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Grand Angle

A Tanger, la société civile se mobilise contre un projet de construction dans la forêt de R’milat

Depuis quelques jours, la société civile à Tanger s’est mobilisée pour mettre fin au déboisement et la construction dans un terrain située dans la forêt R’milat. La bataille est certes gagnée, mais la guerre contre la déforestation ne semble pas être terminée.

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Photo d'illustration. / DR
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Après des jours de mobilisation et de pressions sur les autorités locales, la société civile à Tanger a réussi à stopper provisoirement un projet de construction en pleine forêt de R’milat, après avoir dénoncé le déboisement ayant concerné une parcelle de terrain. Le propriétaire de celle-ci s’apprêtait à y construire des villas, indique-t-on de source associative.

Depuis la semaine dernière déjà, l’Observatoire pour la protection de l’environnement et des monuments historiques (OPEMH) Tanger a alerté sur cette atteinte au domaine forestier, en condamnant et dénonçant un «crime odieux».

L’ONG a considéré que le déboisement de cette zone est «l’arbre qui cache une forêt de violations», rappelant plusieurs atteintes qui ont touché les forêts de Tanger et de ses environs. Elle a appelé les autorités concernées à «changer d'approche sur ce dossier», plaidant pour une «révision urgente du projet d’aménagement en cours pour la protection et la classification des espaces verts de la ville en tant qu’espaces naturels protégés».

Un projet suspendu, faute d’autorisation à jour

«Pour l’instant, le projet est à l’arrêt, suite à la mobilisation de la société civile mais aussi car l’autorisation de construction accordée, il y a quelques années, est devenue obsolète», nous rassure ce mercredi Abdelaziz Janati, président de l’OPEMH. «L’enquête a révélé aussi que la déforestation de la zone pour y construire des villas a duré plusieurs jours, compte tenu de la superficie concernée et le nombre d’arbres coupés», ajoute-t-il. De ce fait, la commission constituée par la Wilaya a conclu que «la procédure de déboisement n’a pas été respectée» et le propriétaire du projet a écopé d’une pénalité.

Le problème est toutefois loin d’être résolu, car «d’après le plan d’aménagement, le propriétaire peut construire, car la parcelle lui appartient», nous confie un autre associatif de la ville du Détroit. «A R’milat, la plupart des terrains sont privés et pour stopper ces constructions, il faut qu’ils deviennent publics et que l’Etat procède à une expropriation», plaide-t-il, en estimant que «cette zone ’est pas protégée». «L’espace forestier de Tanger souffre de plusieurs problèmes, comme les atteintes à ces espaces, les constructions anarchiques, les incendies volontaires…», regrette-t-il encore.

Mais pour l’OPEMH, «il s’agit d’un faux débat». «Etre propriétaire d’un terrain ne vous donne pas un droit absolu, sinon nous pouvons tous acquérir des parcelles et les construire en pleine forêt», abonde Abdelaziz Janati.

Punir sévèrement et protéger les forêts de Tanger

«Quelqu’un qui procède à l’achat d’un terrain dans une forêt sait très bien qu’il s’agit d’un espace vert, qu’il ne pourra se transformer», explique l’associatif. Celui-ci met ainsi en avant la «primature des droits communs, comme le droit à un environnement sain et le droit fondamental de respirer de l'air pur» sur le de propriété.

«Dans les forêts de Tanger, plus de la moitié de terrains sont privés. Cela est inconcevable, car ces espaces doivent appartenir à l’Etat ou à l’une de ses institutions. Ils auraient peut-être été cédés dans des conditions douteuses mais cela ne donne à personne le droit d’abattre des arbres ou de déboiser.»

Abdelaziz Janati

L’OPEMH plaide ainsi pour «la conservation de la nature de cette zone, qui a des spécificités écologiques et des rôles pour la ville». Son président rappelle que la forêt R’milat «est aussi proche du Parc Perdicaris, dans lequel la Wilaya investit pour l’aménager». «C’est un paradoxe que nous ne comprenons pas : au moment où l’Etat investit des moyens à Perdicaris, d’autres zones de la forêt sont investies par des constructions», dénonce-t-il encore.

Pour Abdelaziz Janati, d’autres zones forestières entourant la ville du Détroit sont aussi menacées. «La société civile dénonce de façon quotidienne, sans que cela ne fasse réagir, surtout que des arbres sont abattus quotidiennement dans d’autres zones, comme la forêt diplomatique ou la forêt du Rahrah», rappelle-t-il. L’occasion pour l’associatif de signaler que «des plaintes déposées sans suite», signe d’une «certaine passivité des autorités à réagir avec les atteintes aux domaines forestiers».

«Nous appelons donc à ce que l’Etat soit plus sévère quant à les violations de ce genre et les dysfonctionnements de la gestion du domaine forestier», conclut-il.

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