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Mohamed Benjelloun : Un match de football pour la paix

Relais au Maghreb de l’Année du sport au service de la paix, cet homme d’affaires d’origine marocaine établi en Suisse joue un rôle de passerelle entre l’Occident et l’Orient.

Il y a, derrière la silhouette robuste de ce gaillard de 1,92 m pour 98 kg, quelque chose comme un avis de tempête permanent. L'homme d'affaires maroco-suisse Mohamed Benjelloun, 41 ans, établi à Genève, ne cesse de parcourir le monde, de brasser des idées, de créer des rencontres d'affaires et des contacts humains « pour faire avancer les choses au Maghreb en particulier, et dans le monde arabe en général ».

Le 23 février, il recevait sur les bords du lac Léman une délégation libyenne. Objectif : faire accueillir par la Jamahiriya certaines activités des pays africains (rencontres sportives, colloques...) dans le cadre de l'« Année internationale du sport au service de la paix et du développement » (Aisep) décrétée par les Nations unies. Une façon de faire revenir Tripoli sur la scène internationale, après de longues années de sanctions.

À la tête de Général Orient S.A., une entreprise d'intermédiation basée à Genève et spécialisée dans la « facilitation » des investissements et recherches de partenaires des hommes d'affaires du Moyen-Orient en Europe et en Asie, Benjelloun est devenu une passerelle entre l'Europe et le monde arabe, entre l'Occident et l'Orient. Préoccupé par la tension actuelle entre ces deux régions, il organisait, le 2 avril 2004, quelques jours après les attentats perpétrés le 11 mars à Madrid par des ressortissants du Maroc, « un match de football pour la paix, la solidarité, et l'amitié entre les peuples » opposant les Marocains du Racing Club de Genève à l'équipe espagnole du CD Cerceda.

L'initiative, pleine de symboles, lui a valu les félicitations du président de la Fédération internationale de football association, Joseph Blatter, du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, de son homologue de l'Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, de l'ex-président de la Confédération helvétique et actuel conseiller spécial de Kofi Annan pour le sport au service de la paix et du développement, Adolf Ogi... Mais aussi les promesses de ces personnalités de soutenir ses projets dans le cadre de l'Aisep. Parmi ses chantiers, deux films en cours de réalisation. Le premier, en anglais, immortalise les actions menées cette année pour mettre les valeurs du sport au service de la paix et du développement. Le deuxième, en arabe, a pour ambition d'inculquer aux jeunes du Maghreb et du Moyen-Orient des valeurs véhiculées par le sport, comme le culte de l'effort, la tolérance et la rencontre de l'autre.

Porté à anticiper sur les événements, ce passionné de géopolitique a aujourd'hui une conviction : « Le développement des pays de l'Asie du Sud-Est doit servir de modèle pour les pays arabes. Je crois aux chances de succès d'un triangle Afrique-Asie-monde arabe. » Comme pour concrétiser cette vision, Général Orient a gracieusement coaché un projet d'exploitation du gaz qatari par une entreprise italienne tournée vers l'exportation sur Hongkong. Titulaire du « Palais de pureté céleste », une distinction que la Chine décerne à des personnalités triées sur le volet (tel l'ex-président américain Bill Clinton), Mohamed Benjelloun a également « facilité » l'ouverture du marché de l'huile chinois au premier groupe pétrolier saoudien, Aramco.

Ce fils d'une répétitrice au lycée Moulay-Souleymane de Fès, orphelin de père à 9 ans, installé en Suisse depuis 1985 (après une escale d'une année en France où il était arrivé avec 1 000 dirhams - 870 francs français de l'époque - en poche), connaît un destin singulier. Avant de se lancer dans la facilitation d'affaires, en 1993, il avait d'abord travaillé dans l'industrie. Il vit aujourd'hui confortablement dans une maison du canton de Vaud, à 30 km de Genève. Ce mécène - il pourvoit notamment la population du Darfour en équipements sportifs et sanitaires - est marié à la Suissesse Marie-Claire Curty, rebaptisée Meryem après sa conversion à l'islam, avec laquelle il a eu trois garçons : Ismaïl, Hakim et Nabil. « Je suis reconnaissant envers la Suisse qui a ouvert ses portes et ses opportunités à l'Arabe que je suis », ne cesse-t-il de répéter.

CHEIKH YÉRIM SECK
Source : Jeune Afrique

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