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La Marseillaise sifflée : entre indignation légitime et manipulation politique

Le symbole de la République a été insulté lors du match amical France-Tunisie, et c'est toute la classe politique qui s'en retrouve indignée. Les réactions et condamnations fusent de toutes part en un temps record. A croire que, comme certains supporters, les politiciens cherchaient eux aussi leur petit prétexte pour pouvoir se défouler.

Quoi qu'il en soit, et quelque soit le pays concerné, huer le symbole national apparaît légitimement comme méprisable. Soit, mais les réactions officielles et mesures expéditives qui s'en sont suivies laissent pantois. A commencer par le plus sportif d'entre eux, Bernard Laporte, secrétaire d'Etat chargé des Sports, qui recommande que les matchs contre les pays du Maghreb ne doivent plus se jouer au stade de France, mais « en province ou chez eux ». Et son patron, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, de la jeunesse et des sports, de surenchérir en quémandant la suspension pure et simple du match si des sifflements sont émis, mais aussi la suspension des matchs amicaux avec le pays concerné, « pour une durée indéterminée ». Pour finir, elle conseille aux ministres présents lors du match de quitter le stade. Un conseil sur lequel rebondira Jacques Myard, député UMP des Yvelines ; « c'est aux petits merdeux de quitter le stade, pas aux ministres ». Qu'en penserez les 80.000 supporters, dont certains font le chemin depuis d'autres régions voire d'autres pays, et les forces de l'ordre chargées d'évacuer le stade ?

De telles réactions se rattachent à des personnes qui « ne connaissent rien au sport », confie Saïd Belkhayat, Directeur de la communication de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), et vice-président du Maghreb association sportive de Fès (MAS). « Il existe plusieurs moyens de mettre fin à ces dérives. Il faut expliquer, sensibiliser. On n'organise pas un match pour l'annuler. Des gens ont payé cher le billet et ont parcouru allez savoir combien de kilomètres pour y assister», affirme-t-il.

Dès le lendemain des incidents, Michelle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, demande l'ouverture d'une enquête et la saisie du Procureur de la République de Seine Saint-Denis pour « outrage à l'hymne national ». On cherche l'utilité de l'action. « Je condamne bien évidemment ces agissements, mais les réactions sont exagérées », explique Saïd Belkhayat. D'autant plus que, à l'écoute de ces même réactions et la portée médiatique qui s'en est suivie, on ne peut s'empêcher de percevoir une sorte d'acharnement. Certes, le même incident s'est produit lors des rencontres avec le Maroc et l'Algérie. Mais la France semble prendre la chose avec plus de philosophie quand son hymne se fait huer en Italie, en Israël voire même en territoire français en Corse.

Sans pour autant vouloir créer une quelconque et absurde polémique, certains « français de papier », comme les appelle Jean-Marie Le Pen, doivent se poser la question. Saïd Belkhayat a lui aussi sa vision des choses : « Cet incident est un bon prétexte, qui tombe à pic, pour détourner le regard des citoyens sur les problèmes que connaissent leur pays, notamment au regard de la crise financière ». C'est possible, sauf qu'à l'heure actuelle, la spirale de la haine semble déjà enclenchée. Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes, intime les siffleurs de « faire leur valise pour réintégrer le pays de leurs origines ». Pas très sport comme réaction.

Reportage au JT de France 3 sur cet emballement politique



Nezha Maachi
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