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Grand Angle

Maroc-Algérie : En 2020, Tebboune et les généraux ont rompu la «trêve» de 2019

L'année 2020 aura consacré le retour aux relations empoisonnée entre le Maroc et l'Algérie après l'accalmie de 2019. Retour sur les moments phares. 

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Le président Abdelmadjid Tebboune et les généraux / DR
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Après l'accalmie retour des nuages sur les relations entre le Maroc et l'Algérie. En 2019, le temps stable avait été favorisé par les tensions internes en Algérie. Le pouvoir militaire devait gérer la plus importante crise de son autorité depuis 1962 avec les impressionantes marches du Hirak. Le royaume avait préféré jouer la détente en imposant aux voix officielles le silence face aux développements que connaissait le voisin de l’Est. Salaheddine Mezouar, l'ancien président du patronat marocain (CGEM), l'a appris à ses dépens.

Mais la météo redeviendra orageuse en 2020. Le nouveau président élu, jouant sur la fibre patriotique des Algériens, a fait du Maroc sa principale cible. Bien avant qu’il ne décline son programme économique à ses compatriotes, Abdelmadjid Tebboune s’est lancée dans une «croisade» contre la présence du royaume au Sahara occidental, ne se lassant pas de répéter lors de ses apparitions publiques, interviews, participations aux réunions internationales et rencontres avec les militaires, que la question du Sahara «est un dossier de décolonisation». Un message qu’il avait par exemple martelé le 20 février, lors de sa première intervention à un sommet de l’Union africaine.

Un mois auparavant, le président s’est emporté violemment contre l’ouverture de consulats de pays africains à Laayoune et Dakhla, menaçant que son pays «ne gardera pas le silence (…) Certains disent que c’est une décision souveraine, mais personne ne doit toucher la souveraineté d’autrui. La RASD est un membre fondateur de l’Union africaine». Des menaces emportées par le vent, puisque les provinces sahariennes comptent désormais 19 antennes consulaires. Un processus appelé à se poursuivre en 2021.

Au fil des mois, un autre point de tension éclate entre le Maroc et l’Algérie. L’édition du Bulletin officiel du 21 mai publiait un décret d'expropriation d’un lot de terrain de plus de 23 hectares, portant la signature de Saad-Eddine El Othmani au motif de l’ «intérêt public». Le terrain, situé dans la forêt «Ben Ali» relevant de la commune de Laaouinate (près de la frontière algérienne), doit accueillir une caserne militaire.

Une annonce dénoncée publiquement par Abdelmadjid Tebboune. «Jusqu’à présent l’escalade était verbale mais nous constatons que nos frères marocains passent à une autre forme d’escalade», affirmait-il dans une interview accordée le 4 juillet à la chaîne France 24. La dernière sortie du chef de l’Etat contre le royaume remonte au 10 octobre. Devant un parterre de hauts gradés de l’armée algérienne -à leur tête le général Said Chengriha- le président est paru très remonté contre la mobilisation du Maroc sur la scène régionale, notamment au sujet de la Libye et du Mali.

El Guerguerate et la décision US irritent le pouvoir

Si son infection par la Covid-19 a empêché Tebboune de continuer à assumer ses fonctions et, en passant, dénoncer l’opération des Forces armées royales à El Guerguerate, le pouvoir militaire a décidé de sortir du bois et d’assumer à visage découvert la guerre médiatique contre le Maroc. Sa revue El Jeich a d'ailleurs qualifié la libération du passage entre le Maroc et la Mauritanie d’ «agression». «La détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps, nous concernent et nous devons nous tenir prêts à y faire face», pouvait-on lire sur la publication.

Le ministre des Affaires étrangères a été appelé en renfort. Au lendemain de l’intervention des FAR à El Guerguerate, Sabri Boukadoum a été fortement sollicité pour défendre les positions du Polisario auprès des partenaires internationaux de l’Algérie : l’Union européenne, la Russie, la Chine et les Etats-Unis. Une mission qui s'est soldée par un échec puisqu'aucun de ses interlocuteurs n’a condamné l’opération des FAR.

La reconnaissance par l’administration Trump de la marocanité du Sahara occidental et la reprise des relations entre le royaume et Israël ont davantage irrité le pouvoir en place qui redoute un effet tâche d’huile notamment en Europe, en Amérique du sud et en Asie. Quant à l’Afrique, le processus est déjà lancé. Les Etats ayant inauguré des consulats à Laayoune et Dakhla n’appartiennent pas uniquement à la sphère des alliés traditionnels du Maroc mais comptent des pays, telle la Zambie, qui déroulaient autrefois le tapis rouge pour recevoir Brahim Ghali.

Ces tensions entre le Maroc et l’Algérie sont appelés à s'intensifier. La bataille sera féroce au sein de l’Union africaine, à l’ONU mais également aux Etats-Unis où Alger a déjà mobilisé ses relais en vue de convaincre l’administration Biden de revenir sur la décision de Donald Trump. Aucune éclaircies n'est donc à prévoir entre les deux pays voisins en 2021.

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