Les faits remontent à il y a deux semaines, le 11 avril dernier à Rabat lors d’une visite de travail de Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères et Annemie Turtelboom, ministre de la justice. Les deux diplomates sont venus au royaume pour rencontrer le Premier ministre marocain. Objectif : discuter de la coopération bilatérale.
Une interprète...une fois !
Cependant, la ministre belge va vivre un bien mauvais quart d’heure. Durant les échanges, le Premier ministre Benkirane ne va regarder et échanger qu’avec Didier Reynders ignorant totalement Annemie Turtelboom. «Abdelilah Benkirane ne semble pas concevoir qu’on puisse lui envoyer en audience une ministre de sexe féminin. (…) Pire, le Premier ministre marocain explique à son visiteur qu’il parle fort bien le français et qu’il était donc inutile de venir avec une interprète, souligne le site RTL.be. Benkirane a voulu faire une blague, une blague de mauvais goût qui choque la ministre comparée à une interprète. Pourtant elle est venue au Maroc pour discuter de sujets fondamentaux avec le ministre, notamment l’égalité homme/femme, les mariages forcés, ou encore le retour des condamnés à des peines de prison dans leur pays d’origine. Annemie Turtleboom est hors d’elle et est même sur le point de quitter le bureau. La seule chose qui la retiendra est qu’elle n’est pas seule et risque de mettre dans une mauvaise posture son collègue Didier Reynders.
L'interprète est une dame de fer
Même si cet incident fait sourire, il n’empêche qu’il s’agit bien d’une maladresse de la part d’Abdelilah Benkirane, souligne Yahya Yahyaoui, juriste belgo-marocain vivant à Liège contacté cet après-midi par Yabiladi. «Dans les relations entre les deux pays, c’est le Maroc qui a le plus à perdre. Abdelilah Benkirane doit revoir sa manière de parler à des femmes diplomates. Je vois cela comme plutôt un manque d’expérience de sa part car c’est la première fois qu’il est le chef du gouvernement marocain», déclare-t-il. De plus, le Premier ministre ne s’est pas attaqué à n’importe quelle ministre. Annemie Turtleboom est, d’une part, Flamande mais possède également une réputation de dame de fer. Elle est une ancienne ministre fédérale de la Politique de Migration et d’Asile et également une ex-ministre de l’Intérieur. «Elle a été en charge notamment des dossiers des sans papiers et a provoqué énormément de tort aux Marocains. Son parti est centriste mais il n’a pas hésité à s’allier avec un parti extrême», précise Yahya Yahyaoui.
Selon lui, cet incident ne va en rien changer la politique menée par la ministre belge ou avoir une quelconque incidence sur les relations belgo-marocaines qui sont déjà extrêmement solides. Néanmoins, ce qui est sûr c’est que désormais les Belges auront la certitude que le PJD est un parti machiste et non favorable à l’émancipation de la femme.