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Grand Angle

Diaspo #163 : Zineb Zellag, une Marocaine du Québec pour l’inclusion à travers l’université

Habituée aux voyages avec ses parents, Zineb Zellag a fini par jeter l’ancre au Canada. Depuis dix ans, elle vit au Québec, où elle s’est fait connaître dans le milieu académique pour ses initiatives en faveur d’une nouvelle dynamique culturelle et universitaire moins communautaire, plus inclusive.

Publié
Zineb Zellag / DR.
Temps de lecture: 4'

Vivant aujourd’hui à Montréal, Zineb Zellag allait tracer son chemin entre le Maroc et la France, où elle s’est installée à 18 ans pour ses études universitaires. Casablancaise de naissance et de cœur, elle a en effet obtenu son baccalauréat au Maroc, puis elle a rejoint la Sorbonne à Paris, pour un cursus en économie.

Dans un contexte marqué par de nombreuses grèves en France, elle se décide à suivre ses parents au Canada. «Mais en arrivant en 2010, j’ai découvert là aussi de grandes grèves estudiantines», s’exclame-t-elle. Cependant, Zineb Zellag s'acclimate rapidement dans son nouvel environnement québécois.

Zineb a souvent accompagné ses parents en Amérique du Nord pour des vacances en famille ou entre amis, ce qui lui a permis de développer une certaine connaissance du Québec. «J’ai eu la chance de voyager beaucoup avec mes parents quand j’étais enfant, donc je ne vivais pas le changement de continents comme une sorte de choc», se souvient la chercheuse.

Décloisonner les communautés qui font le tissu social québecois

Zineb Zellag arrive au Québec avec une malle de souvenirs d’enfance, qui lui ont notamment permis de garder attache avec son pays d’origine. «Au Maroc, mon père a longtemps travaillé dans l’audiovisuel, la production et la distribution musicale. J’en ai donc gardé un goût particulier pour la musique marocaine des années 1960 et arabe classique, notamment Mohamed El Hayani, Oum Kalthoum et Fayrouz», nous confie-t-elle. Cette mémoire musicale lui permet de conserver un lien affectif, mais la nouvelle venue au Québec découvre aussi une gestion plutôt communautaire de la chose publique ou des questions socio-culturelles.

Loin de se retrancher dans une forme de communautarisme, Zineb Zellag prend rapidement les devants. En rejoignant l’Université de Montréal, elle se souvient d’abord avoir réalisé un premier rêve, en changeant de filière pour évoluer dans les sciences politiques. Elle décide par ailleurs de monter une association avec ses amis, «ouverte sur le monde dans sa globalité». Le projet lui «tenait à cœur» et s’est concrétisé en 2015, avec la création de l’Association MENA-UdeM.

«L’idée de créer cette association est parti d’un constat qu’il y avait beaucoup plus de choses à partager de manière académique et universitaire autour de ce qui nous rassemblait culturellement et qui a fait rencontrer plusieurs nationalités de notre région, mais qui s’ouvre et implique aussi des Québécois, afin de décloisonner des communautés qui appartiennent finalement à la même société.»

Zineb Zellag

Zineb est tout de suite ravie de la curiosité que les évènements de son association ont suscité au sein des différentes communautés présentes dans son université. Dans sa démarche, l’idée a été également de «décloisonner les populations issues de l’immigration et inclure les étrangers, pour repenser nos rapports ensemble en dehors du communautarisme, en nous disant qu’il y avait d’autres manières plus inclusives qui nous permettent de garder des liens avec nos origines».

Des conférences s’organisent autour du Printemps arabe, rassemblant des intervenants de marque, issus de différents pays ayant vécu des bouleversements politiques et sociaux. L’association tient aussi des ateliers de danse et de calligraphie.

«Même les enseignants découvraient au fur et à mesure cette initiative et il y a eu de leur part cet engouement d’y participer, puisque plusieurs parmi eux travaillaient déjà sur la région MENA, mais sans trouver facilement une plateforme où ils peuvent partager et mieux faire connaître leurs travaux de recherche», se rappelle Zineb avec fierté.

«Nous avons essayé de faire les choses le plus sérieusement possible pour nous éloigner justement des clichés, ouvrir les cercles communautaires et proposer quelque chose qui va faire participer tout le monde.»

Zineb Zellag

Une approche de sciences sociales entre le Québec et le Maroc

Zineb préside son association au cours des deux premières années. Bien que passionnée et pleinement investie dans un projet qui a été son «bébé», elle décide de passer le flambeau. «J’essaye aussi de laisser la nouvelle relève travailler à sa manière, car elle fait aussi de très belles choses et c’est tout autant une fierté pour moi», déclare-t-elle, rendant hommage aux bénévoles de différentes nationalités qui ont participé aux projet et à l’organisation des rencontres de la structure.

La Marocaine découvre par ailleurs le monde de la coopération internationale, au cours d’un stage d’études qui l’a menée en Tunisie et qui l’a profondément marquée. Aujourd’hui en deuxième année de doctorat, elle s’intéresse plus particulièrement à la gestion religieuse et se passionne pour les sciences humaines. «En Amérique du Nord, nous avons cette liberté de pouvoir changer de direction quand on veut et comme on peut, dans le domaine académique», souligne-t-elle, constatant qu’«on peut reprendre des études avec plus de facilités et avec moins de pression sociale autour de cela».

Il y a trois ans, les parents de Zineb ont décidé, de leur côté, de se réinstaller au Maroc. Mais avec ses deux frères cadets, elle est restée à Montréal. Elle se concentre actuellement sur sa thèse au sujet de «la politique religieuse du Maroc et l’enseignement de l’islam, ainsi que les réformes des structures religieuses marocaines, notamment au niveau des programmes de la formation des imams et des morchidates».

Cet intérêt, pour Zineb, constitue un prolongement logique de ses centres d’intérêt dès ses premières années à l’Université de Montréal.

«J’ai longtemps été intéressée par les questions religieuse en général. Plus je m’y intéressais, plus je me rendais compte de la diversité religieuse de notre région MENA. Je découvrais chaque jour de nouvelles minorités et de nouveaux courants que l’on connaît peu, mais qui font bien partie de nos réalités et de notre histoire régionale.»

Zineb Zellag

Son intérêt s’est porté plus particulièrement sur le Maroc, «peut-être vu ce besoin de comprendre continuellement ce qui se passe dans [son] pays, où la question reste d’actualité». Pour l’instant, Zineb Zellag souhaite rester dans la ville de Montréal qu’elle «aime beaucoup», mais n'écarte pas un retour éventuel au Maroc.

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