La normalisation avec Israël, un pas  vers l’établissement d’un état juif au Maroc ?

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël ne passe pas au sein des associations et partis politiques attachés à la cause palestinienne. De nombreuses critiques ont été relayées dans les médias marocains mais celle de l'Observatoire marocain contre la normalisation est pour le moins originale. 

Il y a quelques jours, son président Ahmed Ouihmane s’est référé, dans des déclarations à la presse, aux «plans des sionistes visant à établir un État au Maroc, après leur réduction en Palestine». Contacté par Yabiladi, Ahmed Ouihmane réaffirme que «la normalisation constitue une menace pour le Maroc, l'Algérie et tout le Maghreb arabe». «Ce sont mes convictions et je l'ai révélé dans un livre documenté», ajoute-t-il.

L'État d'Israël, de la Palestine au Maroc

Se basant sur un article publié dans la presse israélienne, qu'il a qualifié d’«extrêmement dangereux», le militant associatif fait allusion au plan du mouvement sioniste d’établir un Etat au Maroc en 1903, avant de se fixer son choix définitif sur la Palestine. Et bien qu'Israël ait travaillé, pendant des décennies, à consolider sa présence en terre de Palestine, après avoir été en mesure de surmonter les périodes les plus difficiles de son histoire, Ahmed Ouihmane assure qu’Israël risquerait de «disparaître», malgré les tentatives de l’Etat hébreu de s'ouvrir sur son environnement en signant des accords avec des Etats arabes.

«Avec un horizon sombre et des roquettes de la résistance du Liban et de la Palestine qui ont commencé à les marteler profondément, les sionistes commencent à réfléchir à une alternative», nous déclare-t-il, arguant qu’ils suivent ainsi un conseil de l’ex-Premier ministre David Ben Gourion. «Conformément à cette volonté, ils ont déclenché des guerres dans les terres des autres, en Égypte pour occuper le Sinaï, en Syrie pour occuper les hauteurs du Golan et au Liban pour occuper le sud du pays», enchaîne-t-il.

Le militant persiste et signe, expliquant que les supporters du projet sioniste «ne planifient pas à moyen ou court terme mais sur le long terme». «Je me demande si le mouvement sioniste mondial est revenu au plan de 1903, et ce que nous surveillons actuellement dans l’Observateur marocain le prédit», finit-il par lâcher. Le militant accuse même «certains médias marocains, affiliés aux sionistes, de promouvoir ces plans».

Le Hirak du Rif et le plan sioniste

Le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation puise dans l'actualité récente au Maroc pour appuyer sa théorie conspirationniste. Il déclare ainsi que «la construction d'un monument de l'Holocauste à Ait Faska, près de Marrakech, ainsi que l'expropriation des terres des paysans d'Assilah sous prétexte qu'elles appartiennent à des juifs marocains, sont des faits qui devraient alerter l'opinion publique et attirer l’attention des responsables afin qu'ils assument enfin leurs responsabilités».

«La question n'est pas liée à la simple normalisation, comme c'est la coutume en Orient, mais plutôt aux ambitions sionistes au Maroc qui sont bien plus grandes que cela», explique-t-il, voyant même dans le fait que «Netanyahou vienne après la normalisation en publiant une carte du Maroc amputée du Sahara», un acte «qui ne peut être une simple coïncidence».

Ahmed Ouihmane appelle à «assiéger cette calamité et désavouer les implications, sinon, le résultat sera la ruine du Maroc afin d'établir un nouvel Israël sur sa terre».

Le chef de l'Observatoire marocain contre la normalisation dépoussière également l’un de ses sujets fétiches, à savoir «les efforts sionistes pour diviser le Maroc en petits États». Il estime que les manifestations qui se sont déroulées dans le Rif, où des Marocains avaient brandi des drapeaux de la République du Rif, «font partie du plan sioniste de division du Maroc».

Pour le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation, «ces avertissements, qui ont fait rire, peuvent ruiner les pays». «La normalisation a été amenée pour faire exploser le Maroc. Et si le Maroc explose, l'Algérie explosera également», conclut-il de façon prémonitoire.