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Grand Angle

France : L’emballement médiatique autour de l’agression d’un musulman fils de flics et fêtant Noël

Un fait divers monté en épingle par les médias prend vite une tournure politique avec les réactions du ministre de l'Intérieur français qui y voit une preuve du «séparatisme». Le procureur de la République rappelle tout le monde à l'ordre.

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Photo d'illustration. / DR
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Depuis samedi, plusieurs médias français ont relayé une dépêche de l’agence AFP, faisant état de l’agression, à Belfort, d’un «musulman», âgé de 20 ans, pour «avoir fêté Noël et parce qu'il est fils de policiers».

«La victime, âgée de 20 ans, a d'abord reçu un message menaçant d'une de ses connaissances, après la publication des photos de son repas de Noël : «Sale fils de blanc, fils de serpent, fils de policiers... Je vais te montrer ce qu'est un vrai rebeu». L'auteur, qu'il connaissait de l'école et de son club de football, le menaçait lui et ses parents parce qu'il est choqué de le voir fêter Noël alors qu'il est de confession musulmane», poursuit l’agence.

Citant la mère de la victime, l’AFP évoque ainsi un «guet-apens». Le jeune homme ayant voulu avoir une explication avec l'auteur du message, qui l'a convié à un rendez-vous, il croise «cinq personnes qui s'en sont prises à lui et l'ont violemment frappé et menacé pour qu'il ne dépose pas de plainte».

L’emballement médiatique devient aussi politique, lorsque le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, s’en mêle en annonçant l'ouverture d'une enquête : «Pas de place pour le séparatisme dans notre pays, pas de place pour le racisme d'où qu'il vienne.»

Lundi, l’AFP persiste et signe, annonçant que trois hommes ont été entendus pour avoir «frappé à Belfort un homme de confession musulmane et fils de policiers après qu'il a publié sur les réseaux sociaux des photos de son repas de Noël».

Elle cite ainsi une «source policière» et précise que «deux de ces personnes étaient toujours dimanche soir en garde à vue tandis que la troisième, l'auteur du message à l'origine de la violence, qui s'était présenté de lui-même dès vendredi soir au commissariat de Belfort, a été remis en liberté». Et de préciser que la victime, dont le beau-père et la mère sont également policiers, «s'est vu délivrer une interruption temporaire de travail (ITT) de 4 jours après cette agression par quatre personnes».

Aucun lien établi avec la religion ou le fait d'être fils d'un policier, tranche le procureur 

Toutefois, le Parquet du procureur de la République près la Cour d'appel de Besançon a apporté, lundi, des précisions. Recadrant le quotidien Dernières nouvelles d'Alsace et l’agence AFP, un communiqué du procureur précise que «ces article et dépêche ont été publiés sans vérification auprès du parquet de Belfort et manifestement sur la seule foi des déclarations de ‘sources policières’».

Le communiqué ajoute que ces sources «contiennent des informations parcellaires ou inexactes susceptibles d'engendrer un trouble à l'ordre public au regard de leur particulière médiatisation et des réactions exacerbées qui en sont la conséquence, y-compris de la part de personnalités politiques et organisations syndicales».

Il évoque ainsi une simple «rixe» entre jeunes, et note qu’«aucun certificat médical fixant une ITT n'a été produit en procédure, le quantum de 04 jours d'ITT évoqué dimanche 27 décembre en soirée par l'AFP n'étant pas confirmé».

«Il apparaît au terme de quatre journées d'enquête que la seule référence avérée à la profession de policier est celle figurant dans l'échange de messages (…) Il n'est par ailleurs nullement établi qu'aurait été expressément reproché à une personne de confession musulmane de célébrer la fête chrétienne de Noël, les frères expliquant en outre célébrer eux-mêmes Noël comme une «fête de famille» sans connotation religieuse», tranche-t-il.

Le communiqué précise que les «investigations vont se poursuivre dans le cadre d'une information judiciaire qui sera ouverte ce jour» pour «violence en réunion n'ayant pas entraîné d'incapacité» et «injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique».  

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