Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, qui vit exilé en Mauritanie depuis son adhésion en automne 2009 au plan d'autonomie proposé par le Maroc, a écrit une lettre pleine d’éloges adressée au maire de Laâyoune. L'ancien chef de la sécurité des camps de Tindouf exhorte Hamdi Ould Errachid à assumer la responsabilité d’être le leader des Sahraouis.
«Veuillez bien inviter ce qui reste de nos notables et nos symboles à élaborer une initiative à même de sauver la face de ceux qui se sont égarés du chemin», souligne-t-il. Mustapha Salma est réellement persuadé que le parlementaire et actuellement l’homme fort au sein de l’Istiqlal est la personne la mieux qualifiée pour mener à bien cette mission.
«Vous êtes capable (…) de rendre à chaque Sahraoui sa dignité et sa fierté. Vos cousins et vos proches du littoral, de l’Est, du Nord et du Sud ont besoin aujourd’hui de leaders de votre statut à même de les unifier.»
Pour Mustapha Salma, chaque Sahraoui aimant défendre ses proches ne peut que «se mettre au service de ce noble objectif, seuls les ennemis de cette société ne rejoindront pas» ce projet.
Exhumer le Parti d’Union Nationale Sahraoui ?
«Le choix qui s’est porté sur Hamidi Ould Errachid ne relève pas du hasard. C’est un grand responsable, un cheikh de tribu, un élu d’un parti historique au Maroc qu’est l’Istiqlal, et qui jouit d’une forte assise populaire. Il a également une légitimité pour mener à bien cette initiative», explique Mustapha Salma dans une déclaration à Yabiladi. Et d’ajouter que «le Maroc a besoin actuellement d’un partenaire de paix et le Polisario ne peut jouer ce rôle». «Le contexte actuel dans la province reste ouvert et ressemble à celui qui prévalait au début du conflit» durant les années 70, explique-t-il.
On apprend, par ailleurs, que la lettre en question intervient alors que le Sahara connait une reprise de l’action politique, longtemps en rade. Le Mouvement Sahraouis pour la paix, malgré les erreurs relevées lors de son congrès du 3 octobre, a contribué à cette dynamique.
Mustapha Salma et d’autres notabilités politiques, financières et surtout tribales n’entendent pas rester à l’écart de ce nouveau contexte et veulent revenir sur la scène par une nouvelle initiative. Ils ne sont pas les seuls à nourrir cette d'ambition, d’autre souhaitent une relance du projet du parti d’Union nationale sahraouie (PUNS), fondé en 1974 sous occupation espagnole par Khelihenna Ould Errachid (l’actuel président du CORCAS) et le frère de Hamdi Ould Errachid, encensé par Mustapha Salma dans sa lettre. Contrairement au Polisario, le PUNS ne s’est jamais prononcé pour l’indépendance du territoire mais a défendu plutôt l’option de l’autonomie.
Après la Marche verte du 6 novembre 1975, cette formation a disparu du paysage politique mais a pu garder une présence dans la province, notamment auprès des Sahraouis recensés par les autorités de Madrid en 1974. Son fondateur, appelé par Hassan II à assumer de hautes responsabilités à Rabat, avait cédé la gestion du parti à Diyya Ould Ennoucha, un notable sahraoui.