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Le secours tardif au Niger affamé

Après le déni d'urgence et la catastrophe silencieuse, l'amorce d'un réveil ? Frappé par une épidémie de malnutrition, le Niger commence à voir la communauté internationale sortir de sa torpeur. Timidement. Tardivement.

Après des mois d'indifférence, deux appels à l'aide de l'ONU, des cris d'alarme d'ONG comme MSF (lire ci-dessous), l'aide pointe son nez (Libération du 14 juin). Au compte-gouttes. Un avion affrété par Réunir, association montée par Bernard Kouchner, est arrivé hier à Maradi, dans le sud du pays, avec 18 tonnes de vivres. En même temps, le roi du Maroc, Mohammed VI, quittait Niamey après que son pays a acheminé 170 tonnes d'aide...

La situation est alarmante. La cellule de crise alimentaire gouvernementale du Niger affirme que plus de 1,6 million de personnes sont dans un état critique, dont 874 000 personnes dans une situation «extrêmement critique». Jusqu'à 150 000 enfants risquent de mourir, selon l'ONU. Toutes les régions sont touchées, prises dans un étau: une sécheresse chronique doublée d'une invasion de criquets. Une catastrophe naturelle à première vue seulement. Le drame est annoncé depuis un an (Libération du 28 juillet 2004).

Dès octobre, gouvernement et bailleurs de fonds rappelaient que 3,5 millions de personnes étaient menacées sur une population estimée à 12 millions. Dans la foulée, Niamey avait imploré 78 000 tonnes de céréales. Le Pam (programme alimentaire mondial) demandait 3,5 millions d'euros. Quatre mois après, il n'en avait que 10 %. En mai, le Pam réclame cette fois 13 millions. «Seuls 37 % ont été réunis», regrette Giancarlo Cirri, son représentant à Niamey.

Au début de l'urgence, 1 dollar par jour et par enfant aurait permis de sauver des vies. «Il en faut 80 aujourd'hui», a estimé mardi Jan Egeland, coordinateur de l'aide humanitaire de l'ONU, qui avait déjà dénoncé la «pingrerie» des pays riches après le tsunami. «Les gens sont désespérés», soulignait hier Cirri. Il appelait à «mettre fin aux épouvantables scènes d'enfants qui meurent lentement sous les yeux de leurs parents». Des scènes où les mères les nourrissent avec des feuilles d'arbre. Où les pères fouillent des termitières pour trouver des grains de mil.

Christian LOSSON
Source : Libération France

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