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Eau: Projections alarmistes pour le Maroc

«Le Maroc aura à construire 50 barrages d’ici 2025 et un millier de petites retenues avant 2050». La déclaration est d’Abdelkbir Zahoud, secrétaire d’Etat chargé de l’Eau. Elle en dit long sur les besoins présents et futurs du pays en ressources hydriques.

Le potentiel des ressources en eau par habitant ne cesse de diminuer, passant de 2.500 m3 par habitant et par an en 1980 à 1.000 aujourd’hui. Même avec 113 barrages, œuvre de Feu Hassan II et dont 50 sont à mettre à l’actif des compétences nationales, «le Maroc est à la limite du stress hydrique», a affirmé Zahoud lors de la séance d’ouverture de l’atelier «conceptions et gestion durable des barrages en Méditerranée», organisé à Rabat les 21 et 22 novembre par son département et l’Institut méditerranéen de l’eau (IME).

D’après le responsable, la capacité de stockage des grands barrages est certes passée de 1,8 milliard de m3 au lendemain de l’Indépendance à 16 milliards aujourd’hui. Mais cet effort est doublé d’un autre, celui du recours massif à l’eau pour les besoins de développement économique et social. L’utilisation traditionnelle de l’eau, entre 70 et 80% pour l’agriculture, est de plus en plus soumise à la pression des autres emplois (industrie, usage domestique). L’accès à l’eau potable en milieu urbain va crescendo. La population urbaine desservie est passée de 1,8 million en 1956 à environ 16 millions et demi en 2005. Le taux de branchements individuels a, quant à lui, presque doublé, augmentant de 46 à 90% sur la même période. Dans le milieu rural, plus de 1,4 million d’hectares sont irrigués. Le taux d’accès à l’eau potable dans les zones rurales, de 5% en 1956, est passé à 61% à fin 2004. «Les localités desservies sont au nombre de 16.550. A fin 2005, ce taux atteindra 70%», a ajouté le secrétaire d’Etat. Cette utilisation massive des ressources en eau fait appel à davantage d’efforts pour la préserver. L’objectif de la rencontre, selon les organisateurs, est justement «de jeter les bases pour concevoir des barrages économiquement viables, socialement équitables et écologiquement durables». L’importance économique et sociale des barrages y a été soulignée. Les ouvrages construits dans le monde sont au nombre de 45.000.


La Méditerranée sous pression


La préservation des ressources en eau est impérative en Méditerranée. Ressource rare et fragile, elle est aussi très inégalement répartie. Les deux tiers des ressources en eau sont concentrées sur 1/5 du bassin méditerranéen. La région connaît également une alternance entre sécheresses et inondations. La rive Nord de la Méditerranée compte l’une des plus grandes densités de barrages au monde. Pour assurer la régularisation des eaux superficielles et leur maîtrise, les pays de cette région ont, depuis longtemps, engagé des politiques de construction de barrages. L’ensemble des sites potentiels ont été aménagés. Les pays de la rive Sud continuent en revanche de souffrir de la faiblesse de leur capacité de stockage. La population pauvre en eau des pays du sud et de l’est de la Méditerranée (moins de 1.000 m3/habitant/an) s’élève à environ 108 millions d’habitants. Plus de 28 millions d’entre eux sont en dessous du seuil de la pénurie (moins de 500 m3/hab/an).

Tarik QATTAB
Source : L'Economiste

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