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Rapatriements, à la mode marocaine

Le dos au mur. Le Maroc, sommé par Madrid d'endiguer le flot des candidats à l'émigration vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et accusé de mauvais traitements à leur égard, a commencé lundi à rapatrier des clandestins au Sénégal et au Mali.

Les images des mauvais traitements infligés à des candidats réfugiés subsahariens, attachés dans des bus puis déposés en zone désertique, ont violemment heurté les opinions publiques européennes ces derniers jours. Et, alors que le point n'a pas été porté officiellement à l'ordre du jour de la réunion des ministres européens de l'Intérieur ce mercredi à Luxembourg, l'apathie des autorités européennes pose question. «Nous avons déjà renvoyé ce matin par avion 140 immigrants clandestins chez eux, au Sénégal, et nous préparons un vol avec 140 autres passagers (qui partira) d'Oujda, également vers le Sénégal», a expliqué à l'agence Reuters un représentant des autorités marocaines qui a requis l'anonymat.

Au total, 365 Sénégalais seront rapatriés d'ici mercredi et 600 Maliens seront également acheminés par avion vers leur pays d'origine. Rabat assumera seul le coût de l'opération.


«Conditions dignes»

Oujda, à 540 km à l'est de Rabat, est l'un des points d'entrée des clandestins qui transitent par l'Algérie. Selon les organisations de défense des droits de l'homme, les étrangers rapatriés appartiennent à un groupe de 1500 personnes originaires d'Afrique subsaharienne abandonnées la semaine dernière dans le désert. Ils ont été ensuite rassemblés dans des camps dans la région de Feguig, dans le sud du Maroc. La plupart d'entre eux ont été acheminés à Oujda par autocar, à compter de dimanche soir. Quelques-uns ont quitté Bouarfa lundi matin. Mais cent cinquante se trouvent encore dans l'un des deux camps de la ville, selon Kabouri Seddik, responsable de l'Association marocaine des droits de l'homme.

A Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne, Friso Roscam Abbing, a enjoint, lundi, «à la patience» arguant que le commissaire responsable Franco Frattini devait attendre «un debriefing de la mission technique (cinq experts de la Commission, NdlR) envoyée à Madrid, dans les enclaves de Ceuta et de Melilla, ainsi qu'à Rabat». Pas question, a ajouté M.Roscam Abbing, qu' «une prise de position politique ne vienne compliquer la tâche de la délégation européenne». La porte-parole du président Barroso, Françoise Le Bail, a néanmoins souligné que «les rapatriements devaient s'effectuer dans des conditions dignes et humaines». Et, a-t-elle ajouté, «si (les images de ces rapatriements) se confirment, cela ne correspond pas à une situation digne et humaine». Rappel: la Commission fournit chaque année quelque 48 pc de l'aide allouée à Rabat au titre de l'Aide au développement. De quoi se faire entendre, si l'on se donne la peine de formuler un message...

Source : La Libre Belgique

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