi adopté des stratégies d’adaptation, que la Banque mondiale a observées. Il s’agit de l’utilisation «croissante» des lignes de soutien du gouvernement, de la «réduction du nombre d’heures travaillées», qui a donné par ailleurs lieu à «moins de licenciements en comparaison avec d’autres pays», ou encore «l’utilisation de fonds internes pour faire face à l'assèchement de trésorerie». Ce contexte a été particulièrement propice à l’«accroissement de l’activité du commerce en ligne».
Toujours est-il que la pandémie a «brusquement interrompu plus de deux décennies de progrès socio-économiques soutenus au Maroc». Facteur essentiel de création d’emplois et générateur de 750 000 postes directs, en plus de 2,5 millions autres indirects, le secteur du tourisme a été très durement touché.
La contraction économique fortement enregistrée au deuxième trimestre a coïncidé avec la période du confinement, donnant lieu à «un pic de chômage et une détérioration des indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité».