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Grand Angle

Le Parlement européen condamne la détérioration des droits de l’Homme en Algérie

Le Parlement européen condamne à nouveau les violations des droits de l’Homme en Algérie. Au lendemain de l’adoption, en novembre 2019, d’un texte similaire, le général Gaid Salah avait crié à l’«ingérence étrangère».

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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune le 9 février 2020 à Addis-Abeba. / Ph Tiksa Negeri - Reuters
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Comme prévu, le Parlement européen a adopté ce jeudi 26 novembre une résolution d’urgence dénonçant la détérioration des libertés en Algérie. Une approbation qui fait suite au débat qu’a connu aujourd'hui l’institution européenne, consacré au même thème. Une majorité écrasante d’eurodéputés s’est prononcée en faveur du texte : 699 pour contre seulement trois voix.

Les parlementaires «condamnent fermement l’escalade des arrestations, détentions illégales et arbitraires, et du harcèlement juridique dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de l’Homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie», indique le document consulté par Yabiladi.

La résolution «invite les autorités algériennes à remettre immédiatement en liberté, sans conditions, Mohamed Khaled Drareni et tous ceux qui ont été détenus et inculpés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, que ce soit en ligne ou hors ligne, et à la liberté de réunion et d’association, y compris Yacine Mebarki, Abdellah Benaoum, Mohamed Tadjadit, Abeldhamid Amine, Abdelkrim Zeghileche, Walid Kechida, Brahim Laalami, Aissa Chouha, Zoheir Kaddam, Walid Nekkiche, Nourredine Khimoud et Hakim Addad.»

Difficile de pointer une machination du «lobby sioniste à la solde du Maroc»

Les eurodéputés «appuient la demande de Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, en vue de la libération urgente, compte tenu de la pandémie de Covid-19, de tous les prisonniers politiques et de toute personne détenue pour avoir exprimé une opinion dissidente». Ils invitent les autorités algériennes à «déverrouiller les médias et à mettre fin à toute arrestation ou détention de militants politiques, de journalistes, de défenseurs des droits de l’Homme ou de personnes qui expriment une opinion dissidente ou critique à l’égard du gouvernement».

Le texte souligne que «la transition politique en cours doit garantir le droit de tous les Algériens, quels que soient leur sexe, leur origine géographique ou ethnique et leur statut socioéconomique, y compris des Berbères, à participer pleinement au processus démocratique et à exercer leur droit de prendre part à la direction des affaires publiques, y compris en renversant la tendance au rétrécissement de l’espace dévolu à la société civile indépendante, au journalisme et au militantisme politique».

La résolution a déploré «la modification apportée au code pénal algérien en avril 2020 qui restreint la liberté de la presse, la liberté d’expression et la liberté d’association (…) en vue de mettre fin à la criminalisation de la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association».

Pour mémoire, le Parlement européen avait déjà voté, en novembre 2019, une résolution condamnant la détérioration des droits de l’Homme en Algérie. Un texte qualifié par l’ancien chef des armées le général Gaid Salah d’«ingérence» dans les affaires internes de son pays. Dans une allocution devant un parterre de militaires, il a souligné que «le peuple n’accepte aucune ingérence ou diktat et ne se soumettra à aucune tractation de la part de quiconque».

Reste à savoir quelle sera la voix qui portera l’«indignation» d’Alger contre ce nouveau texte, sachant que le président Abdelmadjid Tebboune est, depuis un mois, alité dans un hôpital en Allemagne.

La résolution de ce jeudi a recueilli presque l’unanimité des eurodéputés même les membres du groupe de la Gauche unitaire/gauche verte nordique, qui traditionnellement coordonnent avec les Algériens les actions en faveur du Polisario au Parlement européen.

Dans ces conditions l’APS aura du mal à accusé les 699 parlementaires qui ont approuvé le texte, d’être tous membre du «lobby sioniste à la solde du Maroc» au PE. Comme ce fut le cas en mai dernier lorsqu’un groupe d’eurodéputés avait sollicité de l'UE, dans une lettre adressée à Josep Borrell, de se focaliser sur la situation de la liberté de la presse en Algérie et les exactions commises à l’égard des journalistes.

En réponse à ce message, l’agence de presse officielle avait écrit que «l’alliance du Makhzen avec les milieux sionistes œuvre à empêcher que l'Algérie retrouve les chemins de la stabilité, de l’ordre, des droits et libertés et de la croissance».

Réaction outrée de l’Algérie

Après deux jours de silence, l’Algérie a répondu à la toute dernière résolution du Parlement européen condamnant la détérioration des libertés dans ce pays. Le département de Sabri Boukadoum a dénoncé «avec force son contenu outrancier» qui se résume à «un chapelet d'injures et d'avanies à l'endroit du peuple algérien, de ses institutions et de l'Etat algérien». L'Algérie «tient à apporter le démenti le plus méprisant à l'ensemble des accusations fallacieuses colportées au sein de l'hémicycle Européen et traduites par cette dernière résolution. Elle déplore la tonalité foncièrement haineuse et teintée de paternalisme de ce texte, qui dénote d'une hostilité avérée digne de la période coloniale de certains milieux européens à l'égard du peuple algérien et de ses choix souverains », souligne le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Article modifié le 28/11/2020 à 22h01

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