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Grand Angle

Administration Biden : Le retour de proches Obama, une menace pour les intérêts du Maroc ?

Sous le second mandat du démocrate Barack Obama (2013-2017),  les relations entre le Maroc et les Etats-Unis ont connu trois grands moments de crise sur la question du Sahara occidental et les droits de l’Homme. Avec Joe Biden, également démocrate, quelle sont les risques qui planent sur la relation entre Rabat et Washington ?

 

Publié
Barack Obama et Joe Biden en 2008 / Ph. Jim Bourg - Reuters
Temps de lecture: 3'

Le suspens a enfin prix fin. Malgré l'agitation du président sortant Donald Trump, son rival Joseph Robinette Biden a été élu 46è président des Etats-Unis d'Amérique. Le retour d'un démocrate à la tête de la première puissance mondiale, sera marquée par le retour d'anciens collaborateurs de Barack Obama à des hauts postes de responsabilité dans la nouvelle administration, notamment au Département d’Etat. Le nom de Susan Rice, ex-ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU et conseillère d’Obama à la sécurité nationale, est déjà pressenti pour succéder à Mike Pompeo.

Cette option pourrait raviver les craintes de Rabat sur ses intérêts à Washington. Selon les confidences d'une source sécuritaire à Yabiladi, l’impact de ce retour sur les relations entre les deux pays n'est pas inquiétant, affirmant que «Biden n’a pas le même parcours politique qu’Obama». L’ancien locataire de la Maison blanche avait pour mentor le sénateur Edouard Kennedy qui présidait alors le Centre Robert Kennedy des droits de l’Homme. D'ailleurs en septembre 2008, ledit Centre avait attribué son prix des droits de l’Homme à Aminatou Haidar, en présence du sénateur de l’Illinois de l'époque, un certain Barack Obama.

Trois acmés de crise

L'influence du mentor de l'ancien président démocrate avait perduré même après le décès d'Edwaed Kennedy (25 août 2009). Mais Biden n'a pas la même histoire et devrait agir selon les intérêts de son pays, assure notre source. Elle reconnait que cet «héritage» avait empoisonné les relations entre Rabat et Washington à trois reprise et celle qui est pressentie pour occuper le Département d'Etat avait joué le premiers rôle.

En avril 2013, quelques mois après le départ de Hillary Clinton du Département d’Etat, son successeur, John Kerry, avait donné son feu vert à la représentante permanente des Etats-Unis à l’ONU, Mme Susan Rice, de diffuser un projet de résolution aux membres du Conseil de sécurité sur le Sahara recommandant l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme.

Très remonté contre une telle initiative, la diplomatie royale avait pris les choses en main, dépêchant une délégation pour effectuer une tournée dans les grandes capitales mondiales. Mohammed VI avait également écrit une lettre à Barack Obama sur ce sujet. Le président avait alors répondu à la pression marocaine par une invitation au souverain à Washington.

Néanmoins ce dégel s’est avéré de courte durée. En septembre 2013, John Kerry publiait un rapport sur la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental, qualifié en son temps de «partial, réducteur et déséquilibré» par le gouvernement marocain.

La 3e crise remonte à mai 2016 avec la convocation de l’ambassadeur américain à Rabat par Nasser Bourita, alors ministre délégué aux Affaires étrangères, et le chef de la DGED Yassine Mansouri suite à la publication par le Département d'Etat d’un autre rapport sur les droits de l’Homme au Maroc.

L'embellie sous Trump

Après le départ d’Obama, les relations entre Rabat et Washington se sont apaisées. Le Maroc a d'ailleurs considérablement consolidé ses liens avec le Pentagone ces dernières années. Les contrats d’armements à coups de milliards de dollars (plus de 10 MM$ rien qu'en 2019) et le nouvel accord militaire de dix ans signé à Rabat le 2 octobre dernier, en sont les meilleurs expressions.

Outre ce rempart sécuritaire, le Maroc peut compter sur les services du cabinet de lobbying Glover Park Group, qui travaille depuis 2018 pour défendre les intérêts du royaume aux Etats-Unis. Le GPG a été lancé en 2001 par d’anciens conseillers de parlementaires du parti démocrate. L'un d'eux Michael Feldman était le chef itinérant du candidat démocrate Al Gore, ancien vice-président de Bill Clinton, aux présidentielles de 2000.

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