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Grand Angle

France : Les Marocains de Nice entre deuil et sentiment de révolte après l’attentat

Alors que les musulmans du monde ont célébré la fête du Mawlid, jeudi, un attentat à Nice a visé la basilique Notre-Dame de l’Assomption, mitoyenne au quartier cosmopolite de la ville où se côtoient toutes les confessions. Pour les Niçois d'origine marocaine, l’heure est au deuil partagé avec les familles des victimes.

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Dessin de Plantu sur le drame de Nice
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Jeudi matin, une attaque terroriste a visé l’église du centre-ville niçois, la basilique Notre-Dame de l’Assomption. Si l'auteur présumé de l'attaque au couteau a été hospitalisé en attendant son interrogatoire dans le cadre de l’enquête en cours, les Niçois, eux, restent sous le choc. Le bilan de l'attentat est de trois morts et plusieurs blessés. Les pensées aux victimes et à leurs familles ont rouvert en effet la plaie de l’attentat du 14 juillet, qui n’a pas encore été pansée. C’est le ressenti que partagent les Niçois d'origine marocaine.

Adjointe au maire, conseillère métropolitaine et départementale, le témoignage de Fatima Khaldi, contactée par Yabiladi ce jeudi, est teinté d’«une profonde tristesse». «Nous sommes sous le coup d’une grande émotion et je voudrais tout d’abord avoir une pensée aux victimes ainsi qu’à leurs familles», nous confie-t-elle sur un ton grave.

La responsable locale dit avoir «appris ce matin l’attentat à travers la radio, en route pour [se] rendre au travail» à la mairie. «Nous avons à peine pansé la plaie de l’attentat du 14 juillet 2016 que nous vivons ce moment atroce. L’attentat sur la Promenade des Anglais continue de nous marquer», a-t-elle déclaré.

«J’ai entendu parler d’abord d’un éventuel attentat, on ne savait pas encore précisemment, puis vient le choc : c’était réellement une attaque. J’ai été ensuite attristée et révoltée – je le suis encore – que cela arrive à Nice à nouveau.»

Fatima Khaldi

Une nouvelle plaie des attentats ouverte à Nice

«Nous avons subi ces évènements dans note chair, en tant que Niçois», a encore souligné la Franco-marocaine. Pour elle, «toute la France a montré sa solidarité aujourd’hui, mais en temps de deuil qui doit être respecté, l’attentat est encore trop récent pour annoncer d’autres actions de communion qui pourront se faire».

Travaillant au siège d’une banque à quelques mètres de l’église visée, Karim Benameur, lui, a vécu l’attentat d’aujourd’hui en temps réel depuis son bureau. «Vers 9h05, un passant est venu en disant au début qu’il y avait une fusillade», se rappelle-t-il. Le banquier raconte à Yabiladi que dans la foulée, les locaux de l’entreprise ont été fermés et les salariés regroupés, avec l'angoisse de l'évolution de la situation.

«Ce moment était très stressant pour nous tous, car il nous a rappelé beaucoup de choses d’un seul coup, la fusillade du Bataclan, l’attentat du 14 juillet à Nice…», nous confie-t-il. «Nous avons su à travers les informations télévisées qu’il s’agissait d’une attaque au couteau, avant d’entendre des détonations, deux ou trois, sans savoir de quoi il s’agissait», a déclaré Karim.

Faire triompher le vivre-ensemble niçois contre la haine

Dans la foulée de l’intervention des forces de l’ordre pour maîtriser l’assaillant, la police niçoise a en effet procédé à des opérations préventives de déminage, dans les alentours de l’église. «En apprenant la décapitation d’une personne», Karim a d'abord pensé aux victimes et leurs proches. Puis l'inquiétude est devenue plus personnelle : «Lorsqu’on fait partie de la communauté musulmane de la ville, on se sent très concernés, avec les tensions actuelles dans le pays concernant l’islam et quand on entend des gens commettre des actes barbares».

«Je suis révolté de voir ces drames se répéter. On est stigmatisé en tant que musulmans, pour des attentats que nous dénonçons. On nous assimile à ces individus, alors que nous souhaitons vivre en harmonie, en paix et protéger nos proches.»

Karim Benameur

L'attaque terroriste de 2016 est toujours dans les esprits. «Nous avons tous eu un proche ou une connaissance touché le 14 juillet, qui ne faisait la distinction entre aucune communauté. La première victime était d’ailleurs une mère de famille marocaine. Tous les mauvais souvenirs sont remontés en entendant les tirs ce matin», explique le Franco-marocain.

Pour Karim Benameur, comme en 2016, c'est l'ensemble des Niçois qui sont touchés. L'attentat perpétré dans cette église ce jeudi matin se situe près «du quartier arabe où une grande communauté musulmane vit en harmonie avec les Niçois de toutes confessions». Il met en garde contre «les politiques voulant délibérément amalgamer les terroristes avec la communauté musulmane de Nice qui souhaite simplement vivre en harmonie».

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