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L'islam selon Sarkozy ou Ramadan, «ça suffit»

Dounia Bouzar, anthropologue, renvoie dos à dos politiques, médias et islamistes.

Ça suffit ! de Dounia Bouzar, éditions Denoël, mai 2005, 125 pp., 10€.

Nicolas (Sarkozy, ndlr), Tariq (Ramadan, ndlr), les gaucho-laïcards, les islamistes en voie de laïcisation, les journalistes, tout le monde en prend pour son grade. Dounia Bouzar, anthropologue, ex-personnalité qualifiée au Conseil français du culte musulman (CFCM) dont elle a démissionné «avec fracas», comme elle ne manque jamais de le rappeler, occupe désormais, dans le paysage musulman français, la place de rouspéteuse en chef. Son dernier opus intitulé Ça suffit ! ne fait pas exception. Certes, l'ouvrage est brouillon, le propos pas toujours limpide, ce qui limite la lisibilité de sa pensée. Mais en ces temps où tout musulman est considéré comme un terroriste en puissance, ce coup de gueule pointe quelques vérités.

A Nicolas Sarkozy, Dounia Bouzar reproche de vouloir «contrôler les Français qui sont musulmans en confessionnalisant les problèmes sociaux». A Tariq Ramadan, d'asseoir son influence auprès des musulmans en se posant en maître du sens. «"L'islam, ce n'est pas comme papa fait, ce n'est pas comme maman fait", dit-il aux jeunes. Non, forcément, c'est comme Tariq fait.» Selon elle, Nicolas Sarkozy comme Tariq Ramadan cherchent à enfermer les populations issues de l'immigration dans la case religieuse. Et l'ensemble de la société française, journalistes compris, leur emboîte le pas. «Le discours politique et médiatique sacralise l'histoire musulmane, comme les discours fondamentalistes. Ils présentent tous un islam identitaire, un islam-système social, un islam-système global...», écrit-elle encore.

Cette collusion de fait piège les fidèles de l'islam : «La religion devient un mode d'emploi pour exister», analyse Dounia Bouzar. En dehors du saint texte, pas de salut, la soumission aux rites conditionne tous les aspects de la vie. Qu'aurait fait le prophète dans telle ou telle situation ? Aurait-il bu dans ce verre ? Regardé ce film ? Or, pour Dounia Bouzar, la pratique bien comprise de l'islam, c'est l'envers de cela.

Le croyant dispose d'une «grande marge» d'interprétation. «Dieu a parlé aux hommes du VIIe siècle avec un langage qu'ils comprenaient. Mais c'était une recommandation générale qu'Il exprimait alors. A chaque pays, à chaque époque, de trouver le moyen de réaliser au mieux cette recommandation (...). J'écoute le texte divin en fonction de ce que je suis, en fonction de ce que je vis», explique-t-elle. De cette liberté, certains fidèles sauront se saisir, d'autres se laissant au contraire manipuler par des imams plus ou moins radicaux.

Source: Libération

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