Il faut de l’amour pour faire de la médecine, soulager les maux, absorber le stress des patients et enfin les guérir. Comme il faut de la compétence et des encouragements salariaux, comme la rémunération des gardes d’une part et des sanctions pour fautes ou non-assistance à personne en danger d’autre part, afin de créer un climat de justice aussi bien pour les soignants que pour les soignés.
Ce qui m’inquiète et me met en colère, c’est le devenir des femmes pauvres qui doivent être soignées et qui sont traînées de rendez-vous en rendez-vous, laissant ainsi des fibromes grandir et détruire leur utérus, ou des cancers se propager pour détruire leur vie et leur famille.
Les intentions et plans d’actions se fracassent sur l’autel de la réalité cruelle de la mortalité des nouveau-nés ou ceux des conditions de vie des handicapés à vie à cause d’un accouchement malheureux.
Le changement tant espéré ne se fera qu’à travers les générations à venir qui refuseront de cohabiter avec l’injustice et de l’accepter. Ce combat civilisationnel demande de la patience, de la science et de l’action.
Beaucoup de personnes décrient les services rendus dans le secteur public marocain. Si on commençait à détecter les principales causes pour les traiter, la paix sociale s’en trouverait assurée, croyez-en mon expérience…
Comme partout, le problème des soignants est devenu récurrent, les départs à la retraite ne sont pas remplacés et la charge de travail est soutenue.
Il y a quelques mois, j’ai eu une conversation avec Fatima Barkaoui, sage-femme responsable de la formation à l’hôpital mère enfant à Meknès et dans toute la province. En plus de gérer un nombre considérable de patientes, elle doit les accompagner lorsqu’un report leur est annoncé.
A Assa, chef-lieu de la province d’Assa-Zag, j’ai été agréablement surpris par les moyens mis à la disposition de l’hôpital. Mais comment pourrions-nous motiver des médecins, des sages-femmes et des infirmiers pour y travailler avec enthousiasme, sachant qu’ils ne sont pas du tout habitués à un climat difficile ?
En 2012, Khadija a décidé de créer une association pour venir en aide aux handicapés dans sa région. C’est là qu’elle a rencontré des mamans analphabètes et perdues, des familles déchirées et des souffrances sans fin. Toutes ces femmes ont accouché dans des structures de santé publique avec des récits différents mais qui se recoupent bien.
Il existe une guerre commerciale sans merci des laboratoires contre le nouveau-né et son bien-être. En l'absence de garde-fous et de sanctions, les artifices qui incitent les professionnels véreux, cupides ou simplement inconscients à prescrire à outrance le lait artificiel sont d’une agressivité inimaginable.