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Grand Angle

Maroc : La crise sanitaire cristallise les divisions au sein du gouvernement

Les salariés de l’USFP présumés non-déclarés à la CNSS ainsi que le dossier des lits de réanimation ont secoué, la semaine dernière, la majorité gouvernementale, en démontrant encore une fois les divergences entre ses composantes. Des clashs qui démontrent la fébrilité des partis au gouvernement à l'approche des élections législatives.

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Les chefs des partis de la coalition gouvernementale. / DR
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A l’approche des élections communales, régionales et législatives prévues l’année prochaine, les clashs s’exacerbent au sein de la majorité gouvernementale. En témoigne la polémique déclenchée au sein de la de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, entre le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle (PJD) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP) d’un côté, et la guerre des déclarations entre les ministres de l’Industrie et de la Santé.

La semaine dernière, lors d’un débat au sein de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre basse, Mohamed Amekraz a accusé l’USFP de ne pas déclarer des salariés au sein du siège de la Rose à la Caisse nationale de sécurité sociale. Pour entériner ses propos, le ministre, qui préside le conseil d’administration de la CNSS a assuré qu’il dispose d’un PV attestant cette violation, provoquant l’ire des députés socialistes.

PJD vs USFP sur les déclarations à la CNSS

Dans le brouhaha, les élus ont dénoncé un «mensonge» avant que le débat n'oppose Said Baaziz, élu de l’USFP et le ministre du travail. Hier, l’USFP en a remis une couche, affirmant à travers son quotidien Libération, qu’Amekraz a été «pris en flagrant délit de mensonge sous la Coupole» et qu’il «n’a pas hésité à accuser, sans présenter de preuves tangibles, l’USFP de ne pas avoir déclaré ses employés à la CNSS».

Pour damer le pion au PJD et son ministre, le quotidien a rappelé que le ministre lui-même «a été pris en flagrant délit pendant le confinement lorsqu’il a été révélé sur la place publique qu’il n’avait pas déclaré à la CNSS deux des employés de son cabinet à Agadir», pointant ainsi le doigt la bourde d’un responsable gouvernemental «censé défendre les droits des travailleurs et des employés».

Le fossé entre la majorité s’est davantage creusé avec la guerre des déclarations entre Moulay Hafid Elalamy et Khalid Ait Taleb sur les lits de réanimation «made in Morocco». La semaine dernière, le ministre de la Santé a affirmé, dans un entretien, que ces lits de réanimation fabriqués localement n'ont pas encore été homologués, soulignant qu'il faut d'abord s'assurer qu'ils prennent en compte la sécurité des patients en les soumettant à plusieurs tests.

Elalamy répond à Ait Taleb

Des déclarations laissant entendre un problème de compatibilité, et qui semblent avoir fâché le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économique verte et numérique. Intervenant devant la Commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants, Moulay Hafid Elalamy a apporté une réponse implicite à Khalid Ait Taleb, assurant que si les respirateurs et les lits de réanimation «made in Morocco» ne sont pas valables au Maroc, «ils le seront à l'étranger». Le ministre RNIste a mis en avant l’innovation chez les jeunes marocains face à cette pandémie, insistant sur leur besoin de soutien et d'assistance.

Elalamy a également reconnu le manque d'harmonie entre les membres du gouvernement. «Dieu merci que nous ne sommes pas homogènes», a-t-il lâché, en indiquant sa position contre un retour au confinement, qui serait «un désastre». «Si nous étions en harmonie, un ministre serait venu nous dire que nous devions confiner et nous aurions été d'accord avec lui», a-t-il ajouté, en rappelant qu’il faut «du courage pour dire qu’on n’est pas d’accord avec le confinement».

Les divergences criantes au sein de la majorité gouvernementale jetteront une ombre sur le vote du projet de Loi de finances 2021 cette semaine. Alors que le gouvernement table sur le soutien des élus de la majorité, notamment pour la validation de la contribution sociale de solidarité, les députés campent toujours sur leurs positions, appelant à amender ce point. L'année électorale qui s'annonce semble déjà dans toutes les têtes des parlementaires.

Article modifié le 09/11/2020 à 17h19

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