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Recommandations de la société civile pour créer un Maghreb plus uni

Vu de loin, l’Algérie, le Maroc, et la Tunisie semblent former un bloc uniforme et intégré de pays. C’est toutefois loin d’être le cas. L’intégration régionale, proposée dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe (UMA), n’a pas été à la hauteur des anticipations. Le commerce au sein de la région du Maghreb ne représente que 1,2 pour cent seulement de l’ensemble du commerce extérieur, soit le niveau le plus bas d’échanges intra-régionaux du monde entier. Alors que de nombreuses régions dans le monde ont été davantage intégrées, le Maghreb est demeuré résolument fermé au commerce intra-régional trans-frontalier. En outre, les échanges entre les hommes d’affaires et les femmes, la société civile et le monde académique sont extrêmement limités au Maghreb alors qu’ils sont actifs entre chacun des pays et l’Europe.

La Table ronde du Maghreb de mai 2005, organisée conjointement par la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, a joué un rôle clé pour impulser un renouveau d’intérêt à l’intégration régionale et la mise en oeuvre des réformes essentielles au Maghreb. La Table ronde a adopté une approche innovante reposant pratiquement exclusivement sur l’apport et les contributions de participants de la société civile et de praticiens venant de l’Algérie, du Maroc, et de la Tunisie. Plus de 250 membres de la société civile, du secteur privé, du monde académique et, dans une moindre mesure, du gouvernement, se sont réunis pour dégager une vision commune de l’avenir des pays du Maghreb. La Banque mondiale n’a assumé qu’un rôle de médiateur, laissant le contrôle de l’ordre du jour et des présentations aux participants. L’Economiste en chef de la région MENA, Mustapha Nabli, a commenté sur l’évènement et déclaré « qu’il s’est agit d’un débat ouvert où chacun a pu s’exprimer librement ». A plus d’un point de vue, la Table ronde a été une occasion unique pour la société civile d’influencer le changement.

Quatre groupes thématiques ont été constitués en préparation à la Table ronde. Prenant comme référence les rapports régionaux MENA de la Banque mondiale sur l’emploi, la gouvernance, le commerce extérieur et le genre au Moyen-Orient, les groupes thématiques ont contextualisé les rapports à la situation du Maghreb. Les groupes ont présenté leur analyse des enjeux clefs, lancé un débat vivant et hautement participatif entre les participants, et dégagé des recommandations basées sur la convergence des points de vue de l’ensemble des participants. Le format a permis l’appropriation du contenu des rapports de la Banque mondiale car ceux-ci ont été examinés dans le détail et intensément débattus au cours des deux journées. Le débat de très haut niveau a stimulé un regain d’enthousiasme pour l’intégration régionale et les échanges. Un participant a souligné que la Table ronde resterait dans les mémoires et qu’il serait souvent fait référence, dans les années à venir, à « l’esprit de Tunis » -- un esprit d’optimisme renouvelé que l’union maghrébine devrait être possible et que celle-ci, jumelée à la mise en oeuvre de réformes clefs dans chacun des pays, déboucherait sur une croissance et une prospérité accrues. Par ailleurs, l’inclusion d’un certain nombre de journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision a été utile pour permettre à la presse de comprendre les enjeux, compréhension qu’elle sera en mesure de traduire dans ses reportages.

A la fin de la conférence, un plan d’action à trois niveaux a été présenté par les participants. Tout d’abord, ils se sont engagés à travailler de concert pour créer des réseaux régionaux, en continuation des groupes thématiques mis en place pour préparer la Table ronde, capables de poursuivre la réflexion et de soutenir les actions de réforme. Plusieurs personnes ont été désignées pour proposer des moyens de structurer un réseau maghrébin et elles sont réunies au début du mois de juillet à Tunis. Elles ont proposé la création du « Réseau intermaghrébin économies et sociétés » doté d’une mission et d’un mandat précis. Deuxièmement, les participants ont convenu de proposer et réaliser d’autres travaux analytiques dans des domaines clés tels que l’intégration régionale. Enfin, les participants à la Table ronde ont fait part de leur engagement à communiquer largement les résultats de la rencontre. Comme première étape dans la poursuite de cet objectif, la Banque mondiale a consacré un nouveau site Web à la Table ronde (www.worldbank.org/table-ronde-maghreb). La page principale du site donne accès à de nombreux documents essentiels tels que les recommandations des quatre groupes de travail. Le site Web servira de plate-forme interactive pour le réseau régional.

A tout point de vue, la Table ronde du Maghreb a été un succès. Mais la tâche ne fait que commencer. Comme l’a souligné Mustapha Nabli dans ses remarques de clôture, il incombe maintenant à chacun de « maintenir la flamme ainsi que le processus de pression sur les acteurs sociaux, politiques et économiques » lorsqu’ils rentrent dans leurs pays « en faisant le plaidoyer, en transmettant les idées de la Table ronde par les médias et en soutenant le changement, chacun à son niveau. ». Théodore Ahlers, Directeur du Département Maghreb, a souligné que « la Banque mondiale est prête à apporter son appui aux travaux du réseau maghrébin émergent et à faciliter la mise en oeuvre de réformes clés pouvant aboutir à une plus grande intégration régionale et prospérité ».

Source : Communiqué de pesse - Groupe Banque Mondiale

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