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Grand Angle

Covid-19 : Menaces sur la disponibilité des vaccins pour l’Afrique

Face à la course à l’approvisionnement en vaccin contre le nouveau coronavirus, les pays africains risquent d'être les derniers servis. Alors que la campagne marocaine de vaccination devrait être lancée dans les prochains jours, le spectre d'une pénurie se profile.

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Photo d'illustration / DR.
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L'OMS le craignait. Les menaces de pénurie de vaccins dans le monde pourraient rendre impossible les campagnes vaccinales des pays africains en 2021. Les groupes pharmaceutiques ayant des vaccins homologués annoncent l'indisponibilité de lots pour l'Afrique.

Dans des déclarations rapportées par Bloomberg, la présidence de l’Union africaine a indiqué que les laboratoires Pfizer Inc. et BioNTech SE ont proposé de fournir au continent «50 millions de lots vaccinaux pour le personnel de santé, entre mars et la fin de cette année». Pour sa part, «Moderna Inc. n’a pas de lots destinés à l’Afrique», annonce-t-on sèchement. C'est également le cas pour AstraZeneca Plc soumis à une forte demande au Royaume-Uni et dans le reste de l'Europe. Le groupe britannique a préconisé de négocier avec son partenaire en Inde, le Serum institute of India.

Un représentant d’AstraZeneca a quant à lui indiqué au média que le laboratoire avait «créé un certain nombre de chaînes d’approvisionnement à travers le monde, afin de fournir une distribution large et équitable». Covax et le Serum Institute of India seraient alors «les principaux canaux par lesquels les pays africains peuvent accéder aux vaccins». Mais l'Inde risque de prioriser ses propres besoins.

La campagne marocaine de vaccination mise à mal avant son lancement ?

Dans le cas du Maroc, le lancement imminent de la campagne nationale de vaccination n’attend que l’acquisition et l’homologation de lots livrés par le Chinois Sinopharm ainsi que par AstraZeneca. Il y a plusieurs semaines, le ministre Khalid Ait Taleb a indiqué que le premier fournira des doses couvrant les besoins de plus de 20 millions de personnes, tandis que celles du second couvriront les besoins de 12 millions d’autres, sans préviser la répartition des lots et les échéances de livraisons. L’objectif, à terme, est d’immuniser 60 à 80% de la population générale.

Conscient de la tension sur les productions de vaccins, le ministre a prévenu que «la quantité disponible actuellement au niveau mondial ne pourra pas couvrir l’ensemble des besoins». Vu la course contre la montre engagée par plusieurs pays, le royaume risque de voir ces premières livraisons retardées ou considérablement réduites. 

A la veille de la nouvelle année 2021, Ait Taleb a toutefois promis que l’opération allait commencer «dans les prochains jours». Cette promesse a été renouvelée, au lendemain de l’annonce de la création d’une unité industrielle de production de vaccin par l’Institut Pasteur. En effet, le ministre de la Santé a précédemment déclaré que le partenariat scellé avec la Chine prévoyait un transfert de savoir-faire, avec l’idée de se donner les moyens d’assurer une production locale.

Une course mondiale à l’approvisionnement

De son côté, l’Afrique du Sud, dont le président est actuellement à la tête de l’UA, indique être en négociations directes avec des fournisseurs, dont AstraZeneca, Pfizer et Johnson&Johnson, qui mènent des essais cliniques dans le pays. Le Kenya, lui, prévoit une acquisition des vaccins d’ici la fin janvier ou le mois prochain, mais sans préciser le nom du laboratoire partenaire de l’opération.

Samedi, la ministre égyptienne de la Santé et de la population Hala Zaye a d’ores et déjà annoncé que l’Egypte avait autorisé l’utilisation du vaccin développé par Sinopharm. Sur la chaîne MBC Masr, elle a indiqué qu’un premier lot comprenait 50 000 doses. Le pays devrait recevoir un second, de la même quantité, au cours de la deuxième ou de la troisième semaine de janvier.

Alors que les pays africains devront probablement encore attendre avant de démarrer leurs campagnes de vaccinations, Ceux ayant déjà démarré en Occident se sont engagés dans une course contre la montre. Près d’une semaine après le début du processus, l’Allemagne arrive à la fin de son premier lot du vaccin Pfizer et s’active auprès de BionNTech pour l'aider à lancer la production dans l’usine de Marbourg récemment rachetée. Au Royaume-Uni, pour faire face à la nouvelle souche du virus plus contagieuse, les autorités sanitaires ont opté pour une accélération du nombre de personnes vaccinées, en retardant le rappel de la deuxième dose.

Pour couvrir le manque au niveau continental, les espoirs de l’Afrique se portent principalement sur la Chine, mais aussi sur le partenaire russe d’AstraZeneca. Les deux parties ont annoncé des essais cliniques conjoints combinant leurs deux vaccins.

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