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Grand Angle

Maroc : Identifier et dépasser les entraves à l’inclusion des femmes

Réalisé avec l’association Mobilising for Rights Associates (MRA), un récent rapport analyse l’inclusion des femmes dans le tissu socio-économique et politique, ainsi que les violences basées sur le genre. Son objectif : mieux identifier les disparités pour rendre plus efficace les projets d’autonomisation.

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Photo d'illustration / DR.
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Avec l’association Mobilising for Rights Associates (MRA), l’Agence américaine pour le développement international (USAID) au Maroc a publié récemment un rapport, sous forme d’analyse «genre». Avec des données mises à jour, l’objectif est d’identifier les principaux obstacles aux niveaux social, économique et politique, ainsi que les opportunités, pour une meilleure intégration des femmes dans les projets de développement.

L’analyse tient compte également des impacts de la crise sanitaire, liée à la pandémie du nouveau coronavirus et dont il ressort que les femmes ont été davantage exposées aux violences basées sur le genre. En témoignent les chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP), que rappelle le document, révélant que «57 % des femmes marocaines avaient été victimes de violence au cours des 12 mois précédant l’enquête». La multiplication des cas de violence s’est, pas ailleurs, accompagnée d’une baisse de signalement, compte tenu des contraintes du confinement.

Une évolution globalement lente

Citant également les données 2020 du Forum économique mondial relatives aux disparités du genre, cette analyse souligne que le Maroc se positionne 143e sur 153 pays, avec un score de 0,605, l’indicateur 0 montrant l’absence de parité et 1 une parité totale. Effet de la crise sanitaire pris en compte, l’évolution de la situation économique des femmes dans le pays, entre 2006 et 2020, connaît un déclin.

En sous-indices, ces données analysent la participation et les opportunités économiques des femmes, leur niveau éducatif, l’accès à la santé et l’autonomisation politique. Dans un comparatif, elles montrent que le Maroc a occupé la 107e place mondiale en 2006, sur 153.

L’évolution lente des indicateurs jusqu’en 2020 est concomitante aux progrès enregistrés dans d’autres pays, ce qui explique pourquoi le pays a été recalé en queue de classement. Malgré des avancées en termes de législation nationale et l’adoption d’accord internationaux, la mise en œuvre de cet arsenal juridique n’a pas accompagné cet élan.

Une réforme pour dynamiser la participation politique des femmes

Dans le même sens, l’analyse croisée de l’USAID et MRA a montré que les facteurs majeurs expliquant la faible participation politique des femmes sont le niveau d’éducation, l’accès limité aux ressources, mais aussi les comportements discriminatoires et les stéréotypes qui perdurent. Pour y remédier, elle préconise d’«accélérer les programmes de qualification des femmes et leur leadership pour une participation de qualité ; principalement aux niveaux régional et local». Elle recommande également de «promouvoir l’accès des femmes à l’éducation et aux ressources».

Le document rappelle que «les partis politiques sont porteurs de changement car ils sont les acteurs clés du système électoral». «Leur engagement effectif en faveur de la participation des femmes est une opportunité pour l’inclusion politique des femmes». Pour cela, leurs programmes «doivent cibler à la fois les hommes et les femmes».

En outre, il faudra «réviser la loi organique 29-11 sur les partis politiques afin que l’aide publique soit conditionnée à la parité des candidatures électorales, que les femmes constituent au moins 20 % des membres constitutifs des partis politiques et que la présentation des femmes en tête des listes locales des partis politiques soit un critère d’octroi des financements publics».

La même source recommande, par ailleurs, une révision du Code électoral «pour y intégrer des mesures concrètes visant à accroître la participation des femmes», en plus de la généralisation du système de quotas pour les élections des membres au sein des partis.

De manière plus globale, l’analyse propose de combler les écarts aux niveaux politique, économique et social par la mise en place plus pratique d’une approche «intégrée et explicite de réduction des écarts entre les sexes». Il s’agit de la «mise en œuvre effective d’une budgétisation sensible au genre dans les budgets nationaux et locaux, renforcée par un système de suivi et d’évaluation inclusif», de «l’intégration de la parité en tant que politique globale au sein des gouvernements central, régional et local» ou encore du recours à des «mécanismes de suivi et d’évaluation aux niveaux national, régional et local».

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