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Pays-Bas : qui a peur de l’intégration ?

L’apprentissage de la langue néerlandaise est désormais une condition sine qua non pour les immigrés, notamment les Marocains, désirant vivre aux Pays-Bas. Protestation massive des intéressés contre cette mesure.

La nouvelle politique d’immigration adoptée par le gouvernement néerlandais a suscité une indignation profonde et une protestation massive de plusieurs associations. En effet, le Dam, la grande place du centre de la capitale Amsterdam était samedi dernier le théâtre d’une grande manifestation. Selon des sources policières, quelque 2000 personnes ont manifesté à l’appel d’un collectif baptisé «Trop, c’est trop». Ce dernier comprend pas moins d’une trentaine d’associations musulmanes, marocaines et turques, ainsi que les partis de gauche du pays.

La foule en colère vire au rouge, en brandissant des pancartes et en criant des slogans «Verdonk, ministre de la déportation et de la provocation», «l’Islam n’est pas l’ennemi, la haine n’est pas la solution». Les manifestants tenaient à exprimer leur opposition à la politique de restriction et de fermeté en matière d’immigration menée par la ministre à l’Intégration et à l’Immigration, Rita Verdonk. Après avoir annoncé l’expulsion de 26000 demandeurs d’asile déboutés, Rita Verdonk a mis récemment en place une série de tests d’intégration, obligeant les étrangers, notamment les Marocains, désirant vivre dans les Pays-Bas à apprendre la langue et la culture néerlandaises. Les immigrés devront ainsi se soumettre à des examens payants.

Cette nouvelle décision, qui a été avalisée la semaine dernière par le gouvernement, vise plus d’un million de personnes. Ces «examens de citoyenneté» devraient être adoptés prochainement par le Parlement. Ce qui a attisé les tensions inter-communautaires, déjà ravivées suite au meurtre du cinéaste Theo van Gogh, perpétré par un jeune islamiste néerlandais-marocain et qui a été condamné en juillet dernier à la prison à vie. La ministre entend également supprimer la double nationalité dont bénéficient les Turcs et les Marocains, les deux plus fortes communautés d’immigrés aux Pays-Bas. En termes de chiffres, près de 6% des quelque 16 millions d'habitants sont des musulmans de première, deuxième ou troisième générations d'immigrés. Rappelons que Rita Verdonk a effectué une visite au Maroc, il y a quelques mois, pour discuter de la problématique de la suppression de la double nationalité.

Les deux gouvernements ne sont pas arrivés à trouver un accord sur cette question délicate. Le Royaume a toujours exprimé son souhait de maintenir la nationalité marocaine automatique pour tous les immigrés dont les parents sont d'origine marocaine. Alors que les Pays-Bas voudraient que les immigrés marocains de la 3ème génération n'aient plus dorénavant qu'une seule nationalité, néerlandaise ou marocaine, afin de faciliter les procédures administratives et judiciaires, selon certains responsables néerlandais. Par ailleurs, le collectif des associations a mis en garde contre le caractère discriminatoire de ces nouvelles mesures. Dans son manifeste, il réclame égalité et liberté avec le mot d’ordre «des Pays-Bas où chacun puisse vivre en paix».

Khadija Skalli
Source : Aujourd'hui le Maroc

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