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Grand Angle

GMT : Le Maroc à l'heure du "Ramadan light"

Pour un pays comme le Maroc, importateur de la quasi totalité de ses besoins énergétiques, le passage à l'horaire GMT+1 était de bon augure dans la maîtrise de sa consommation électrique. Aujourd’hui, retournement de situation, on repassera à l'horaire GMT le 1er septembre, soit avec 28 jours d'avance sur le planning prévu par le gouvernement et validé par le Roi.
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Les opérateurs économiques ont du mal à comprendre la soudaineté de ce revirement, alors qu'un consensus avait accompagné cette mesure. Celle-ci avait l'avantage notamment de réduire la consommation électrique du pays, évitant ainsi les délestages, mais aussi de se caler sur les horaires de bureaux des donneurs d'ordres en Europe. Les entreprises ne pouvaient que mieux apprécier cette mesure gouvernementale.

L'Office National de l'Electricité (ONE) et le Ministère de l'Energie et des Mines ont été les principaux promoteurs de ce changement d'horaire. Le retard que le pays avait enregistré dans l'investissement pour la production électrique a mis à mal la réserve de sécurité. Le nouvel horaire aurait ainsi permis une économie d'énergie de 80 MW (soit la consommation électrique d'une ville comme Meknès) révèle Khalid Tritki, dans le Soir Echos. Normalement le bilan de cette mesure aurait du être publié avant la fin de la période de test pour décider si un passage généralisé au fuseau horaire GMT+1 serait bénéfique pour le pays.

On peut donc difficilement comprendre la brusque décision de Mohamed Abbou, ministre de la Modernisation des Secteurs Publics, de revenir à l'horaire normal dès le 1er septembre. Lui-même se défendait de tout changement il y a encore une semaine. « Ramadan ne changera rien à la décision et l'horaire d'été sera maintenu jusqu'à fin septembre», affirma-t-il dans les colonnes du Soir Echos du 18 août.

On peut facilement imaginer que de longues tractations et débats ont eu lieu entre les différents ministères concernés (Energie, Modernisation des secteurs publics, Commerce et industrie ou Habbous). De toute évidence le ministère des Habbous et des Affaires Islamiques a eu le dernier mot puisque le confort des jeuneurs du mois de Ramadan a été privilégié aux économies d'énergie.

D'aucuns y verraient la victoire du religieux sur l'économie. Parlons plutôt d'un amateurisme dans les prises de décisions gouvernementales. Si le Ramadan posait un problème avec l'horaire d'été, il aurait été simple de le prévoir dès le départ et de fixer la date de fin le 1 septembre. Aucune polémique n'aurait alors été soulevée, aucune cacophonie entre ministères n'aurait eu lieu, et enfin aucune surprise n'aurait pris de court les acteurs économiques.

Revenons tout de même sur l'argument du jeûne pendant le mois de Ramadan et les horaires tardifs du « ftour ». Sommes-nous, nous marocains, trop faibles pour avoir peur de la rupture du jeûne décalée d'une heure ? Comment font les millions de musulmans dans des pays comme la France qui sont encore à GMT+2 ? Certains prétexteront qu'au Maroc la chaleur sera insupportable en ce mois de septembre. Soit, mais qu'en sera-t-il dans 2 ans ou 3 ans quand le ramadan ne sera plus en septembre mais en plein mois de juillet et août ? Que dire aux musulmans vivant en Arabie Saoudite qui jeûnent sous un soleil de plomb ? Le ramadan est justement un mois d'épreuves afin d'apprendre à apprécier ce que Dieu nous offre et vivre ne serait-ce qu'un petit mois, la condition des moins chanceux que nous.

Au Maroc, notre ministre de la Modernisation et celui des Habbous, se sont entendus pour nous offrir un « ramadan light ». Les dix prochaines années nous aurons surement droit à un moratoire afin de suspendre le jeûne qui tombera pendant en été. Au delà d'un ministère de la Modernisation, nous aurions surtout besoin d'une modernisation du ministère des Habbous et accessoirement d'un peu plus de courage politique.

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