Casablanca: Trois associations quittent Maillage

A en croire les présidents des associations qui ont claqué la porte, “les autres associations vont certainement suivre. Ce n’est qu’une question de temps. Plus personne ne peut supporter davantage les agissements du président du réseau Ahmed Ghayat”. Ce dernier affirme “ne pas être au courant de ce retrait”. “De toutes les façons, le réseau n’est pas une prison. Tout le monde peut y entrer comme il peut en sortir librement”, dit-il.

Autres raisons au retrait: “le réseau Maillage succombe à l’usure du temps. Il n’a pas su se développer ni mettre en place des actions à même d’améliorer la situation des jeunes des quartiers défavorisés”, explique Karim Daoudi, président de l’association Jeunes sans frontières.

Les jeunes adhérents au réseau Maillage ne manquent pas de soulever un autre obstacle qui ternit leur image. “Les associations du réseau colportent l’image d’être au service du makhzen”, selon un jeune adhérent de l’Association Jeunes sans frontières.

Le communiqué commun des trois associations met en avant “l’absence de sérieux dans l’action du réseau et la mauvaise gestion”. “Nous sommes livrés à nous-mêmes. Pas de matériel du travail. Nous n’avons rien. On fait avec les moyens du bord”.

L’absence d’une hiérarchie claire et le flou qui entoure les finances du réseau sont les autres maux que certaines associations pointent du doigt. “Cela fait quatre ans que le réseau Maillage existe et nous ne cessons d’exiger pour toutes les associations adhérentes, le règlement intérieur du réseau, mais en vain”, confie Daoudi. Et Ikram Najib, président de l’Association Aujourd’hui la jeunesse d’ajouter: “le réseau n’est pas structuré. Il y a un amalgame de responsabilités. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne connaît le secrétaire général, ni le trésorier, ni les vices-présidents. Est-ce Ahmed Ghayat qui fait tout?” s’interroge-t-il. Par ailleurs, les associations soulignent que “le président du réseau prend seul toutes les décisions sans partage et de façon unilatérale”.

L’autre goutte qui a fait déborder le vase est ce que les associations appellent “l’absence de formation et d’encadrement pour les jeunes”. Selon Youness Naoumi, président de l’Association Action Jeunesse, “depuis sa création, le réseau Maillage n’a organisé aucun séminaire, ni aucune séance d’encadrement pour les jeunes. Comment prétendre alors améliorer leur situation?” se demande-t-il. Pour les présidents des trois associations, le réseau ne fait qu’exploiter l’image de jeunes défavorisés et en fait son fonds de commerce.

Et de dire sur un ton ironique: “Ce que fait Maillage, c’est de rassembler les jeunes pour saluer le wali et les gouverneurs lors des cérémonies officielles”. “Ce n’est pas ça le travail associatif. Nous voulons des projets concrets à même de sortir les jeunes de la pauvreté”, s’accordent à dire les trois présidents.


Union des jeunes leaders

Les jeunes qui ont quitté le réseau Maillage sont en train de mettre au point un projet ambitieux: “l’union des associations des jeunes leaders”.

Ils veulent ainsi regrouper les associations de jeunes sous une même bannière. Objectif: participer à l’INDH. “Cette initiative nous donne l’occasion de faire des choses concrètes en faveur des jeunes des quartiers pauvres”, disent-ils.

Ali JAFRY
Source : L'Economiste