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Lahcen Ahansal,le renard du désert

Depuis huit ans, il n'en démord pas notre Lahcen National. L'aîné des Ahansal ne fait qu'engranger les victoires. Depuis huit ans, il n'a pas encore trouvé d'adversaires à sa taille. Le Marathon des sables via son géniteur Patrick Bauer ; un homme qui a imaginé un tracé diabolique et des conditions de jogger des plus insurmontables.

C'est au sud-est de Ouarzazate, aux portes du désert que se trouvent six mille concurrents (depuis deux décennies) venus des quatre coins du monde. Des concurrents que salue Patrick Bauer pour leur courage et qui foulent de leurs pieds le somptueux Sahara marocain. De 16 à 78, ils « ont mêlé leurs joies et leurs souffrances avec courage, confiance et enthousiasme et qui ont donné vie et pérennité à cette belle épreuve.» dira d'eux le directeur de course, Bauer.

Une épreuve qui met les nerfs des participants à fleur de peau. Sur 230 à kilomètres (équivalent de 6 marathons), ils vont devoir, soit composer, soit vaincre la fatigue, la soif, les courbatures, les ampoules, les vents de sables. Ils seront lâchés dans le désert, sept jours durant en quasi autonomie alimentaire. Sur le terrain, les concurrents s'élancent chaque jour avec un équipement dont le poids total est compris entre 5 et 15 kilos !!

Or on dit de ce marathon des sables que c'est la course la plus dure du monde une semaine et sept étapes dans une autonomie presque totale. Certains y voient un défi. Cette course mythique est constituée d'étape de longueur variable; elle doit être courue dans un temps minimum de 12 heures pour les étapes -marathons (environs 4 km) et 34 heures pour la double étape de 80 km ; des temps qui permettent à la plupart de marathoniens d'alterner la course et la marche. Les femmes qui ne sont pas en reste, rivalisent en endurance et en performance.

Le Français Patrick Bauer, concepteur de ce projet et ex-photographe supporté par Atlantide Organisation international, est soucieux de préserver le désert de la Pollution que les compétitions internationales lui « apportent »; non seulement les déchets de bivouac sont jetés dans un camion incinérateur, mais tous les concurrents qui auraient la mauvaise idée d'oublier leur bouteille sont pénalisés d'abord par 30 mn, dans la 2e bouteille,une heure, puis si on oublie la 3e bouteille, c'est l'élimination et la perte de la caution. Un sac à dos peut peser
assez lourd si l'on compte ce qu'il y a dedans : de la nourriture, sac de couchage, sifflet, couteau, pharmacie, balise de détresse.

Pas de vêtement de rechange, il faut être le plus léger possible. Il faut acheter une paire de chaussure, deux pointures trop grandes, car le pied gonfle, il faut laisser la place pour d'éventuels pansements, trouver un truc pour empêcher le sable d'entrer dans les chaussures, pour d'une part ne pas perdre du temps à l'enlever et surtout éviter les cloques ! Il faut faire attention à bien s'hydrater. Plus d'un joggeur a dû être placé sous perfusion, une fois arrivé au camp. La vue de ce dernier ne met pas fin à l'effort. Car sur un terrain très dégagé, le camp apparaît à …7 ou 8 kilomètres de distance !! Encore courir 30 à 40 minutes !!! Certains concurrents, comme le Belge Richard Meganck, se souviennent : «Quand on arrive au camp, c'est parfois comme des zombies. Mais on doit encore faire notre repas nous-mêmes ! »

Plus on dénombre les difficultés de cette course « folie pure », plus on met en relief la grandeur du coureur marocain Lahcen Ahansal. Toutes ces difficultés, il les a vécues comme tous les concurrents; mais ce qu'il a réussi à surmonter, c'est l'handicap du matériel, il a su sélectionner et équilibrer sa nourriture. il a pris sa part des protéines, des lipides, des glucides, choisi sa tenue vestimentaire, marché la tête haute, comme il est conseillé, il s'est entraîné toute l'année en vue de cette dure épreuve car les pieds, moteurs du corps, doivent être soigneusement préparés pour le Marathon des sables.

A toutes ces difficultés, s'ajoute une adversité des plus acharnées. Si les concurrents viennent chaque année prendre part à une course unique, c'est également pour voir ou se mesurer à celui qui remporte sa 8e victoire d'affilée. C'est ce longiligne qui a su dompter le désert dans toutes ses proportions via un marathon qui « concocte » chaque édition un tracé et des passages éreintants qui arrivent à en démoraliser plus d'un ! Huit victoire d'affilées ! Il faut le faire ! Seul le frère, Mohamed, a su mettre un terme (momentané) à cette série ininterrompue de victoires.

Mais ça ne fut là qu'une joie de courte durée pour Mohamed puisque Lahcen, le magnifique, va reprendre sa suprématie et sa mainmise sur le Marathon des sables. L'édition 2005 n'a pas échappé à l'emprise du descendant de la Zaouiat Ahansal.

Mohamed Mellouk
Source : Le Matin

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