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Maroc - Football : Rien ne va plus dans la tanière des Lions

La défaite sur le score de 3 buts à 1 face au Gabon le week-end dernier a révélé une fois de plus les lacunes des Lions de l’Atlas et les maux du football national. A qui incombe la faute de cette descente aux enfers du sport roi et l’humiliation subie à Libreville ? Aux joueurs ? À l’encadrement technique ou à la Fédération royale marocaine de football (FRMF) ? Ou encore l’ensemble de tous ces acteurs du football national ? Plusieurs questions demeurent encore sans réponse concrètes, mais après la rencontre, il y eut de nombreuses déclarations, aussi bien de la part des joueurs que de la part de l’entraîneur.

La première question qui nous taraude l’esprit, est comment expliquer les prestations du Maroc dans les éliminatoires combinées CAN-Mondial 2010 avec des joueurs de classe connus dans les grands championnats européens ? En cinq sorties, les Lions de l’Atlas ont encaissé 6 buts et en ont marqué 3 seulement. Des critiques acerbes ont visé l’encadrement technique et la FRMF après le match contre les Panthères gabonaises. « D'aucuns sont allés jusqu'à demander aux membres fédéraux des excuses au … peuple ! », a rapporté le quotidien Le Matin.

Dans des déclarations d’après match, recueillies par l’envoyé spécial de la MAP à Libreville, les joueurs eux-mêmes ne comprennent pas ce qui leur est arrivé au Gabon. « Nous avons fait de notre mieux mais c'était vraiment plus fort que nous » a expliqué le défenseur Mehdi Benatia. Quant à Adel Taarabt, auteur de l'unique but marocain, il a reconnu que « rien ne leur a réussi ». Le sélectionneur ne se blâme pas lui-même, au contraire, Hassan Moumen a exprimé son mécontentement vis-à-vis de certains joueurs. « C'est une grande déception ! Nous comptions beaucoup sur cette rencontre pour à la fois défendre nos chances et rester en course pour les deux grands rendez-vous footballistiques en 2010 (CAN et Mondial), mais j'étais malheureusement surpris par le rendement de l'équipe nationale », a-t-il dit.

Hassan Moumen a continué en affirmant que « les joueurs censés apporter une valeur ajoutée au groupe ont été en deçà de mes attentes et les autres erraient sur l'aire de jeu, perturbés et manquant de concentration ». Il était et est jusqu’à nouvel ordre le commandant de l’équipage des Lions. Il est le décideur et responsable des choix tactiques. Alors de qui parlait-t-il en invoquant des « joueurs censés apporter une valeur ajoutée » à l’équipe ? On ne saurait le dire. Certains de ses choix tactiques ont été contestés. Dernièrement, il a préféré un autre joueur comme titulaire à Youssef Hadji, meilleur buteur dans son club (4 buts en 5 matches). C’est ce qui explique d’ailleurs l’absence de ce dernier sur la pelouse à Libreville.

Moustapha Hadji a expliqué au quotidien régional « L'Est Républicain » les raisons qui ont poussé son frère cadet à s’exclure le vendredi de la sélection. « J'ai accompagné la sélection. Pendant la semaine, le sélectionneur Hassan Moumen a expliqué à Youssef qu'il était l'un des cadres de l'équipe, qu'il comptait beaucoup sur lui, après être venu le voir à Nancy contre Sochaux. Mais vendredi, la veille du match, il lui a annoncé qu'il ne serait pas titulaire en invoquant un choix tactique. Youssef n'a pas compris (...) c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Il a pris ça comme une trahison. Et dans ces conditions, il a préféré s'exclure du groupe. Il est parti et il a regardé le match dans les tribunes à côté de moi le samedi », a confié le Ballon d'Or Africain 1998.

On ne peut faire endosser cette défaite à l’absence de Youssef. Mais une chose est sûre et Hassan Moumen l’a admis lui-même, ce sont des faiblesses – dont tout le monde parlait tout bas – de l’équipe qui ont été mises au grand jour. « Cette rencontre a mis à nue les faiblesses de l'équipe nationale. C'est inexplicable mais je pense que c'est une nouvelle équipe qu'il faut mettre en place ».

Depuis la finale perdue de la CAN 2004, le Maroc n’a pas réussi à aligner une équipe stable. Ce problème a été évoqué par Jaouad Zaïri. Pour lui, interrogé par la radio RMC, si le pays est tombé si bas, c’est parce qu’ils (joueurs) ont « mal débuté et c’est devenu difficile de revenir ». Le malaise est si profond que le sociétaire de l’Olymoiakos a cité l’exemple algérien. « Peut-être existe-t-il un manque de motivation au niveau des joueurs. On a pas mal changé d’entraîneur et le groupe a beaucoup évolué. Ce manque de stabilité a beaucoup pesé. On mérite ce qui nous arrive. C’est la faute de tout le monde. Il faut désormais mettre un système stable en place, qui permette de trouver un groupe avec des affinités, comme ce que fait l’Algérie en ce moment », a estimé l’ancien joueur de Sochaux.

Un appel est donc lancé pour la renaissance du football national. L’Afrique du Sud étant désormais loin, pour aller en Angola en janvier prochain, le Maroc devra battre le Cameroun lors de la dernière journée (14 novembre) tout en espérant un faux pas du Togo qui accueillera le Gabon.

Ibrahima Koné
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