C’est lundi dernier 16 avril, à la Chambre des représentants à Rabat que la question du sort des Marocains condamnés à mort en Irak est remontée à la surface. C’est un membre du Parti de l’Authenticité et de la Modernité qui a interpellé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, sur leur situation actuelle, d'autant qu’en octobre dernier, un ressortissant marocain a été exécuté en Irak, une exécution qui n’a pas fait beaucoup d’échos dans la presse marocaine.
12 Marocains en attente d’être exécutés par pendaison
Mais Saad Eddine El Othmani a tenté de rassurer. Il a répondu que le Maroc suivait de près la situation de ces ressortissants marocains et qu’il est intervenu auprès du ministère irakien des Affaires Etrangères pour suspendre l’application de cette peine. Il a ajouté qu’il avait proposé à son homologue de transformer la peine de mort en peine d'emprisonnement et de rapatrier ces ressortissants au Maroc pour y purger leur peine, a souligné la MAP.
Mais la grande question qui reste en suspens est de savoir à combien s’élève le nombre de Marocains risquant la peine de mort en Irak. Ils sont 12 d’après les chiffres donnés par le ministre des Affaires Etrangères relayés par le journal marocain Libération. Le ministre n'a pas précisé les raisons de ces condamnations. Yabiladi a tenté de le joindre pour en savoir plus, mais sans succès. Ce que l'on sait est que Saad Eddine El Othmani a réclamé auprès des autorités irakiennes des chiffres plus récents sur le nombre de prisonniers marocains détenus dans les geôles du pays. Ce qui pourrait émettre comme hypothèse qu'il pourrait y avoir plus de 12 condamnés à mort.
Manque de transparence
Cette situation inquiète sérieusement les organisations des droits de l’homme au Maroc. «Le grand problème auquel nous devons faire face est le manque d’informations que nous avons sur ces prisonniers. Combien sont-ils en réalité ? Pourquoi ont-ils été condamnés à la peine de mort ? On ne peut pas vraiment le savoir. Même nos collègues des associations des droits de l’homme en Irak ne peuvent pas exactement nous donner des informations précises et entrer en contact avec eux. Une situation qui est très lourde à supporter pour les familles qui n’ont plus de nouvelles de leurs proches partis vivre en Irak», explique Amina Bouayach, présidente de l'Organisation Marocaine des Droits Humains, contactée ce matin par nos soins.
Ce manque de transparence sur le nombre de prisonniers en Irak est également partagé par la Coalition mondiale contre la peine de mort à Paris qui nous a fait savoir qu’elle aussi avait des difficultés à avoir accès aux statistiques officielles, aux décisions judiciaires ordonnant une peine de mort en Irak mais également à l’identité et la nationalité des personnes condamnées à mort.
68 exécutions en Irak en 2011
Par contre ce dont l’ONG est sûre c'est que le nombre des condamnations à mort a augmenté dans le pays. D’après les chiffres d’Amnesty International datant du 27 mars 2012, 676 exécutions ont eu lieu dans le monde en 2011, dont 68 en Irak. Parmi ces 68 exécutions, il faut compter un Marocain. «Concernant les Marocains condamnés à mort en Irak, nous savons qu’un ressortissant marocain a été exécuté le 27 Octobre 2011. Il s’agit de Badr Mohamed Ali, un Marocain âgé de 29 ans et qui a été condamné en 2008.», déclare Aurélie Plaçais, Coordinatrice des campagnes de la Coalition mondiale contre la peine de mort qui n’a pas pu préciser de quoi était accusé ce ressortissant marocain. Libération évoque de son côté une condamnation à mort pour terrorisme.
Mais ce qui est encore plus préoccupant c’est que depuis le début de l’année 2012, 69 personnes ont déjà été exécutées en Irak.