Menu

Grand Angle

Affaire Omar Radi : Fin de la confrontation entre les deux parties

A l’issue d’une séance de près de huit heures, la confrontation entre les journalistes Omar Radi et Hafsa Boutahar dans le cadre de la plainte pour viol de cette dernière a pris fin. De nouveaux avocats ont rejoint la défense. Mais en attendant les suites de la procédure, la plaignante réitère ses appels au respect du secret de l’instruction.

Publié
Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 3'

Le journaliste Omar Radi a été entendu, ce mardi par le juge d’instruction de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. La séance a été consacrée à une confrontation entre lui et la plaignante, sa collègue Hafsa Boutahar, qui l’accuse de viol et d’attentat à la pudeur. En marge de la séance de ce mardi, le Comité de soutien à Omar Radi a tenu un sit-in devant l’entrée du tribunal, appelant à la libération du journaliste et à l’abandon des poursuites à son encontre.

Une prochaine séance est toutefois prévue le 5 novembre, «afin d’entendre les personnes qui ont fait des déclarations», selon Me Miloud Kandil, avocat membre de la défense. D’ici-là, le journaliste Imad Stitou «pourrait être convoqué à tout moment par le juge d’instructions, qui devrait l’interroger en tant que suspect et non pas témoin», a déclaré l’avocat à Yabiladi.

Une prochaine audience pour recouper les déclarations

Le collègue d’Omar Radi et de Hafsa Boutahar a également été poursuivi, la plaignante l’accusant de «faux témoignage et non-assistance à personne en danger», après ses déclarations sur le fait d’avoir assisté au viol présumé. Selon la défense, «le tribunal pourrait également envisager des confrontations entre des témoins et les parties du procès, en cas de contradiction dans les déclarations».

L'élément nouveau à ce stade du procès, d’autres avocats se sont joints à la défense, en marquant leur présence aujourd’hui au tribunal. Me Kandil indique qu’«ils sont désormais au nombre de 12 environ», dont Me Mohamed El Ghelloussi et Me Mohamed Messaoudi, respectivement avocats au barreau de Marrakech et de Casablanca.

Mais pour Me Fatima Zahra Ibrahimi, membre des avocats de la partie civile, «cet élément n’est censé changer en rien les suites de la procédure légale, puisqu’au sein même de cette confrontation, les représentants des deux parties ont chacun posé des questions à l’une et à l’autre». «Ce qu’il y a en ce moment, c’est une information judiciaire supervisée par le parquet, conformément aux dispositions pénales relatives au viol et à l’attentat à la pudeur», affirme l’avocate, soulignant qu’«en toutes circonstances, qu’il y ait un avocat ou plusieurs, les dispositions de la procédure pénale restent les mêmes».

L’avocate au barreau de Casablanca estime que cette mobilisation s'est faite «en fonction de l’appartenance partisane des avocats». Selon elle, la prochaine audience prévoira d’«écouter le directeur du site Le Desk et son épouse, puisque les faits objet de la poursuite se sont déroulés à leur domicile». «En dehors de cela, la loi nous oblige à ne pas divulguer de détails sur les éléments du dossier, car ils sont encore sous le secret de la procédure pénale», souligne encore Me Ibrahimi.

Un respect du secret de l’instruction en question

A l’issue de la confrontation avec Omar Radi et en attendant une éventuelle convocation d’Imad Stitou, Hafsa Boutahar rappelle pour sa part que son affaire reste «en premier et en dernier lieu une question de dignité et de rendre justice à une femme victime de viol». «Dans une société conservatrice, la parole publique des femmes compte, à tous les niveaux. Mais dès qu’il s’agit d’une affaire de mœurs, elles restent encore les premières dont la parole est mise en doute, voire attaquée, parce que nous n’avons pas encore brisé le silence sur le viol qui est encore considéré comme non-dit», a-t-elle déclaré à Yabiladi.

«C’est moi qui ai porté plainte parce que je suis victime ; et c’est moi que des médias internationaux et même certains nationaux, voire une partie des associations féministes marocaines et quelques défenseurs de droits humains, diffament et lynchent», a déploré la journaliste, confiant à Yabiladi vivre «avec cette pression quotidienne et avec le poids de voir [sa] dignité bafouée, avec des conséquences sur [sa] famille».

«J’essaye autant que possible de ne jamais divulguer les éléments de cette enquête car c’est une obligation pénale. Mais plusieurs parties et médias en profitent pour désinformer sur des détails encore objet d’une information judiciaire, ou faire dire que c’est une affaire politique, alors qu’il s’agit d’une affaire de viol.»

Hafsa Boutahar

Pour Hafsa Boutahar, «un militant ou journaliste n'a pas de totem d'impunité, surtout lorsqu’il s’agit d’accusations aussi lourdes que le viol». La journaliste plaide pour un traitement médiatique «plus neutre» de ce procès, face aux «obligations du secret et d’équilibre que la phase d’instruction implique».

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com