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Grand Angle

Banque mondiale : Récession de 6,3% et déficit budgétaire de 7,6 % du PIB pour le Maroc

Dans son rapport publié lundi, la Banque mondiale a revu ses perspectives pour le Maroc. Ainsi, à cause de la pandémie et des effets de la mauvaise pluviométrie sur le secteur agricole, l’institution prévoit que le PIB réel se contracte de 6,3% en 2020 tandis que l’extrême pauvreté augmentera légèrement.

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Des Marocains portant le masque, dans une rue de la vieille ville de Tanger, le 14 juillet 2020. / Ph. Fadel Senna - AFP
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En raison du double choc, intérieur et extérieur, résultant de la crise de COVID-19, l’économie marocaine devrait connaître une profonde récession, sa première depuis 1995, a estimé lundi la Banque mondiale. Dans un rapport intitulé «Commercer ensemble : vers une relance de l’intégration de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’ère post-Covid», l’institution a rappelé que l’assainissement des finances publiques marocaines a été interrompu compte tenu des pressions sur les dépenses et du ralentissement de l’activité économique.

Ainsi, «la réduction des envois de fonds, des activités touristiques et des IDE ainsi que la baisse significative des exportations ont une incidence négative sur la position des paiements extérieurs», estime-t-on, en prévoyant un redressement progressif de la croissance bien qu’une «grande incertitude entoure le rythme et la durée de la reprise».

Dans son rapport, l’institution financière rappelle que la pandémie a «frappé l’économie marocaine dans un contexte de faible croissance économique, laquelle est inférieure au potentiel et limitée par une faible productivité». La période de perturbation et de confinement ayant été beaucoup plus longue (près de trois mois) au deuxième trimestre 2020, la production économique s’est considérablement contractée au deuxième trimestre 2020, reculant de 13,8 % par rapport à une augmentation de 0,1 % au premier trimestre 2020.

La Banque mondiale décrit des industries manufacturières en recul notable de 6 % au premier semestre 2020, de nombreux secteurs ayant arrêté leurs activités à la mi-mars et un secteur des services en recul considérable de 5 % au premier semestre 2020. L’occasion de citer aussi l’aggravation du chômage, la baisse des recettes touristiques (-33,2 %) et des envois de fonds de l’étranger (-8,1 %) et le déficit de recettes fiscales de 8,3 %, ce qui a creusé le déficit budgétaire.

Un déficit budgétaire global de 7,6 % du PIB

Dans ce contexte, la Banque mondiale prévoit que le PIB réel du Maroc va se contracter de 6,3 % en 2020, principalement en raison de la pandémie de Covid-19, mais aussi des effets de la mauvaise pluviométrie sur le secteur agricole. A l’exception de la consommation publique, toutes les composantes de la demande globale devraient diminuer considérablement.

«À moyen terme, la reprise économique sera probablement tirée par le retour au taux de croissance historique de la production agricole alors que le secteur non agricole se relèvera lentement dans le sillage d’un redémarrage progressif de l’activité. Le redressement du secteur du tourisme pourrait être plus lent, car les préoccupations concernant les vagues ultérieures de Covid-19 et la diminution des revenus des ménages pourraient plomber la demande mondiale dans ce secteur.»

Banque mondiale

De plus, «le déficit du compte courant devrait se creuser à 9,9 % du PIB en 2020, avant de diminuer à moyen terme», poursuit le rapport qui rappelle que «le choc extérieur a entraîné une forte régression des importations, des exportations, des recettes touristiques et des envois de fonds». «Bien que les importations (à l’exception des produits alimentaires) diminuent, cela ne compensera pas entièrement la baisse des exportations et des recettes touristiques», alerte les auteurs du rapport.

Sur le plan budgétaire, l’institution financière dit s’attendre à ce que les revenus soient «inférieurs aux prévisions en 2020 et 2021, tandis que les dépenses devraient augmenter en 2020 en raison des dépenses supplémentaires liées aux mesures de riposte à la Covid-19». De ce fait, «le déficit budgétaire global s’élargira pour atteindre 7,6 % du PIB en 2020» alors que la dette de l’administration centrale devrait monter à 78,9 % du PIB en 2022.

De plus, pour l’année en cours, «l’extrême pauvreté (seuil de pauvreté international de 1,90 dollar en PPA) augmentera légèrement, mais restera en dessous de 1 %, tandis que la pauvreté mesurée avec un seuil de 3,2 dollars en PPA augmentera de 1 point de pourcentage en 2020 pour atteindre 6,2 %».

L’institution prévoit aussi que le taux de vulnérabilité à la pauvreté de la population passe de 24,4% à 27,5%. Mais «l'augmentation prévue des dépenses sociales assortie d’un meilleur ciblage peut accélérer le rythme de réduction de la pauvreté», espère la Banque mondiale.

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