De Tanger à Paris, Francis N’Gannou, un migrant devenu un as du MMA

Il est présenté comme étant l’un des meilleurs professionnels des arts martiaux mixtes (MMA), dans la catégorie des poids lourds de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), organisation mondiale la plus importante de cette discipline. Mais avant de devenit une star de l’octogone, le Franco-camerounais Francis N’Gannou a eu un parcours mouvementé, commencé dans son pays natal, le Cameroun, en passant par le Maroc.

Sur son compte Twitter, il est récemment revenu sur son périple au Maroc. «C’était en décembre 2012. J’étais encore à Tanger, au Maroc, essayant de partir en Europe. Je dormais dehors dans les bois et je n’avais que les vêtements que je portais à ce moment-là», s’est-il rappelé. Mais il a surtout gardé le souvenir d’avoir eu «des rêves et de la confiance» pour les réaliser. «Ce sont mes plus grands atouts qui m’ont conduit de là où j’étais il y a 8 ans à où je suis aujourd’hui», a-t-il affirmé.

#throwbackthursday — This was in December 2012 I was still in Tangier, Morocco trying to find my way out to Europe. I was sleeping outside in the woods and I had nothing but the clothes I am wearing here. But I had dreams and confidence. (1/2) pic.twitter.com/K1GM5WKj1d

— Francis N’Gannou (@francis_N’Gannou) December 3, 2020

Dans sa ville natale au Cameroun, Batié, Francis N’Gannou a déjà vécu une enfance difficile, bien qu’il n’ait pas eu de difficultés à l’école. Il rêve alors de devenir architecte, mais se voit ensuite comme avocat, après un divorce parental. C’est l’élément déclencheur qui a bouleversé sa jeunesse, puisqu’adolescent, il a dû travailler dans une mine de sable. Mais parallèlement, l’enfant prodige cultive une passion particulière pour la boxe anglaise. Il admire notamment Mike Tyson.

Un parcours de Batié à Paris, en passant par Tanger

Ce n’est qu’à l’âge de 22 ans que Francis N’Gannou pourra commencer la boxe, à Douala. Voulant aller au bout de son rêve de devenir professionnel, il aspire à émigrer en France. Commence alors un long parcours du combattant pour rallier l’Europe, en traversant l’Afrique du Nord. C’est ainsi que l'actuel champion de MMA s'est retrouvé en 2012 au Maroc, sans accueil, sans couchage, sans eau ni nourriture, mais avec une volonté plus forte que toutes ces contraintes.

Francis N’Gannou traverse la Méditerranée à bord d’une barque, avec un nombre important de migrants de différentes nationalités. Il arrive en France en 2013, âgé de 26 ans. Il sillonne longtemps les rues parisiennes, qui lui servent de seul domicile de sans-abri. Mais les choses ont changé, lorsqu’il a été repéré par l’association humanitaire La Chorba, qui l’a pris en charge. Au sein de l’ONG, il participe aux activités de distribution alimentaire, mais s’aperçoit par ailleurs que les locaux sont proches d’une salle de MMA Factory.

Le champion est rapidement présenté à l’entraîneur principal, Fernand Lopez, qui lui propose de venir s’exercer gratuitement. En un temps court et malgré avoir commencé les disciplines de combat à un âge relativement avancé par rapport aux jeunes débutants leur carrière professionnelle, Francis N’Gannou a réussi à gravir les échelons.

Son parcours a récemment été relaté sur BJ Penn News, à l’occasion de ses victoires accumulées, où il compte à son actif des combats l’ayant opposé à d’autres grands noms du MMA, comme Curtis Blaydes, Cain Velasquez, Junior dos Santos ou encore Jairzinho Rozenstruik. En tant que professionnel, il compte de 2015 à ce jour 10 victoires, dont 9 par KO, contre 2 défaites seulement, avec 0 KO.

S’adressant aux jeunes, à ses fans et aux personnes qui le suivent, Francis N’Gannou, 34 ans aujourd’hui, a donné un conseil : «Ne laissez personne vous enlever vos rêves et votre confiance, ou vous dire que vous ne pouvez pas y arriver ou que vous ne pourriez pas le faire sans eux.»