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Guinée-Maroc : Baddou Zaki lève l'ambiguïté

A quelques jours de la rencontre qui opposera la Guinée au Maroc pour le double compte des qualifs Coupe du monde-Coupe d'Afrique, nous avons pris contact avec le premier responsable, en l'occurrence le sélectionneur national Baddou Zaki, pour éclaircir nombre de points que ce dernier aimerait porter à la connaissance du grand public. Ce dernier s'est prêté, comme à l'accoutumée, avec beaucoup de professionnalisme, à nos questions.

La première impression qui se dégage de l'entraîneur national est la sérénité qui le caractérise quelle que soit la situation. La force de caractère qu'il s'est forgé, lui-même, lui permet, désormais, d'analyser avec un calme déroutant n'importe quelle situation.

«Je suis profondément déçu que la presse puisse, dans ses différents commentaires, traiter notre situation actuelle dans notre groupe de «critique ». Mais comment peut-on émettre pareil jugement alors que, mathématiquement, nous gardons toutes nos chances. Il reste six rencontres, 18 points à prendre. Ce n'est pas parce que nous avons trébuché devant la Tunisie que c'en est fini de nous ! Loin s'en faut ! Toutes les rencontres Maroc-Tunisie revêtent un caractère particulier. A chaque match, les deux équipes se neutralisent. Revoyez l'histoire des rencontres des deux sélections et vous verrez ! et si l'on nous dit que nous nous trouvons dans une situation critique que dirait-on de la Tunisie qui se trouve derrière nous ? Allons ! Si je gagne, Inchallah en Guinée, je serai premier. Les Guinéens peuvent également gagner au Maroc.

Le Football c'est ça ! Qui prévoyait notre inoubliable itinéraire en Coupe d'Afrique ? Nul ne donnait cher de notre peau. Mais ces jeunes joueurs se sont montrés dignes de la confiance que l'on a placé en eux. Avant de partir en Coupe d'Afrique, des commentaires ironiques et douloureux nous ont accompagnés jusqu'en Tunisie. «D'où est-ce que Zaki a amené ces joueurs ? pourquoi n'a-t-il pas sélectionné les joueurs locaux ? etc, etc. » lorsqu'ils sont arrivés en finale, beaucoup se sont alignés sur l'avis du peuple en délire qui nous accueillis. Mais la rancœur des haineux attendait, enfouie au plus profond d'eux- mêmes attendant l'occasion de faire surface. Contre la Tunisie, ils ont trouvé l'occasion de laisser émerger leurs vieux sentiments. Mais ils ont oublié que si nous avions concrétisé les occasions ratées par Ouaddou et Zaïri, notre adversaire aurait été submergé de buts. Nous avons attaqué par les ailes, par le milieu, par les aires, mais nous fûmes incapables de concrétiser. Cela arrive !

Je me qualifierai, inchallah en Coupe du monde car c'est mon objectif principal. Tu te souviens de ce que je t'ai affirmé avant notre départ en Tunisie. Et tout ce que je t'ai dit s'est réalisé. Ce sera pareil en ce qui notre qualification en Coupe du monde 2006.

Vous savez, tous les entraîneurs du monde sont soumis à la critique. Je ne fais pas exception. La différence entre les entraîneurs c'est la force de caractère. Certains l'ont acquise, d'autres non ! Ce qui est arrivé à Abédi Pelé au Ghana est très édifiant. On le considère comme un mythe. Lorsqu'il est devenu entraîneur, il a été soumis aux feu nourri des critiques. Il est, donc, parti au Bénin où un accueil très chaleureux lui a été réservé. Comme quoi il faut commencer par le bas, faire ses preuves. Je suis passé par l'entraînement des clubs nationaux (Chabab de Mohammadia, MAS, FUS, WAC, KACM) et là j'ai appris ce que veut dire les critiques, le dénigrement gratuit et là je me suis forgé une carapace en mesure de me permettre de garder mon calme dans les situations les plus délicates.

Personnellement, je suis parvenu à changer cette image qu'on avait de moi en tant que légende de football ( le terme qu'on utilise pour qualifier un footballeur de légende). Dorénavant, on parle de moi en tant que cadre, qu'entraîneur étant entré dans la légende grâce à un itinéraire fabuleux jamais accompli par un entraîneur national ! En ce qui concerne les critiques formulées contre moi en ce qui concerne le choix de tel ou tel joueur. Je réponds que je ne prendrais que celui qui entre dans ma conception de jeu. Peut-être que j'ai tort mais je reste le seul responsable et j'assume ! l'exemple du célèbre joueur brésilien, Rivaldo, le joueur qui était alors le mieux payé du monde a fait banquette toute une saison à l'AC Milan. C'était le choix de l'entraîneur Ancelotti. Ce dernier est devenu champion d'Europe sans Rivaldo. Tout autre entraîneur aurait fait jouer Rivaldo les yeux fermés. Mais l'entraîneur italien avait sa conception du jeu et le célèbre joueur brésilien n'y était pas ! c'est ainsi. Chacun assume les conséquences de ses choix.»

Mohamed Mellouk
Source : Le Matin

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