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Grand Angle

Diaspo #172 : Khalid Bouksib, la «subtilité» de la diplomatie pour servir les intérêts du Maroc    

Franco-marocain vivant entre le Maroc, la France et le reste de l'Afrique, Khalid Bouksib est sollicité par des entreprises françaises et marocaines. Pour lui, la diaspora marocaine à l’étranger peut être «mieux utiliser et mieux valoriser».

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Le Franco-marocain Khalid Bouksib. / DR
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Consultant et formateur, le Franco-marocain Khalid Bouksib est «pleinement Marocain, mais aussi pleinement Français», comme il se décrit lui-même. Né en 1980 à Mont-Saint-Aignan, commune située dans le département de la Seine-Maritime en région Normandie, en France, il voit le jour au sein d’une famille amazighe, originaire de Demnate. «Mon père travaillait chez Bouygues Construction, qui m’intéressait comme domaine. Ainsi, après avoir décroché mon baccalauréat littéraire, je me suis donc converti en faisant de l’économie de la construction», nous confie ce MRE, qui était à l’époque chargé par l’entreprise de la gestion de projets industriels et immobiliers. 

C’est d’ailleurs suite à cette expérience que Khalid Bouksib crée une société de formation et de conseils. «Comme ça me plaisait de recruter les collaborateurs et les former, car je gérais environs une cinquantaine de personnes, j’ai commencé à intervenir avec des conseillers et des consultants auprès des enseignes sous-traitantes, avec des formations en management, de stratégie», explique-t-il. L’entreprise passe ensuite à des «choses plus spécifiques, comme le développement à l’international».

De la formation et conseil à la politique et au monde diplomatique

Au fur et à mesures que son entreprise se développe, son réseau l’amène ainsi en diplomatie et en politique. Il s’engage ainsi, en 2007, dans la campagne des municipales au Havre, durant laquelle il rencontre Edouard Philippe, qui deviendra, par la suite, Premier ministre en 2017.

Une proximité qui ne lui procurera pas que des avantages. Elle amplifiera, en 2019, une altercation entre le Franco-marocain et un policier en civil. «Une anecdote triste que j’ai eu à vivre», commente-t-il. «En dehors de cela, de par mon travail, j’ai toujours réussi à renverser les choses. C’est celle qui m’a le plus affecté parce que je ne pensais pas avoir encore à expliquer que j’avais ma place dans la société et cela m’a profondément touché», ajoute-t-il.

Avec l'ex-premier ministre français Edouard Philippe. / DRAvec l'ex-premier ministre français Edouard Philippe. / DR

La politique française «fait basculer» Khalid Bouksib vers la politique américaine, où il a collaboré avec le Parti des jeunes démocrates américains. «L’un de mes amis était devenu le directeur de la première campagne pour Barack Obama. A la deuxième, mon ami était président du comité de soutien du président américain», se rappelle le MRE, qui effectue plusieurs déplacements aux Etats-Unis et est invité à la Maison Blanche en 2015 pour un séminaire avec une partie de l’équipe du président américain et des jeunes du monde entier.

Sa participation à une conférence internationale à Tanger et le développement de son entreprise à l’international, l'amènent finalement au Maroc, son pays d’origine.

«A force de conseiller des entreprises en France, des clients deviennent de plus en plus proches et des affinités sont créées. J’ai commencé donc à créer des séminaires au Maroc pour la promotion des investissements, pour contribuer à ma façon à la diplomatie marocaine et à son attractivité. Des entreprises marocaines me sollicitent désormais pour leur développement à l’international.»

Khalid Bouksib

Le lobbying, la diplomatie et la place de la communauté MRE

Le Franco-marocain se lance aussi dans l'écriture d'un livre avec Tony Jazz : «Comment se faire un réseau à partir de zéro» (Editions L’Harmattan, 2019). «Souvent, dans une rencontre professionnelle, le moment de se présenter reste particulier. J’avais tendance à chaque fois à expliquer mon parcours. Un jour, en sortant de la Maison Blanche, je me suis dit avec mon co-auteur qu’on va retracer ce qui nous amène ici», raconte-t-il à propos de la génèse de ce livre.

Celui-ci propose ainsi une méthode que Khalid Bouksib enseigne actuellement à l’Académie marocaine des études diplomatiques, rattachées au ministère des Affaires étrangères. «Je forme les futures diplomates et je leur enseigne, dans la partie lobbying, une méthode pour former un réseau», ajoute le MRE.

Pour Khalid Bouksib, le lobbying a toute sa place que ce soit au niveau des Etats ou des entreprises. «On le constate avec ce qui s’est passé cette semaine, avec la reconnaissance logique et normale des Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur Sahara et la normalisation des relations entre le Maroc et Israël», rappelle celui qui pense que «chaque citoyen marocain doit être, en quelque sorte, diplomate de son pays». Dans ce sens, il rappelle qu’il a lui-même contribué, entre 2012 et 2017, au rapprochement entre les villes de Tanger et le Havre.

«Il y a une nécessité de maîtriser la subtilité de la diplomatie», lance-t-il, en déplorant que «le sujet délicat à aborder est comment mieux utiliser la diaspora marocaine».

«On a une diaspora extrêmement bien structurée, fière et solidaire de son pays qu’on utilise très mal. Aujourd’hui, on a une vraie professionnalisation de la diplomatie au Maroc mais je trouve dommage qu’on ne s’appuie pas plus sur les MRE qui sont connectés à d’autres parties du monde.»

Khalid Bouksib

Pour le formateur et conseiller, «il y a une partie de la dynamique qui est délaissée» avec «cette diaspora qu’on peut mieux valoriser». Le plaidoyer de Khalid Bouksib offre un exemple concrêt de lobbying en faveur de la diaspora.

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