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Grand Angle  

Conflits d’intérêts : L’Istiqlal pour une stratégie restaurant «la confiance dans l’action publique»

Le conflit d’intérêt au Maroc est devenu en politique une marotte avec très peu d'action pour le contrer. Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal a rappelé la proposition de son parti dans ce sens.

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Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal. / DR
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La Fondation Abderrahim Bouabid a organisé, la semaine passée, un webinar autour de la notion des conflits d'intérêts. Une occasion pour Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, de revenir sur la proposition de loi de son parti, son contexte et ses raisons.

«Parmi les points sur lequel l’accent a été mis dans le cadre du nouveau modèle de développement, nous avons considéré, en tant que parti, qu’il est important de faire un certain nombre de ruptures, dont la société des privilèges et d’économie de rente», a-t-il déclaré lors de cet événement.

Rappelant que le Maroc connait une baisse tendancielle de la croissance, Nizar Baraka a mis en exergue la «véritable crise de confiance parmi les opérateurs économiques et les citoyens, liée à un manque de visibilité mais surtout à l’importance des privilèges dans notre économie». «Nos différentes politiques publiques créent un certain nombre de barrières visibles et invisibles et qui donnent lieu à un certain nombre de monopoles, de cartels et de positions dominantes et de concurrences déloyales notamment avec l’informel», a-t-il regretté.

Le conflit d’intérêt, l’une des facettes de l’économie de rente

L’ancien ministre de l’Economie a ainsi estimé que «le conflit d’intérêt rentre parfaitement dans le cadre des facettes de cette économie de rentre qu’on appellerait plus communément, dans le cadre de notre pays, d’économie de connivence et de copinage, qui s’installe de plus en plus dans notre paysage politico-économique».

Tout en fustigeant «une certaine démission du gouvernement et des organes de régulation» dans cette situation, Nizar Baraka a rappelé la campagne de boycott, insistant sur la nécessité aujourd’hui à ce que le nouveau modèle de développement «apporte une véritable réponse à cette problématique qui porte atteinte à l’intérêt général, qui fausse le jeu de la libre concurrence et qui sape la confiance des citoyens et des entreprises dans les institutions publiques». «La dernière enquête faite par rapport à la confiance a montré que seulement 20% des citoyens avaient confiance au gouvernement et à son action», a-t-il rappelé. 

«Il est aussi nécessaire de réhabiliter le politique, car le conflit d’intérêt détruit la relation de confiance qui lie le citoyen aux dépositaires de l’intérêt public, ce qui ne fait qu’accroitre le fossé entre le peuple et les gouvernants.»

Nizar Baraka

L’ancien président du CESE a également estimé qu’il est «important d’avoir un cadre global et cohérent d’intégrité de la vie publique». «Le Maroc a une stratégie nationale de lutte contre la corruption mais il est important d’avoir une stratégie plus large qui intègre les notions importantes, comme celle de l’éthique, de la prévention, de la transparence et de sanction», a-t-il expliqué.

Pour une «véritable politique sur le conflit d’intérêt»

Nizar Baraka a, dans ce sens, plaidé pour une stratégie globale intégrant une autre, plus spécifique à la prévention et à l’encadrement du conflit d’intérêt, qu’elle soit basée sur une approche permettant l’implication du public, du privé, de la société civile, des partis politiques et des médias. «Nous considérons aussi qu’il est très important qu’une loi spécifique sur le conflit d’intérêt sorte et qu’on ait un dispositif juridique qui nous permettrait de le définir et de pouvoir éviter un certain nombre de cas, surtout que le pays a connu des cas assez probants».

«Nous considérons aussi qu’il est important de remettre à plat les textes juridiques qui parlent de cela pour les mettre à niveau et compléter ces lois en y introduisant cette notion.»

Nizar Baraka

Il propose ainsi de «réformer certains textes de loi, comme celui de la déclaration du patrimoine» et «le texte sur les nominations aux hautes fonctions où il y a à boire et à manger en termes de conflit d’intérêt», sans parler du «besoin de renforcer le rôle des instances de régulation et leurs moyens d’actions».

«La mise en œuvre d’une véritable politique sur le conflit d’intérêt est une action, qu’on sait, difficile puisqu’il s’agit d’une notion pas très bien définie et qui est exigeante, mais si notre pays veut renforcer la confiance publique dans les institutions démocratiques et les acteurs politiques, il est important de la mettre en place pour rétablir une démocratie plus efficace et rétablir la confiance dans l’action publique», conclut-il.

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